Automobile : malgré le retour aux bénéfices, l'équipementier français Forvia prévoit de supprimer 10.000 postes en Europe

L'équipementier automobile français a affiché une croissance de ses ventes et une amélioration de sa marge en 2023. Malgré ses bons résultats, le groupe a annoncé un plan appelé « EU-Forward » qui pourrait réduire ses effectifs en Europe de 10.000 personnes sur quatre ans pour contribuer à son désendettement.
L'industrie automobile fait face au défi de la transition vers la mobilité électrique.
L'industrie automobile fait face au défi de la transition vers la mobilité électrique. (Crédits : PHIL NOBLE)

[Article publié le lundi 19 février 2024 à 9h, mis à jour à 11h58]Les suppressions de postes se succèdent dans le monde des équipementiers automobile. Après Continental le 14 février dernier ou encore Bosch mi-janvier, c'est au tour de Forvia d'annoncer, ce lundi, qu'il va mettre en place un plan d'économies appelé « EU-Forward » qui doit atteindre 500 millions d'euros et qui pourrait réduire ses effectifs en Europe de 10.000 personnes d'ici 2028.

« Ça va concerner tous les sites mais pas de la même manière », a précisé le directeur financier de Forvia, Olivier Durand, lors d'une conférence de presse.

Le groupe, qui rassemble Faurecia, ex-filiale de Peugeot-Citroën, et l'Allemand Hella, justifie cette réduction d'effectif par une volonté d'augmenter sa « compétitivité » dans un marché automobile atone. Pour rappel, après le retrait de son actionnaire historique Stellantis (ex-PSA), Faurecia s'est mariée fin janvier 2022 avec l'allemand Hella sous le nom de Forvia. Cette acquisition lui a permis de réaliser des synergies et de changer d'échelle, le nouveau groupe s'affichant comme le 7e équipementier technologique automobile mondial. Forvia, revendique 157.000 salariés dans 43 pays et comptait 75.500 salariés en Europe fin 2023, notamment en France, en Allemagne, en Pologne, en Tchéquie et en Espagne.

L'annonce contraste avec les bons résultats financiers présentés aussi ce lundi. Sur l'ensemble de 2023, le groupe français, qui fournit des sièges, des planches de bord, de l'électronique, des phares, ou encore des systèmes d'échappement, est redevenu bénéficiaire à hauteur de 222 millions d'euros. Il a aussi annoncé des ventes en croissance organique de 14 % avec un chiffre d'affaires de 27,2 milliards d'euros et une amélioration de sa marge opérationnelle de 100 points de base, à 5,3 % de ses ventes. Pour 2024, le groupe vise un chiffre d'affaires compris entre 27,5 et 28,5 milliards d'euros.

Lire aussiAutomobile : après les résultats historiques, Renault et Stellantis s'inquiètent pour 2024

Un plan pour réduire l'endettement et redevenir compétitif

Mais Forvia reste endetté, a indiqué sa direction, précisant néanmoins que ses résultats 2023 restent en ligne avec son plan de désendettement... au prix d'une diminution d'effectif.

« On a eu une baisse du marché européen, et on ne voit pas de progression possible à court ou moyen terme. Et on a un certain nombre de sites qui ne fonctionnent pas à leur pleine capacité », a souligné Olivier Durand. « Nous voulons manifester notre ambition de rétablir notre compétitivité complète ». Il s'agit aussi de rendre le groupe moins dépendant de la Chine, où Forvia enregistre 27% de ses ventes, mais l'essentiel de son résultat.

Les conditions de « EU-Forward » doivent être présentées à partir de ce lundi aux organisations syndicales du groupe. « On doit s'assurer de limiter les recrutements au nécessaire, gérer le volant de flexibilité que nous avons à travers nos sous-traitants. Notre industrie bouge régulièrement et nous savons ajuster nos capacités industrielles », a expliqué Olivier Durand.

« Cet objectif sera soutenu par la volonté de Forvia d'accélérer le déploiement de l'Intelligence artificielle au sein du Groupe, en vue d'optimiser les investissements et les coûts de R&D ainsi que le management des programmes, tout en maintenant un niveau élevé de technologie et d'innovation », a souligné le directeur général, Patrick Koller, dans le communiqué.

Continental va supprimer 7.150 postes d'ici 2025

Forvia n'est pas le seul équipementier à tailler dans ses effectifs. Son concurrent allemand, Continental, a annoncé, le 14 février, la suppression de 7.150 postes dans le monde, dont « environ 5.400 » dans son administration, et 1.750 dans sa branche recherche et développement. Cela représente plus de 3% de l'ensemble des effectifs du groupe. Une opération qui sera effective « au plus tard d'ici 2025 », a précisé celui-ci dans un communiqué. Elle est mise en place dans le cadre d'un plan d'économies visant à accroître sa compétitivité pour la transition vers la mobilité électrique.

L'équipementier allemand a précisé que les suppressions d'emplois, qui toucheront des sites dans le monde entier, se feraient « progressivement et de la manière la plus socialement responsable possible, en fonction des conditions locales ».

Lire aussiAchat de voitures électriques : le coup de frein des Français

En novembre dernier déjà, Continental avait prévenu qu'il supprimerait des milliers d'emplois dans sa division automobile au niveau mondial, dans le cadre d'un plan visant à économiser 400 millions d'euros (428,32 millions de dollars) par an à partir de 2025. Dans une déclaration interne, le comité d'entreprise de la division automobile avait alors demandé à l'entreprise d'exclure les licenciements secs et d'utiliser toutes les mesures possibles pour maintenir ses effectifs, depuis la retraite à temps partiel pour les travailleurs plus âgés, jusqu'à la reconversion et la réaffectation du personnel.

L'industrie automobile allemande malmenée par la crise de l'énergie

Pour rappel, les fournisseurs allemands font face à la hausse des coûts de l'énergie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine il y a près de deux ans. Autres défis à surmonter : la transition vers la mobilité électrique - alors que le secteur a bâti son succès sur la voiture thermique - et la concurrence des entreprises asiatiques qui ont grimpé dans le classement mondial des fournisseurs.

Lire aussiAutomobile : Bosch va supprimer 1.500 postes en Allemagne à cause du passage à l'électrique

Parmi les autres entreprises allemandes touchées par le phénomène figure Bosch, qui a annoncé mi-janvier un plan de suppression de 1.200 emplois dans sa division systèmes électroniques embarqués. Un mois plus tôt, il prévoyait un plan de suppression de 1.500 emplois sur deux sites en Allemagne fabriquant des transmissions. Le groupe ZF a lui aussi annoncé la fermeture de deux usines coup sur coup ces derniers mois en Allemagne, avec plusieurs centaines de postes supprimés.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 19/02/2024 à 13:10
Signaler
Forvia, revendique 157.000 salariés dans 43 pays et comptait 75.500 salariés en Europe fin 2023, notamment en France, en Allemagne, en Pologne, en Tchéquie et en Espagne. Il sera intéressant de voir comment seront repartis les suppressions de postes...

à écrit le 19/02/2024 à 9:29
Signaler
C'est logique et si vous lisiez et compreniez le programme financier de Davos vous verriez que tout colle. Le nouveau dogme des très riches est en fait un très vieux dogme ,celui qui régit l'oligarchie depuis trop longtemps maintenant c'est de gagner...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.