Premier vrai ralentissement pour le marché automobile européen. Après plusieurs mois de croissance à deux chiffres, le marché a enregistré au mois de novembre une progression de 6,7% par rapport à novembre 2022. Les immatriculations de voitures neuves ont tout de même atteint 885.000 unités dans l'Union européenne le mois dernier, a indiqué l'Association des constructeurs (ACEA) dans un communiqué. Cette progression reste inférieure par rapport à celle d'octobre qui avait atteint +14,6%.
Mais les voitures électriques et hybrides se sont particulièrement démarquées. Les immatriculations de modèles électriques ont ainsi bondi de 16,4% pour atteindre 144.378 unités. Le volume depuis le début de l'année a atteint 1,4 million d'unités soit une augmentation de 48,2% par rapport à l'année précédente, notamment avec les ventes de Tesla. Au total, l'électrique représente 14,2% du marché européen. Les résultats ont également été portés par les hybrides avec des modèles comme la Renault Clio ou la Toyota Yaris. Cette motorisation a explosé en 2023, captant 27,4% de parts de marché (+29,9% sur un an).
L'essence : énergie majoritaire en Europe
L'essence reste cependant l'énergie majoritaire pour l'automobile dans l'UE : 3,5 millions de véhicules vendus depuis le début de l'année, soit 35,7% de parts de marché (+11,1%), avec des succès comme la Dacia Sandero.
Le diesel s'est mieux vendu en Europe de l'Est, mais a fortement reculé dans l'Ouest. Au total, il est en légère baisse sur le continent (-5,5%), à 13,7% de parts de marché. Côté hybride rechargeable (qu'on peut brancher sur une prise ou une borne), les ventes ont cependant poursuivi leur chute, notamment en Allemagne, et représentent 8,1% du marché européen depuis le début de l'année.
Un résultat encore loin du niveau d'avant Covid
Si une nette reprise a marqué le marché automobile européen ces derniers mois, avec la fin de la pénurie de pièces électroniques, il reste cependant loin du million de véhicules vendus en novembre 2019, avant la pandémie de Covid. Sur les onze premiers mois de l'année 2023, le marché européen a crû de façon substantielle (+16,7%), totalisant près de 9,7 millions d'unités mais elle a été davantage marquée par les conséquences de l'inflation, qui conduit les acheteurs à reporter leurs acquisitions. 2024 ne devrait pas non plus être la panacée puisque le marché européen des voitures neuves ne devrait croître que de 2,5% pour atteindre 10,7 millions de véhicules vendus, avait estimé l'ACEA fin novembre.
En novembre, de bonnes ventes en Italie (+16,2%) et en France (+14%) ont été contrastées par le recul de l'Allemagne, premier marché du continent (-5,7%), pénalisé par les modèles électriques dont les aides à l'achat ont fondu depuis l'an dernier. Fin de semaine dernière, le gouvernement allemand a décidé de mettre brusquement fin aux aides à l'achat d'une voiture électrique, une suppression pouvant porter un coup sévère à une industrie automobile allemande déjà à la peine pour faire face à la transition écologique, estimaient dimanche des experts et la presse spécialisée. Les fleurons de l'industrie automobile allemande affrontent avec difficulté la transition vers l'écomobilité dans le contexte d'une économie mondiale fléchissante et d'une faible demande. En outre les constructeurs allemands sont confrontés à la concurrence de leurs rivaux chinois, alors que la Chine est l'un de leurs principaux marchés.
Electrique : les constructeurs européens face à la concurrence internationale
En ce qui concerne les constructeurs, les ventes ont notamment été portées par le leader européen, le groupe Volkswagen (+19,8% sur un an et 26,1% de parts de marché) et par le groupe Renault-Dacia (+19,6% et 10,8% de parts de marché). Le numéro 2 Stellantis (Peugeot-Fiat) s'est repris plus lentement (+4,8%), avec 18,2% du marché.
Mais les constructeurs européens sont préoccupés par la concurrence potentiellement déloyale des véhicules électriques chinois, moins chers. Luca de Meo, le successeur de Carlos Ghosn à la tête de Renault, demande à l'Europe de « garantir des conditions de concurrence égales sur le marché pour les voitures fabriquées en Europe de façon équitable » face à la concurrence de voitures électriques chinoises et américaines, que ce soit des BYD ou des Tesla.
L'UE a officiellement lancé en octobre une enquête sur les subventions accordées par Pékin aux constructeurs chinois. En septembre, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait accusé la Chine de maintenir le coût des voitures électriques chinoises « artificiellement bas grâce à d'énormes subventions publiques ».
Le lobby européen de l'industrie automobile a demandé mercredi aux futurs membres des institutions européennes, qui doivent être renouvelées en 2024, de ralentir la cadence sur les nouvelles règlementations du secteur. L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) demande à l'Europe de « dépasser une approche centrée sur l'empilement de nouvelles réglementations, et développer plutôt une stratégie cohérente sur le long terme ». Avec l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035, les institutions européennes exigent un tournant historique de l'automobile vers la voiture électrique. Selon l'ACEA, les institutions européennes doivent davantage « effectuer un planning de long terme » et « adopter un tempo règlementaire plus raisonnable ». Il faudrait par ailleurs accélérer le déploiement des bornes de recharge électrique et des stations hydrogène, mais aussi étendre les bonus à l'achat et les avantages fiscaux pour l'achat de véhicules moins polluants, estime l'ACEA. Si la plupart des constructeurs se sont engagés à vendre 100% de voitures électriques avant 2035, plusieurs marques considèrent que les moteurs thermiques pourraient avoir un répit. Ils ont cependant déjà soufflé fin septembre quand les pays membres de l'UE ont écarté un nouveau durcissement des normes de pollution sur les gaz d'échappement des voitures particulières, estimant qu'il risquait de freiner les investissements dans les véhicules électriques.L'industrie automobile demande à l'Europe de ralentir sur les normes
(Avec AFP)
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