
La rentrée s'annonce toujours aussi douloureuse pour ceux qui souhaitent acheter un véhicule neuf. Ce matin, les chiffres du marché de l'automobile en France de ce premier trimestre AAA data ont montré une hausse des prix d'achat d'environ 10 % pour toutes les motorisations de voitures. En moyenne, il faudra débourser 35.118 euros pour l'achat d'une voiture neuve. Un prix qui grimpe à 41.473 euros pour les voitures électriques et jusqu'à 58.717 euros pour les voitures hybrides rechargeables. Sur la même lancée, le constructeur américain Tesla, a annoncé ce matin un nouveau Model 3 vendu 12 % plus cher que l'ancien en Chine. Le milliardaire Elon Musk avait pourtant successivement cassé ses prix dès le mois de janvier, puis en avril sur la Model 3 et la Model Y, leur permettant de passer sous la barre symbolique des 47.000 euros et ainsi d'être éligible au bonus écologique.
Malgré cette baisse de prix et une augmentation des ventes importantes de Tesla ces derniers mois (+ 650 % de ventes en Europe en juillet ), la hausse générale du coût d'une voiture électrique ne faiblit donc pas. Il a ainsi grimpé de 8% au premier semestre. Une hausse qui a plusieurs raisons. D'abord, elle s'explique par le contre-coup des crises successives de l'industrie automobile. En effet, les constructeurs accusent toujours le coup des hausses des matières premières, les problèmes de logistique liés à la guerre en Ukraine ainsi que la fin de la crise des semi-conducteurs.
Pas de baisse de prix avant longtemps
Ensuite, les normes européennes toujours plus exigeantes les obligent à effectuer des modifications importantes sur les véhicules neufs. « Depuis juillet 2022, le Règlement de sécurité générale (Global safety regulation II) oblige les véhicules neufs à être équipés de fonctionnalités pour la sécurité [alerte somnolence, signaux d'arrêts d'urgence, système d'adaptation intelligente de la vitesse, ..., ndlr]. Ce contexte de réglementation fort en Europe joue beaucoup sur la hausse des prix », confirme Marie-Laure Nivot, responsable Intelligence Marchés chez AAA data
Enfin, les constructeurs ont tous choisi le même slogan : vendre moins, mais vendre plus cher. Les voitures neuves sont donc en grande partie des SUV très équipés qui offrent la possibilité de marges plus élevées dans le prix de vente. Et cette tendance de prix de l'électrique à la hausse ne va pas faiblir selon AAA data. « Le bonus écologique de 5.000 euros a aussi une action de maintenir les prix élevés. Tant qu'il sera en place, les constructeurs n'ont pas d'intérêt à baisser les prix », relève Marie-Laure Nivot.
D'ailleurs, lors de leurs présentations de résultats, les constructeurs français ont bien insisté sur leur volonté de ne pas entrer dans une guerre de prix, estimant que cela dévaloriserait leurs voitures.
Le leasing, grand gagnant
Une baisse de prix ne pourra être envisagée que lorsque le marché sera mature, c'est-à-dire quand il y aura suffisamment de voitures pour ne plus avoir d'incitations à l'achat et que la concurrence sera plus élevée. L'arrivée des voitures chinoises en Europe pourrait inverser la tendance, « mais pas avant 2025 », selon AAA data.
Et s'il y en a un qui profite de cette hausse des prix, c'est le leasing. Ce mode de paiement sous forme de location-vente séduit de plus en plus tant il est devenu difficile d'acheter du neuf. En août, 53 % des ventes ont été effectuées sous leasing toujours selon les données de AAA data, dont 31 % de location avec option d'achat et 22 % de location longue durée. La société spécialisée dans les locations longue durée Arval confirme cette bonne santé, mais remarque néanmoins une progression plus faible du côté des particuliers où les mensualités de location en électrique pour les occasions tournent autour de 400 euros par mois.
Pour réduire les inégalités, le gouvernement devrait annoncer dans les prochaines semaines la mise en place du leasing social proposant des voitures électriques pour 100 euros par mois à destination des ménages les plus faibles. Une annonce qui a fait grincer des dents les constructeurs français et qui pourrait concerner un très faible nombre de véhicules. « Nous n'allons pas sacrifier nos bénéfices », a d'ores et déjà averti Luca de Meo, le directeur général de Renault, en juillet dernier.
Sujets les + commentés