A la veille d'une nouvelle loi de finances, le BTP veut éviter la catastrophe

La Fédération française du bâtiment et la Fédération nationale des travaux publics s'invitent dans le débat politique alors qu'un troisième projet de loi de finances rectificatif sera présenté le 10 juin 2020 en Conseil des ministres.
César Armand
Les surcoûts liés à la sécurité des compagnons sur chantiers, rarement partagés demeurent le principal problème rencontré par la filière, ce qui fragilise fortement les entreprises du BTP, soutiennent la FFB et la FNTP.
Les surcoûts liés à la sécurité des compagnons sur chantiers, "rarement partagés" demeurent le principal problème rencontré par la filière, "ce qui fragilise fortement les entreprises du BTP", soutiennent la FFB et la FNTP. (Crédits : Reuters/Jean-Paul Pelissier)

Prise en charge des surcoûts liés au Covid-19, annulation des charges fiscales et sociales, mise en place d'un véritable mécanisme d'incitation à l'investissement, plan massif de rénovation énergétique des bâtiments, retour à un taux réduit de TVA à 5,5% pour l'ensemble des travaux... Voilà la liste des doléances adressées au gouvernement par la Fédération française du bâtiment et la Fédération nationale des travaux publics. Alors qu'un troisième projet de loi de finances rectificatif sera présenté le 10 juin 2020 en Conseil des ministres, la FFB et la FNTP "anticipent un effondrement de la construction si aucune mesure n'est prise", alertent-elles.

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Eviter "la catastrophe économique et sociale" 

Toutes les mesures sont bonnes à prendre pour éviter "la catastrophe économique et sociale", commente, pour La Tribune, le président de la fédération régionale des travaux publics d'Île-de-France (FNTR-IDF, 764 entreprises adhérentes). "Quand le BTP va bien, tout va bien", ajoute José Ramos. En revanche, si 2021 est une année blanche, il ne pourra par exemple plus soutenir l'industrie automobile qui lui fournit du matériel. "Nous favorisons tout le tissu local, à commencer par les restaurants. Nous ne faisons pas que consommer des recettes publiques", insiste-t-il.

Avec la confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), les constructeurs et aménageurs (LCA), les bailleurs sociaux (AORIF), les syndicats de professionnels (UNIS) et les architectes (UNSFA), les branches franciliennes du BTP viennent de signer une charte commune visant à "accompagner les différents acteurs de l'acte de construire dans la reprise des chantiers afin de faire face aux nouvelles obligations liées à la crise sanitaire". Elle définit le partage des responsabilités liées aux arrêts de chantier, la répartition des surcoûts ainsi que les principes d'une gestion commune des conséquences de l'épidémie.

"Nous avions besoin d'un document qui permette de mettre tout le monde autour de la table et de pouvoir discuter en cas de problème", déclare à La Tribune Patrick Ramé, président de l'Union des fédérations du bâtiment d'Île-de-France (UFB-IDF, 10.000 sociétés membres). L'initiative est d'ailleurs soutenue par le préfet de Paris, préfet de région Michel Cadot. "C'est très important pour reprendre sans que les entreprises souffrent, seules, des surcoûts", appuie José Ramos de la FRTP-IDF.

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Surcoûts et effondrement de la commande publique et privée

Les surcoûts liés à la sécurité des compagnons sur chantiers, "rarement partagés" demeurent le principal problème rencontré par la filière, "ce qui fragilise fortement les entreprises du BTP", soutiennent la FFB et la FNTP. "66% des entreprises de plus de 20 salariés ont pris en charge 100% des coûts", confirme Patrick Ramé, côté bâtiment. Dans les travaux publics (TP), ces dépenses supplémentaires se chiffrent entre 9 et 30€ par personne entre les masques, les lingettes, les points d'eaux..., "à la manière des coiffeurs qui facturent entre 1 et 5 euros de plus la coupe de cheveux, mais nous, nous ne pouvons pas perdre de clients", précise José Ramos.

Second "choc" pointé par les fédérations professionnelles au niveau national: l'effondrement de la commande publique comme privée."Si rien n'est fait", des entreprises se retrouveront en faillite et des salariés au chômage dès septembre, préviennent les fédérations du Bâtiment et des Travaux publics. "En fin de semaine dernière, 30% des chantiers publics et privés n'avaient pas redémarré", relève le président de l'UFB-IDF.  "Nous voulons que tout le monde comprenne la nécessité de soutenir la reprise", auquel cas la véritable reprise interviendra le 15 janvier, corrobore son homologue de la FRTP. "Il faut donner de la visibilité. Il en va de la survie de nos entreprises", martèle-t-il.

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La baisse d'activité a effectivement été "comparable aux entreprises frappées par les fermetures administratives", relèvent la FFB et la FNTP. En Île-de-France, 70% des chantiers bâtimentaires ont repris contre 86% dans les TP. Dans ce secteur, la marge nette oscille en outre entre 1,5 et 2%, quand les coûts ont augmenté de 5 à 10%. "Septembre nous fait très peur. Si nous ne sommes pas aidés, des chantiers seront déficitaires et risquent de ne pas durer très longtemps", rappelle Patrick Ramé de l'Union des fédérations du bâtiment d'Île-de-France. En attendant, le second tour des élections municipales aura lieu le 28 juin prochain, symbole d'appels d'offre à venir.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2020 à 10:40
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"Quand le BTP va bien, tout va bien", ajoute José Ramos" Tout dépend quel BTP, si c'est celui du 20ème siècle et de l'avènement de maisons au rabais et de mauvaise qualité c'était installer en même temps une véritable bombe à retardement. Mai...

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