BTP : Eiffage sauve les meubles grâce à la rénovation et à la route

Plombé par la crise du logement, le groupe de BTP et de concessions se concentre sur la réhabilitation lourde de bureaux à Paris et à La Défense. En parallèle, l'activité Infrastructures d'Eiffage continue à croître. Explications.
César Armand
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

La crise de l'immobilier ne touche pas que les petites et moyennes entreprises. Après Bouygues et Vinci, c'est au tour du groupe Eiffage de communiquer sur des difficultés sur les marchés du bureau et du résidentiel. Alors que le groupe de BTP et de concessions affiche pour le premier semestre 2023 un chiffre d'affaires en hausse de 10,4% et un bénéfice en croissance de 10,7%, les résultats d'Eiffage Immobilier dégringolent de 16% comparés au premier semestre 2022.

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Entre le 1er janvier et le 31 juillet, la major n'a en effet vendu « que » 710 logements neufs contre 1.519 sur la même période l'an dernier. Alors que le niveau de commercialisation est en chute libre de plus de 50%, la branche Construction maintient son activité à +6,3% à 2,2 milliards d'euros.

« Ce sont les résultats des programmes immobiliers du passé. La faiblesse d'aujourd'hui se verra dans les résultats dans 2-3 ans. Ce petit différentiel fait que malgré la baisse du chiffre d'affaires, nous arrivons quand même à réaliser une marge décente », assure le directeur financier du groupe, Christian Cassayre.

Cap sur la réhabilitation lourde des bureaux

Depuis 2022, Eiffage parie en effet sur la rénovation des bâtiments existants. « Les directions techniques qui étaient avant accaparées par des projets immobiliers font aujourd'hui plus de rénovation, en forte croissance. Les parties qui doivent s'adapter, ce sont les directions des programmes, mais notre modèle permet de nous ajuster très vite », appuie Benoît de Ruffray, le PDG du groupe. « Nous ne lançons un projet que si nous sommes convaincus de dégager une marge », ajoute-il.

Par exemple, la réhabilitation lourde des bureaux parisiens et de La Défense est devenue « une activité pleine et entière », de même que les bailleurs sociaux demeurent « un grand client qui fait de plus en plus de rénovation et de moins en moins de neuf ». « Ces projets nécessitent une approche technique et globale avec des équipes chevronnés qui prennent des engagements », insiste le patron d'Eiffage.

Le ministère des Armées lui a par ailleurs alloué la rénovation de près de 8.000 logements et la construction de 3.000 autres moyennant 1,5 milliard d'euros d'ici à 2030.

« Entre les programmes de rénovation et les opérations neuves dans les hôpitaux, les prisons et la défense, l'Etat est un grand investisseur en France », souligne Benoit de Ruffray.

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La route progresse de 7,2%

En parallèle, la branche Infrastructures tire, elle aussi, son épingle du jeu avec +9,2% à 3,64 milliards d'euros d'activités, dopée par la route qui progresse de 7,2%. « Nous sommes plutôt surpris positivement car nous imaginions que les collectivités territoriales auraient du mal à suivre. Il y a pourtant encore pas mal de projets d'aménagement de voiries, de transport en site propre », relève le patron de la major.

Dans une moindre mesure, sa branche Energies Systèmes connaît un chiffre d'affaires de 1,76 milliard d'euros. C'est néanmoins 15,4% de mieux qu'au premier semestre 2022. Fin 2021, cette entité, qui avait raté Equans raflé par Bouygues, avait notamment gagné le marché de l'éclairage public de la ville de Paris pour un montant record de 704 millions d'euros. Sur cette enveloppe, elle doit encore percevoir 350 millions d'euros de travaux d'ici à 2032.

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Autrement dit, entre l'opération du ministère des Armées (1,5 milliard), le parc lumineux de la capitale (350 millions) et le premier lot du Lyon-Turin (600 millions de travaux d'ici à 2030), la major du BTP s'assure déjà 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour la décennie. Rien de moins.

A la Bourse de Paris, le cours du groupe coté au SBF 120 accuse néanmoins une baisse de 2,19%.

Autoroutes : « Nous nous assurerons que nos contrats soient respectés »

Bruno Le Maire, Clément Beaune et maintenant Thomas Cazenave. Dans une interview aux Echos publiée ce 31 août, le nouveau ministre des Comptes publics juge « légitime » de taxer les concessions autoroutières, car « elles ont été plus rentables que prévu ».

Sauf qu'à l'approche de la présentation de la loi de finances 2024 en Conseil des ministres, le gouvernement n'en discute pas (encore ?) avec les principales concernées.

« Nous n'en savons rien, ou pas plus que vous, et même parfois moins », a déclaré, ce 31 août, le PDG d'Eiffage, Benoît de Ruffray.

Le groupe de BTP entretient en effet 2.323 kilomètres d'autoroutes via ses filiales APRR et AREA, dont l'exploitation est prévue jusqu'en 2035 et 2036.

Toujours est-il que le patron d'Eiffage se tient sur ses gardes. « Nous aviserons en temps et en heure, mais nous nous assurerons que nos contrats soient respectés », a poursuivi Benoît de Ruffray.

« L'Etat ne cherche pas à discuter avec nous et nous ne cherchons pas à discuter avec lui », a conclu le PDG du groupe de BTP.

César Armand

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