Immobilier : comment l'achat d'une passoire thermique est devenu un moyen d'accéder à la propriété

Le site de petites annonces Se Loger et l'institut de sondages OpinionWay viennent de publier une étude sur le marché de la location et de la vente de passoires thermiques. Sont-elles toujours un produit immobilier prisé des acheteurs et des vendeurs ? Restent-elles synonymes de bonne affaire ? Décryptage.
César Armand
Depuis le 1er janvier 2023, il est impossible de louer un logement catégorisé G+ (Photo d'illustration).
Depuis le 1er janvier 2023, il est impossible de louer un logement catégorisé G+ (Photo d'illustration). (Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

30.000 logements libres, intermédiaires et sociaux dans 22 « Territoires engagés pour le logement » et 75.000 logements locatifs intermédiaires, c'est la double mission du ministre du Logement Guillaume Kasbarian d'ici à 2027. Sauf que le gouvernement n'a ni la main sur les permis de construire, délivrés par les maires, ni sur les investisseurs institutionnels qui sont libres, d'investir, ou non, dans le logement. A cela s'ajoute une réglementation toujours plus contraignante des conditions de location en vertu de la loi « Climat & Résilience » d'août 2021.

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Depuis le 1er janvier 2023, il est en effet impossible de louer un logement catégorisé G+, soit un bien dont les consommations énergétiques sont supérieures ou égales à 450 kWh par mètre carré et par an. Au 1er janvier 2025, ce seront au tour des logements classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE) de sortir du parc immobilier, alors même qu'ils représentent, toutes sources confondues, 7% des logements français. Des logements G+, G et même F qui sont considérés comme des passoires thermiques, car laissant passer le froid en hiver et le chaud en été.

Un calendrier qui s'accélère et qui ne laisse plus insensible les pouvoirs publics. Mi-février, le gouvernement a certes annoncé le reclassement de 140.000 petites surfaces de moins de 40 m² étiquetées G et F et revu les règles pour les logements en copropriété, mais qu'en est-il vraiment de ce marché ? C'est ce qu'a voulu savoir la plateforme SeLoger qui a passé au tamis 7 millions d'annonces de maisons et d'appartements anciens entre le 1er janvier 2021 et le 1er mars 2024. Le site de petites annonces a également commandé une étude à OpinionWay qui a sondé, mi-janvier, 5.200 acheteurs, vendeurs, locataires, propriétaires occupants et propriétaires bailleurs.

Recul des mises en vente et des mises en location des passoires thermiques

Il en ressort ainsi que le nombre de mises en vente de biens classés G ou F a baissé de 11,8% depuis le 1er janvier 2023. 32% des propriétaires interrogés affirment avoir réalisé des travaux, permettant à 1 logement rénové sur 5 de sortir de la catégorie des passoires thermiques. Les propriétaires n'ont en effet aucun intérêt à garder des logements mal isolés, que ce soit pour la valeur de leur habitat ou pour le montant des factures énergétiques.

Même constat sur le marché de la location où près d'un quart des passoires thermiques ne sont plus mises en location. « Ces logements ne rentrent plus sur notre site. Soit les gens ont fait des travaux, soit ils ont vendu, notamment à cause du diagnostic de performance énergétique. Nous n'avons pas plus de détails », explique, à La Tribune, Thomas Lefebvre, vice-président Data de SeLoger.

Le DPE devient un critère d'achat

Une chose est sûre : le diagnostic de performance énergétique (DPE) devient un critère d'achat. Un tiers (33%) du panel affirme ainsi exclure les mauvais DPE de leurs recherches, et un autre tiers (33%) déclare utiliser le DPE comme un argument de négociation. Dans le détail, la différence moyenne de prix par rapport à un bien équivalent D est de 157 euros par mètre carré pour un logement E, de 452 euros pour un logement F, et de 458 euros pour un logement G ou G+.

Plus généralement, les prix des passoires thermiques ont baissé de 3,7% depuis le 1er janvier 2023, et même de 5% dans certains départements français. Une tendance qui devrait se poursuivre. Pas plus tard que dimanche dernier, le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, a affirmé que « le robinet du crédit était ouvert ».

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 28/03/2024 à 2:15
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Il faudrait que le régime MacRon explique aux français quel progrès social est réalisé en poussant les pauvres à dormir dans leur voiture ou pire encore dans la rue plutôt que dans un logement abordable sans cloison en diamant...

le 28/03/2024 à 9:47
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Macron est le Président de la génération dont l'inflation des années 70 avait permis de rembourser son emprunt immobilier en monnaie de singe...

à écrit le 27/03/2024 à 12:45
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Bref, la passoire thermique inlouable décourage les investisseurs particuliers, fait baisser les prix, et donne plus d'opportunités aux ménages qui veulent être chez eux : très bonne règlementation, sans aucun doute. On achète pour se loger, pas pour...

à écrit le 27/03/2024 à 11:34
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Petit problème : il est établi que le diagnostic de performance énergétique (DPE) est totalement dépourvu de fiabilité.

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