Immobilier : Bouygues n'est pas épargné par les difficultés du secteur

Les résultats du groupe Bouygues sont « solides » sur les neuf premiers mois de l'année, avec un bénéfice net de 665 millions d'euros (+23,8% sur un an) et un chiffre d'affaires à 40,9 milliards d'euros (+38%). Le groupe a néanmoins fait part d'un environnement qui « reste difficile dans l'immobilier ». En effet, son carnet de commandes affiche un repli de 22%, touché de plein fouet par la crise du secteur.
Bouygues n’est pas le seul groupe du secteur à souffrir de la conjoncture. La situation est identique chez son concurrent Vinci. Les résultats d'Eiffage sont attendus pour début novembre.
Bouygues n’est pas le seul groupe du secteur à souffrir de la conjoncture. La situation est identique chez son concurrent Vinci. Les résultats d'Eiffage sont attendus pour début novembre. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Malgré les difficultés du secteur immobilier en France, Bouygues a vu le chiffre d'affaires de ses activités de construction augmenter sur les neuf premiers mois de l'année. Il s'établit ainsi à 20 milliards d'euros à fin septembre, en hausse de 2% sur un an, d'après les chiffres publiés ce mardi 31 octobre. Le groupe est tiré par Bouygues construction, dont le chiffre d'affaires a progressé de 6%, à 7,2 milliards d'euros. Et aussi, dans une moindre mesure, par Colas (+2% à 11,8 millions d'euros), sa filiale spécialisée dans la route, les matériaux de construction, le ferroviaire et le transport d'eau, d'énergie et de fluides.

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Le groupe ne discerne en effet aucune conséquence de ce coup de frein immobilier pour son activité de construction, dont le « carnet de commandes est en très forte hausse ».

« L'activité des mois à venir est totalement assurée et couvre la plus grande partie de 2024 », a assuré le directeur financier Pascal Grangé, lors d'un appel téléphonique avec la presse.

Le carnet de commandes des activités de construction a progressé de 8% sur un an, avec notamment le contrat d'extension d'une ligne de métro à Hong Kong, d'un quartier résidentiel à Lucerne, et de deux phases d'autoroute en Croatie. Celui de Colas a engrangé un contrat pour l'extension d'une ligne de transport à Manille.

La branche immobilier frappée par la crise...

La branche immobilier de Bouygues, elle, en revanche, est touchée de plein fouet par la crise. Ainsi, l'activité commerciale des ventes de bureaux (tertiaire) « est à l'arrêt », a indiqué le directeur financier. « Les investisseurs reportent leur prise de décision », a précisé le groupe dans son communiqué. Dans le résidentiel, les réservations sont en baisse de 23% sur un an, et la « forte baisse des ventes à l'unité n'a été que très partiellement atténuée par des ventes en bloc », a poursuivi l'entreprise.

Par conséquent, Bouygues immobilier, dont le carnet de commandes est en repli de 22% par rapport à fin septembre 2022, « a repoussé le lancement de certains projets », a précisé Pascal Grangé sans préciser lesquels, mais en notant que l'activité immobilière disposait de « très peu de stocks ».

... qui impacte plus globalement tout le secteur

Bouygues n'est pas le seul groupe du secteur à souffrir de la conjoncture. La situation est identique chez son concurrent Vinci. Le géant du BTP et des concessions d'infrastructures a vu sa branche construction progresser de 8,7% entre janvier et septembre, à 23, milliards d'euros, tirée par les activités de génie civil et de travaux publics. Mais son activité immobilier a fortement chuté de 24% (836 millions d'euros). Le groupe l'explique « par une conjoncture très difficile du secteur de la promotion immobilière en France, pénalisé notamment par un environnement de taux d'intérêt élevés ». Les résultats de l'autre poids lourd français, Eiffage, eux, seront connus début novembre.

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L'immobilier neuf subit depuis plusieurs mois déjà, d'une part, la forte baisse de pouvoir d'achat des acquéreurs. La hausse rapide des taux d'intérêt a exclu de nombreux foyers, à commencer par les primo-accédants, dont les revenus sont rognés par l'inflation. D'autre part, les crises mondiales successives (pandémie, guerre en Ukraine...) ont aussi fait s'envoler les coûts des matériaux de construction. Enfin, le durcissement de la réglementation environnementale sur les projets neufs ajoute encore un surcoût aux opérations.

Si bien que, depuis août 2022, le nombre de permis délivrés chaque mois s'est stabilisé à un niveau extrêmement faible, autour de 30.000 par mois. La Fédération française du bâtiment redoute 150.000 suppressions d'emplois dans le secteur d'ici à 2025, plus 150.000 autres dans les métiers connexes (architectes, notaires, etc.).

Un troisième trimestre solide

Les résultats globaux de Bouygues ne sont toutefois pas plombés par cette crise de l'immobilier. En incluant toutes ses activités (construction, BTP, immobilier mais aussi services énergétiques, média, télécoms), le groupe a enregistré un bénéfice net de 440 millions d'euros au troisième trimestre, en hausse de 12,8%. Sur les neufs premiers mois de l'année, celui-ci s'est élevé à 665 millions d'euros, contre 537 millions l'an passé sur la même période (+23,8%). Le chiffre d'affaires a fait un bond de 38% entre janvier et septembre, à 40,9 milliards d'euros, « en raison principalement de la contribution d'Equans », l'ex-division service et énergie d'Engie rachetée en 2022.

Pour l'année 2023, Bouygues a confirmé ses perspectives d'un « chiffre d'affaires proche de celui de 2022 » et d'« une augmentation du résultat opérationnel courant de ses activités (ROCA) ». « Ces perspectives s'entendent sur la base d'un proforma 2022 intégrant Equans comme si l'acquisition avait été réalisée au 1er janvier 2022, soit un chiffre d'affaires de 54,4 milliards d'euros et un résultat opérationnel courant des activités de 2,16 milliards d'euros », a précisé le groupe.

Après sa publication trimestrielle, l'action de Bouygues à la Bourse de Paris grimpait de 4,40%.

(Avec agences)

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Commentaires 2
à écrit le 01/11/2023 à 10:13
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"un bénéfice net de 665 millions d'euros (+23,8% sur un an) et un chiffre d'affaires à 40,9 milliards d'euros (+38%)." Mais où part le fric ???

à écrit le 31/10/2023 à 18:29
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La crise serait probablement moindre s il y avait des encouragements à investir dans la construction pour les bailleurs particuliers qui dans le contexte actuel préfèrent laisser leurs fonds sur des dépôts à terme ou sur leur compte personnel.

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