Immobilier : plombé par la crise, Bouygues lance un plan de mobilité interne

Lors de la présentation des résultats annuels ce mardi, le directeur général du groupe Bouygues, Olivier Roussat, a communiqué sur des mauvais résultats, tant pour l'activité résidentielle, que pour la filière tertiaire. Le géant du BTP et des médias est donc contraint de lancer un plan de "reemployement" des collaborateurs de Bouygues immobilier. Explications.
César Armand
« Bouygues Immobilier adapte son organisation et repousse le lancement de certains projets », fait savoir le groupe.
« Bouygues Immobilier adapte son organisation et repousse le lancement de certains projets », fait savoir le groupe. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Après Vinci qui a annoncé à la presse début janvier un plan de départs volontaires ainsi qu'un plan de sauvegarde pour l'emploi (PSE) pour sa filiale Immobilier, c'est au tour de Bouygues d'être rattrapé par la crise actuelle. Dans un communiqué envoyé avant l'ouverture de la Bourse ce mardi, le géant du BTP et des médias écrit que « Bouygues Immobilier adapte son organisation et repousse le lancement de certains projets », du fait d'un environnement de marché « difficile ».

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Un carnet de commandes qui accuse le coup

Et pour cause, dans le logement neuf, les réservations ont baissé de 25% en 2023. Dans le tertiaire, ce n'est guère mieux : « L'activité commerciale reste à l'arrêt, les investisseurs reportant leur prise de décisions », fait encore savoir Bouygues. Résultat, son carnet de commandes accuse le coup, avec un repli de 32% par rapport à fin 2022.

Une situation qui n'est pas près de s'arranger selon le directeur général du groupe coté au CAC 40. Interrogé lors de la présentation des résultats annuels ce matin sur les promesses du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, Olivier Roussat a considéré qu'« objectivement, il n'y a pas à date de mesure explicite qui soit véritablement proposée ».

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A rebours du PDG de Vinci, Xavier Huillard, qui mise sur les dernières annonces gouvernementales pour dégripper le marché, le patron de Bouygues a en effet considéré qu'il n'y avait « pas de solutions particulières pour relancer l'activité ».

« Le besoin de logement est là, la France est plutôt un pays de propriétaires, mais ils ont été désolvabilisés avec la hausse des taux d'intérêt. On n'entrevoit pas de reprise à court-terme », a insisté Olivier Roussat.

Un plan de "reemployement"

Tant est si bien que Bouygues Immobilier « adapte ses coûts et ses structures à l'évolution du marché »a encore fait savoir le directeur général du groupe. Ce dernier se refuse pour autant à prononcer le mot de « plan social ». En revanche, il consent à évoquer une sorte de plan de mobilité interne.

 « Nous avons lancé un plan de "reemployement" [de réemploi, ndlr] d'un certain nombre de collaborateurs de Bouygues Immobilier à l'intérieur du groupe », a ainsi annoncé Olivier Roussat.

Des « milliers » de postes sont en effet à pourvoir au sein de la multinationale, mais comme le dit encore son patron, reste à « voir si on peut les faire matcher » avec les employés de la filiale immobilière.

Au mieux, des ingénieurs de Bouygues Immobilier peuvent toujours se recaser Bouygues Construction, Colas ou même chez Equans, l'entité multi-services énergétiques et numériques, mais il sera difficile de les muter chez Bouygues Télécom ou TF1.

Quoiqu'il en soit, la nouvelle n'affole pas les investisseurs. A 17 heures, l'action de Bouygues SA avait déjà bondi de 7,12%.

Bouygues ne lâche pas l'affaire sur le nucléaire et le Grand Paris

Après avoir raté, mi-novembre, les travaux de génie civil des deux réacteurs nucléaires EPR2 prévus à Penly en Seine-Maritime, le géant du BTP et des médias compte bien décrocher le prochain marché, prévu à Gravelines (Nord). « Nous serons ravis d'y répondre », a déclaré le directeur général Olivier Roussat, questionné sur ce sujet.

Partenaire stratégique d'EDF depuis 2021, Bouygues est, en outre, allié avec Vinci et Fayat dans la relance du nucléaire. Avec le premier, la major a réalisé le sarcophage de Tchernobyl, tandis que la seconde lui apporte son expertise en construction métallique.

Sollicité par La Tribune, le PDG de Bouygues Construction, Pascal Minault, a confirmé que cette alliance était « valable pour plusieurs sites ». Et ce, pour au moins trois raisons : « Le montant des ressources humaines à mobiliser », « le partage du risque financier » et « l'effet de série ».

Interrogé par ailleurs sur le Grand Paris Express, le métro circulaire de la région Île-de-France, pour lequel il reste encore deux gros marchés de conception-réalisation à attribuer avant l'ouverture des Jeux olympiques de Paris, le patron de l'entité Construction a validé son intérêt.

Les procédures de consultation sont toujours en cours, mais Pascal Minault se positionne déjà sur le deuxième tronçon de la ligne 15 Est entre Drancy et Saint-Ouen-sur-Seine, dont le marché doit être attribué au printemps 2024. Le dernier marché, prévu pour l'été 2024, concerne le deuxième tronçon de la ligne 15 Ouest entre Courbevoie et Saint-Ouen-sur-Seine.

César Armand

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