Qui a déjà subi un escalier mécanique ou un ascenseur en panne dans une gare, alors qu'il est chargé de valises ? Qui s'est déjà retrouvé face à des portes automatiques qui ne s'ouvrent plus ? Quel agent SNCF n'a jamais rencontré de problème dans un local technique ? Quel technicien n'est jamais intervenu en urgence pour résorber une fuite d'eau ?
Des capteurs en gares pour une supervision d'ensemble
Plutôt que de laisser ces questions sans réponse, la compagnie ferroviaire vient de confier à Engie Solutions, filiale du groupe éponyme, le pilotage intelligent de 579 de ses 3.000 gares d'ici à l'ouverture des JOP de Paris 2024. Montant du contrat : 23 millions d'euros d'investissements sur huit ans.
« Le projet s'est construit sur l'idée d'installer un réseau de capteurs en gares et d'en avoir une supervision d'ensemble », explique le directeur du département Facility Management technique de SNCF Gares & Connexions Yann Keribin,
« Nous avons cherché à industrialiser un standard pour éviter des technologies trop diversifiées », appuie son adjoint Éric Tardiveau.
La filiale d'Engie apporte en effet à la filiale de la SNCF un système d'information unique qui traite et centralise toutes les données remontées par des capteurs et divers équipements technologiques. D'ores et déjà, le volume s'annonce considérable : 800 millions d'informations récoltées par an grâce à 15.000 points de télé-relève.
Sept gares tests
Depuis l'attribution du marché en juin 2020, sept gares tests (Beauvais, Charmes Vosges, Chaulnes, Longuyon, Saverne, Thionville, Yvetot) et bientôt Lille-Flandres sont déjà équipées d'objets connectés sur les équipements afin de réaliser des opérations de maintenance corrective voire préventive.
Par exemple, en regardant la vitesse de fonctionnement des ascenseurs, des escaliers mécaniques ou des portes automatiques, le système auto-apprenant pourra détecter une panne et même l'anticiper. Idem en mesurant la température d'un local technique, il saura alerter sur un risque imminent. De même qu'à force de surveiller les compteurs électriques, d'eau et de gaz, il vise à mieux voire moins consommer d'énergie.
« Ce projet illustre notre volonté d'utiliser les solutions connectées au service de la performance technique et énergétique dans les gares », déclare le directeur commercial et marketing, Vertuoz et Blue (Engie Solutions), Nicolas Blandin.
Accompagner la prise de décisions... humaines
En réalité, l'infrastructure numérique a vocation à accompagner la prise de décisions humaines. Que ce soit sur un poste de travail, une tablette ou un téléphone, les 2.000 agents et techniciens SNCF ont désormais accès à une application baptisée « Smart Station ». Elle leur permet de savoir où et quand intervenir, et même de géolocaliser le parcours pour régler le problème.
« Cette supervision a vocation à être utilisée dans une vision nationale ou locale ; chaque acteur voit les dysfonctionnements et agit pour traiter l'anomalie », précise Yann Keribin, de Gares & Connexions.
La maquette 3D disponible pour chaque gare connectée
La solution reste en outre « interopérable avec une capacité d'évolutivité », ajoute Nicolas Blandin d'Engie Solutions. Autrement dit, si la SNCF le souhaite, l'outil pourra intégrer de nouveaux cas d'usage, « comme les défibrillateurs dès lors qu'ils seront connectés », illustre Eric Tardiveau, l'adjoint de Yann Keribin.
Quelles qu'elles soient, les données resteront la propriété de Gares & Connexions et seront hébergées en France. Dans le même temps, si Engie Solutions dit avoir « choisi de faire reposer ses solutions » sur le cloud de Microsoft, son porte-parole assure que c'est Engie IT, spécialisée dans la cybersécurité, qui réalise et sécurise l'acheminement et la restitution des data vers Microsoft.
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