C'est à rien n'y comprendre. En l'espace de trois semaines, le gouvernement a dit tout et son contraire sur Ma Prime Rénov'. Tout avait pourtant bien commencé le 31 janvier dernier. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal promettait de « simplifier » l'accès à cette prime distribuée par l'Agence nationale pour l'habitat (ANAH).
Et pour cause, selon les derniers chiffres de cette dernière, 569.243 logements ont été rénovés en 2023, moyennant 2,74 milliards d'euros. Soit 100.000 habitats de moins qu'en 2022, année au cours de laquelle 669.890 logements ont été rénovés pour 3,1 milliards d'euros d'aides. Un budget de l'Agence nationale de l'habitat néanmoins revalorisé à 5 milliards en 2024 pour tenir l'objectif présidentiel de 200.000 rénovations globales.
Tant est si bien que dans la soirée du 31, le ministre de la Transition écologique faisait savoir qu'il discuterait de la simplification de Ma Prime Rénov', le 15 février, avec Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment, et Jean-Christophe Repon, le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). Promesse tenue : à l'issue de cette réunion jeudi dernier, Christophe Béchu s'est engagé à réduire le fardeau administratif accompagnant les dossiers.
Des décaissements en baisse en 2023
Sauf qu'à peine quatre jours plus tard, son collègue, Bruno Le Maire, a annoncé le 18 février, au 20 heures de TF1, un coup de rabot de 1 milliard d'euros sur Ma Prime Rénov'.
« Il y a plus de 300 millions d'euros qui n'ont pas été dépensés. Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup de chantiers, il faut trouver des artisans et il y a des carnets de commandes qui sont pleins », a justifié un porte-parole de Bercy.
La CAPEB accueille d'ailleurs « ce principe de réalité avec pragmatisme ». En revanche, elle rappelle aussi que « l'urgence à l'heure actuelle est de se donner les moyens de consommer en 2024 le budget alloué dans un contexte où les décaissements ont baissé de près de 12% en 2023 par rapport à 2022 et le nombre de chantiers de rénovation énergétique financés par l'ANAH, de 17% ».
Le ministère de l'Economie et des Finances renvoie, lui, aux ministres Christophe Béchu (Transition écologique) et Guillaume Kasbarian (Logement) pour expliquer « comment ils aménageront le dispositif pour tenir cet objectif de moindre hausse des budgets dédiés à Ma Prime Rénov' ». A l'Hôtel de Roquelaure, « ces annonces seront détaillées début mars », font savoir les équipes concernées.
Une déclaration qui a pris de court l'Agence nationale de l'habitat
Reste que la déclaration de Bruno Le Maire a pris de court l'Agence nationale de l'habitat (ANAH). Son président (PS), Thierry Repentin, a ainsi décliné les demandes d'entretien de La Tribune, tandis que les administrateurs n'ont, « à date », « aucune nouvelle ».
« C'est un peu tôt. Cela fera certainement l'objet de discussions lors du prochain conseil d'administration », déclare ainsi à La Tribune Bastien Marchive, député Radical apparenté Renaissance des Deux-Sèvres.
« Cette annonce n'a jamais été présentée aux parlementaires », s'agace, de son côté, le président du Conseil national de l'habitat, Lionel Causse.
« Elle est en contradiction avec les enjeux de transition énergétique prévus et contraires au budget 2024 voté. Une fois de plus, on regarde les dépenses, et pas les recettes », tempête le député Renaissance des Landes.
Bercy, lui, persiste et signe : « Le fait qu'on revisite le montant dédié à Ma Prime Rénov' tient compte du fait que de toute manière, il y a une forme de sous-exécution ». C'est confirmé : l'ère du quoi qu'il en coûte est révolue.
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