
Dire que l'éolien marin a le vent en poupe tient de l'euphémisme. Trois jours après le sommet de la mer du Nord qui a vu neuf pays européens - dont la France - enclencher la marche avant, c'est au tour d'Ocean Winds de souffler dans les voiles. La co-entreprise formée par Engie et le portugais EDPR, associée au Japonais Sumitomo et à la Banque des Territoires indique, ce jeudi 27 avril, être en mesure de lancer la construction du parc de Dieppe Le Tréport. « Enfin ! », diront ses partisans.
Sixième dans l'ordre d'arrivée sur les côtes françaises, le projet retoqué une première fois par l'Etat en 2011, puis finalement approuvé en 2014, restera en effet marqué par un développement chaotique. Vigoureusement contesté par les élus littoraux et par les pêcheurs, qui l'accusent de sacrifier « un château Latour halieutique », mollement soutenu en son temps par le ministre Nicolas Hulot qui en parlait comme d'un dossier mal ficelé, il se sera écoulé plus de douze ans avant qu'il ne soit purgé de tous les recours. Mais cette fois, le coup est bel et bien parti.
Top départ
« La décision finale d'investissement a été prise au terme de la signature de l'ensemble des accords de financement le 26 avril », font savoir les actionnaires dans un communiqué. Le projet, d'un montant total de 2,7 milliards d'euros, « fait appel à un solide financement public et privé international », soulignent-ils. A la manœuvre, on trouve un consortium d'une grosse quinzaine de banques (six françaises, quatre japonaises, deux britanniques, deux espagnoles, une allemande et une néerlandaise), emmené par la Banque Japonaise de Coopération Internationale, elle-même conseillée par la Société Générale.
Quant aux travaux, ils seront lancés l'an prochain avec la mise en place des pieux supportant les fondations. Ces dernières sont attendues en 2025, en même temps que la sous-station électrique. Celle-ci sera fabriquée à Saint-Nazaire par les Chantiers de l'Atlantique. Les 62 éoliennes seront produites par Siemens Gamesa, dans son usine du Havre. Leur raccordement au réseau devrait intervenir dans la deuxième moitié de 2026.
« Elles alimenteront chaque année près de 850.000 personnes en électricité, soit l'équivalent des deux tiers de la population de la Seine-Maritime ou de plus de la totalité de la population de la Somme », précisent les dirigeants de la société de projet.
Ocean Winds a le vent dans le dos
Le projet de Dieppe Le Tréport est le troisième porté en France par la joint venture détenue à parité par Engie et EDPR, avec celui « posé » de Yeu-Noirmoutier et celui flottant du Golfe du Lion. Egalement candidat pour le parc du Centre Manche 1 au large du Cotentin, Ocean Winds n'en affiche pas moins de grandes ambitions à l'international « dans un contexte dynamique mais difficile », comme le rappelle son directeur général, Grzegorz Gorski.
La co-entreprise, qui revendique un portefeuille de 14,5 GW de capacité en opération, en construction ou en développement, vient notamment de donner le top départ de la construction du parc éolien de Moray sur les côtes britanniques. Mais c'est surtout aux Etats-Unis que le duo franco-portugais progresse à pas de géant. En 2022, il y avait obtenu de haute lutte aux enchères la concession de l'un des premiers parcs éoliens flottants de la côte Ouest. Son objectif : se hisser « parmi les cinq plus grands opérateurs du monde ».
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