La poursuite de la grève dans les centrales nucléaires menace la production électrique cet hiver

Depuis le 13 septembre, un mouvement social touche une partie des centrales nucléaires françaises. Une grève pour demander une hausse des salaires qui fragilise un peu plus la production d'électricité à partir de nucléaire. Le parc français compte, en effet, 27 réacteurs sur 56 à l'arrêt du fait de problème de corrosion ou d'opérations de maintenance. De quoi laisser présager des « conséquences lourdes sur le cœur de l'hiver », selon RTE.
En France, 27 réacteurs sont actuellement à l'arrêt sur les 56 que compte le pays.
En France, 27 réacteurs sont actuellement à l'arrêt sur les 56 que compte le pays. (Crédits : Reuters)

Si la grève s'essouffle dans les raffineries et dépôts pétroliers de France, le secteur du nucléaire français est, lui, toujours touché par des mouvements sociaux qui pourraient avoir de fâcheuses conséquences alors que la France craint depuis plusieurs mois de manquer d'énergie cet hiver.

La guerre en Ukraine a, en effet, provoqué non seulement une flambée des prix du gaz et de l'électricité, mais surtout une baisse des livraisons de gaz russe qui inquiète l'Europe. La France, moins dépendante que certains Etats membres comme l'Allemagne, pensait néanmoins pouvoir compter sur son parc nucléaire pour assurer l'approvisionnement énergétique tant de ses foyers que de ses entreprises une fois les températures hivernales installées. Mais celui-ci rencontre de nombreuses difficultés, notamment à cause de problèmes de corrosion, découverts en décembre 2021. Jeudi, 27 réacteurs sur 56 étaient à l'arrêt pour maintenance ou des opérations liées aux problèmes de corrosion.

Baisse de la production et retard des travaux de maintenance

À cela s'ajoutent désormais les conséquences d'un conflit social débuté le 13 septembre dernier. Le mouvement de grève s'est étendu, au fil des semaines, entraînant des baisses de production sur quatre réacteurs. En effet, mercredi, le parc nucléaire, d'une capacité théorique de près de 61 Gigawatt (GW), avait une capacité disponible estimée de 45,71% (28 GW) contre 56,20 % (34 GW), tel que le prévoyait précédemment EDF il y a 4 semaines, selon des chiffres du groupe analysés par l'AFP.

Au-delà des baisses de production, le débrayage en cours cause des retards sur le calendrier de travaux et de maintenance dans le parc nucléaire. Ainsi, 18 réacteurs nucléaires voient l'avancée de leurs travaux de maintenance affectés par les mobilisations liées aux revendications sur les salaires, a annoncé jeudi un représentant syndical de la FNME-CGT. L'objectif d'EDF reste néanmoins de continuer les redémarrages afin d'atteindre une disponibilité maximale de 96% le 1er février, avant de nouveaux arrêts pour maintenance.

De son côté, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France, RTE, a revu à la baisse, mardi dernier, les prévisions de la production estimée à d'ici début novembre. « Les mouvements sociaux sur le parc nucléaire ont conduit à des prolongations d'arrêt généralement de deux à trois semaines sur les réacteurs dont la remise en service était imminente ou proche », indiquait-il en prévenant que la grève aurait des « conséquences lourdes sur le cœur de l'hiver » si elle perdurait.

Lire aussiTension accrue cet hiver sur le réseau électrique si la grève dans les centrales se prolonge

Négociations salariales

Au total, le mouvement social touchait jeudi 11 centrales sur les 18 que compte le parc nucléaire. Jeudi matin, plusieurs dizaines de grévistes étaient présents devant la centrale de Gravelines (Nord), abrités sous des chapiteaux battus par la pluie. « Malgré les conditions climatiques, les agents sont toujours mobilisés », a déclaré Franck Redondo, le secrétaire FO du CSE, précisant que « la grève a été reconduite hier en assemblée générale. Nous attendons les propositions de la direction d'EDF ».

Comme les grévistes des raffineries de TotalEnergies, c'est bien la question des salaires qui constitue la principale revendication de ce débrayage. Les agents EDF entendent, en effet, peser sur les négociations qui ont formellement commencé jeudi entre la direction et les quatre syndicats représentatifs (CGT, FO, CFDT et CFE-CGC) selon le groupe électricien. Elles s'ouvrent après la signature d'un accord de branche sur des augmentations dans les industries électriques et gazières (IEG), signé par la CGT, la CFDT et FO, sans la CFE-CGC. Il prévoit une augmentation de 3,3%, une rétroactivité de 1% au 1er juillet et le solde de 2,3% au 1er janvier 2023 ainsi qu'une enveloppe complémentaire de 80 euros bruts par mois en 2023 pour les bas salaires. « Cet accord amène des avancées, mais ce n'est pas suffisant », a estimé Fabrice Coudour, le secrétaire Fédéral FNME-CGT. La CGT réclame une augmentation totale a minima de 200 euros bruts par mois pour tous, pour compenser l'inflation, dans toutes les IEG.

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Commentaires 3
à écrit le 23/12/2022 à 19:17
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Je ne conteste pas le droit de grève; je me pose des questions sur les prises d'otages. Et dans les faits; la contre partie de la grèsve grèves est la suspension des salaires et droits associés. Question: pendant la grèsve, les grévistes paiyentt-i...

à écrit le 21/10/2022 à 9:24
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Je suis admiratif. Ils ont une grande constance et capacité de déceler les faiblesses du pays et de son système productif pour l'extorquer. Le timing est tjrs parfait. Que la proie soit en faillite ou presque sans capacité de décision ne les arrête p...

à écrit le 21/10/2022 à 8:17
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Et on devra être d'autant plus sobres qu'ils auront saboté l'effort pour rétablir la capacité de production ? Non merci, ils auront froid aussi. D'ailleurs je préfère qu'on parle d'économie et d'efficience, plutôt que de sobriété. Une question de te...

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