Vent contraire au sein du gouvernement. Une nouvelle réglementation, à l'initiative du ministère des Armées, ajoute une nouvelle contrainte aux implantations des éoliennes, alors que le gouvernement prévoit justement de doubler le parc éolien terrestre en sept ans.
Une ambition largement soutenue par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, qui défend le rôle clé de l'éolien pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour accélérer et faciliter son déploiement, elle a notamment demandé aux préfets d'identifier les lieux qui se prêteraient le mieux au déploiement de nouveaux parcs.
Dans le détail, un document d'instruction du ministère des Armées, daté du 16 juin et entré en vigueur le 18 juin, restreint le périmètre autour des radars militaires dans lequel la présence des éoliennes est extrêmement contrôlée. Cette zone passe de 30 kilomètres à 70 kilomètres, rapporte France Info qui a pris connaissance de ce document.
Pas une interdiction absolue
"Ce n'est pas une interdiction absolue au sein de cette zone. Les décisions seront prises au cas par cas, en lien étroit avec le ministère des Armées", précise-t-on au sein du ministère de la Transition écologique, qui se dit "vigilant" quant aux conséquences de cette nouvelle réglementation sur le développement des champs éoliens.
Très concrètement, à l'intérieur de cette zone, les projets éoliens seront soumis à autorisation du ministère des Armées, rapporte France info. Selon le document d'instruction, ses services étudieront la disposition des éoliennes par rapport aux radars, la nature du relief et la "faisabilité du projet au regard de la gêne occasionnée sur le radar ainsi que des exigences de sécurité nationale en matière de posture permanente de sûreté".
Risque de brouillage
Cette nouvelle mesure vise ainsi à réduire les risques de brouillage des radars militaires qui augmentent avec la taille des éoliennes. D'après l'armée, un champ éolien pourrait, par exemple, empêcher un radar de détecter un avion.
De son côté, le ministère de la Transition écologique prévoit une clause de revoyure, dans six mois, à l'automne prochain "pour faire le point sur le nombre de projets d'implantation concernés par cette nouvelle réglementation".
Droit de veto des maires
C'est le deuxième coup dur pour la filière éolienne tricolore en quelques jours, alors que les polémiques autour de cette énergie renouvelable se sont largement invitées dans le débat des élections régionales. Lors de l'examen en première lecture du projet de loi climat et résilience, le Sénat a voté, dans la nuit de jeudi à vendredi, en faveur du droit de veto des maires sur l'implantation des éoliennes dans leur commune.
Un vote contre lequel s'est largement opposée Barbara Pompili, selon qui ce droit de veto est "un cadeau empoisonné" aux maires. Un veto mettrait "la pression sur les maires" qui pourraient être "pris en otage par certaines associations, par certains groupes", a-t-elle expliqué, vendredi dernier, sur Public Sénat.
La filière éolienne n'est pas la seule à naviguer en eaux troubles ces derniers temps. Les professionnels du photovoltaïque, eux aussi, sont vent debout contre le gouvernement. Au début du mois, l'exécutif a fait savoir qu'il s'apprêtait à diviser par deux, en moyenne, son soutien à certains parcs photovoltaïques, qui bénéficient, selon lui, d'une rentabilité excessive.
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