
C'est historique. Pour la première fois dans l'histoire de l'aviation commerciale, les capitaux employés de l'ensemble des compagnies aériennes prises dans leur globalité seront rentables en 2015, a indiqué Tony Tyler, le directeur général de l'Iata, l'association internationale du transport aérien, réunie ce lundi à Miami pour son assemblée générale. Principal indicateur de rentabilité, le retour sur capitaux employés devrait se situer à 7,5% cette année alors que le coût du capital est estimé à 6,8%. Cette performance traduit l'explosion des profits pour le secteur en raison de la chute des cours du pétrole, dont le prix moyen du baril devrait s'élever à 78 dollars contre 116,6 dollars en 2014 et de la forte hausse du trafic, lequel va encore augmenter de 6,7% en 2015.
Révisions à la hausse des prévisions
Les compagnies aériennes vont en effet dégager un bénéfice opérationnel de 50,1 milliards de dollars en 2015, contre 33,9 milliards l'an dernier. Il s'agit d'une révision à la hausse des prévisions de l'Iata. Cellle-ci tablait en décembre sur un profit opérationnel de 46,8 milliards de dollars en 2015. Ce bond des profits intervient alors que le chiffre d'affaires baisse très légèrement de 0,7%, à 727 millions de dollars en raison du recul des prix des billets de 7,5%, liée à la fois à la levée des surcharges carburant et de la concurrence féroce que se livrent les compagnies. «Le coût du billet est deux fois moins élevé qu'il y a 20 ans », a expliqué Brian Pearce, chef économique de l'Iata.
Le bénéfice net s'élève quant à lui à 29,3 milliards de dollars, quasiment deux fois plus que l'an dernier.
Les compagnies représentent la moitié des bénéfices
Pour autant, la performance ne doit pas masquer l'énorme diversité des performances selon les régions du monde. Les compagnies américaines en effet représentent la moitié des bénéfices du transport aérien (25,2 milliards de profits opérationnels et 15,7 milliards de bénéfices net, contre 11,2 milliards l'an dernier). Leurs marges d'exploitation s'élèveront en moyenne à 12,1%. Une performance qui résulte notamment de la baisse de la facture carburant et un recul de la recette unitaire beaucoup moins fort en raison de de la consolidation du secteur après les fusions entre Delta et Northwest en 2008 puis entre United et Continental en 2010. Cette concentration s'est renforcée en 2014, avec la fusion entre American Airlines et US Airways, effective fin 2013.En outre, dans la mesure où le baril s'achète en dollars, la baisse du prix du brut n'est pas compensée par le recul de l'euro par rapport au dollar comme le subissent les compagnies européennes. « En dehors des Etats-Unis, la rentabilité reste faible », explique Brain Pearce.
L'Europe rattrape l'Asie
En Europe, les compagnies relèvent néanmoins la tête, après des années de difficultés. Elles devraient collectivement dégager 10,2 milliards de dollars de bénéfices opérationnels en 2015, selon des chiffres communiqués à La Tribune par Brian Pearce, chef économiste de l'Iata, et 5,8 milliards de bénéfices net, deux milliards de plus que les prévisions réalisées en décembre dernier. Mais là aussi les différences sont énormes entre Lufthansa et surtout IAG qui dégagent de gros bénéfices et Air France-KLM qui reste loin derrière. Pour rappel au premier trimestre, le groupe français a perdu 4,6 millions d'euros par jour.
La performance des compagnies européennes égale plus ou moins celle des transporteurs d'Asie Pacifique (10,9 milliards de profits opérationnels) dont les résultats ne progressent que très peu (le bénéfice net ne devrait augmenter que de 300 millions dollars). Plusieurs compagnies souffrent en effet de la concurrence des compagnies du Moyen-Orient dont le bénéfice net s'améliore de 1,1 milliard, à 1,8 milliard de dollars (2,2 milliards de profits opérationnels)
Les compagnies d'Amérique latine vont dégager un profit opérationnel 1,3 milliard, tandis que les transporteurs vont être dans le vert avec un profit d'exploitation de 200 millions de dollars.
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