CEA Tech s’engage dans la décarbonation du transport maritime avec la plateforme nantaise Sea’Nergy

Tandis que de nombreux armateurs et croisiéristes réfléchissent aux moyens de rénover leurs flottes de navires, Cea Tech vient de lancer, à Nantes, la plateforme Sea’Nergy. Cet outil numérique est capable de mesurer l’impact de l'utilisation de batteries et de systèmes propulsifs dans un environnement marin, d'eau salée, et de simuler leur utilisation dans des conditions de navigation extrêmes. Objectif : relever le défi de la décarbonation du transport maritime. Soutenu par la région des Pays de la Loire et le fonds européen Feder, l’investissement accompagne également le développement de la filière des énergies renouvelables sur le territoire.
De plus en plus d'armateurs, de compagnies de croisière, de ports, de chantiers navals confrontés à la transition énergétique et à des problématiques d'intégrations de systèmes conçus pour le terrestre, interrogent le Cea Tech Pays de la Loire.
De plus en plus d'armateurs, de compagnies de croisière, de ports, de chantiers navals confrontés à la transition énergétique et à des problématiques d'intégrations de systèmes conçus pour le terrestre, interrogent le Cea Tech Pays de la Loire. (Crédits : Grande port maritime de Nantes-Saint-Nazaire)

CEA Tech (Commissariat à l'Energie Atomique), implanté dans les Pays de la Loire depuis 2013, vient de lancer la plateforme, Sea'Nergy. Ce nouvel outil qui va servir aux armateurs et croisiéristes qui réfléchissent aux moyens de rénover leurs flottes de navires, s'inscrit dans le sillage de ce que met en place l'institut Meet2050 lancé à Brest par l'Etat et le cluster maritime Français, lancé en début d'année pour accélérer la transition écologique et énergétique du secteur maritime.

Unique en son genre en Europe, la plateforme Sea'Nergy, dotée d'une enceinte close de 55 m3, d'armoires électriques, de bancs mécaniques, va permettre de simuler les aléas de batteries et d'équipements énergétiques plongés dans un environnement maritime, plus ou moins hostile.

« Nous allons pouvoir faire varier la température, la salinité, l'hydrométrie, simuler la présence de polluants atmosphériques... et mener des essais aux plus proches des conditions réelles du milieu maritime, sans les contraintes ! », résume Tony Prézeau, responsable régional de la plateforme CEA Tech Pays de la Loire.

Surtout, l'échelle de puissance de l'équipement va permettre d'atteindre 500 kilowatts, contre 200 KW pour les installations existantes en France ou en Allemagne. « La puissance d'une voiture, c'est 80 à 100 KW, un camion 200 KW, une navette fluviale d'une dizaine de mètres 500 KW, un navire à passagers de 150 mètres 10MW et plus de 60MW pour un porte-conteneurs de 300 mètres. La question de la puissance, de la sécurité, des dimensions des installations, et des investissements, se posera à partir de 50 mégawatts. Mais d'ores et déjà, avec la simulation, on peut opérer à l'échelle du 1/10 ou 1/20. Nous avons la capacité à travailler à toutes les échelles : de la batterie à l'architecture entière d'un navire », assure Tony Prézeau. L'installation aura ainsi les capacités suffisantes pour étudier un bateau de pêche de 500 KW ou une barge de 5 MW, armée d'une batterie électrique ou d'une pile à combustible à hydrogène.

Des problématiques d'intégration et d'optimisation

« Aujourd'hui, que ce soit sur les systèmes énergétiques marins, type éolienne, ou embarqués sur les navires, les besoins sont énormes  », observe le responsable régional du CEA Tech Pays de la Loire, qui depuis la création de la plateforme régionale de transfert technologique (PRTT), implanté sur 2200 m² sur le site du Technocampus Océan à Bouguenais, près de Nantes, a mené plus de 80 projets bilatéraux avec des industriels, des ETI, des PME et des TPE. Jusqu'ici concentré sur les filières de l'automobile, de la navale, de l'aéronautiques, des matériaux ou de l'agricole, CEA Tech Pays de la Loire devient un hub spécialisé dans la décarbonation du transport maritime, au sein du Commissariat à l'Energie Atomique. Quinze des quarante personnes de ce réseau seront affectés à la plateforme Sea'Nergy.

« Avec le défi de la décarbonation, le secteur maritime, jusqu'ici parent pauvre de ces nouvelles technologies, se met en ordre de bataille. On voit de plus en plus d'armateurs, de compagnie de croisières, de ports, de chantiers navals confrontés à la transition énergétique et à des problématiques d'intégrations, de systèmes conçus pour le terrestre, venir nous interroger », constate Tony Prézeau.

Beaucoup d'armateurs et de croisiéristes s'interrogent sur les moyens de rénover leur flotte actuelle, vers quelle solution basculer ou encore comment réduire la taille ou revoir la forme des réservoirs à hydrogène pour optimiser l'espace sur les bateaux. Que ce soient les projets régionaux Farwind, qui développe une flotte de navires pour produire de l'énergie en mer, la stocker et la redistribuer dans des ports sous forme d'hydrogène, d'électricité et de biocarburant ; ou Lhyfe qui s'apprête à lancer le premier dispositif de production d'hydrogène offshore au monde à partir de la plateforme Sem-Rev, développé au large du Croisic par l'école Centrale de Nantes ; ou encore Europe Technologies qui développe des réserves d'hydrogène mobiles, tous sont confrontés à des problématiques de taille, d'optimisation et de coûts. Autant d'enjeux de réduction et de fiabilisation auxquels s'attèle CEA Tech.

Un projet à hauteur de 5,4 millions d'euros

La région qui soutenait déjà une dizaine de thèses et post doctorants au CEA Tech - et qui a investi 2,3 millions d'euros dans les programmes de recherche collaboratifs avec l'Ecole Centrale, l'Université de Nantes, L'IRT Jules Verne - a donc dit banco pour financer ce nouveau projet à hauteur de 5,4 millions d'euros, auquel s'est ajouté un million d'euro de crédit européen FEDER.

« La région est très impliquée dans l'économie bleu. Nous sommes face à de tels enjeux pour la décarbonation du transport maritime, la transition énergétique et le développement de l'hydrogène - pour lequel nous avons voté une feuille de route chiffrée à 100 millions d'euros - qu'il y a un besoin impérieux d'investir dans l'innovation et de soutenir la R&D pour accélérer », justifie Claire Hugues, vice-présidente de la région des Pays de la Loire, déléguée aux Affaires Maritimes, face à d'autres régions françaises qui deviennent de plus en plus compétitives sur le secteur des énergies marines renouvelables.

Un écosystème à maturité

« Pionnière dans le secteur des énergies marines renouvelables, la région est devenue le berceau de cette activité en France avec 28% des emplois français, en hausse de 13% par apport à 2021, avec 1832 emplois », rappelle l'agence de développement économique régionale Solutions&Co, à l'occasion du salon Sea'Nergy (sans rapport direct avec la plateforme CEA Tech) qui s'est déroulé du 15 au 17 juin en Normandie.

Autour des chantiers de l'Atlantique, de General Electric (GE), de Neopolia et du groupement Weamec, gravite un vaste réseau de sous-traitants et de près de trois cents chercheurs pour accompagner le développement de la filière et de deux parcs éoliens posés au large des côtes ligériennes (Saint-Nazaire - Guérande, 480 MW et Yeu - Noirmoutier, 496 MW).

Au large du Croisic, l'Ecole Centrale a raccordé au réseau électrique le premier site d'essais multi-technologies Sem-Rev, le grand port maritime qui s'est doté d'un hub logistique de 15 hectares. « Un écosystème s'est construit et arrive aujourd'hui à maturité. Les technologies que nous déployions dans le terrestre, notamment chez les constructeurs automobiles, sont en train d'être transposées au maritime. A l'instar du projet SEADAT, mené par plusieurs industriels, qui visait à réutiliser des batteries de seconde vie dans le maritime. D'où certains besoins d'adaptations et de tests», explique Tony Prézeau. CEA Tech Pays de la Loire a du pain sur la planche.

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Commentaire 1
à écrit le 20/06/2022 à 8:48
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(Commissariat à l'Energie Atomique) c'est périmé, c'est devenu (depuis Mr Fillon 1er ministre, c'est pas tout jeune :-) ) Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives.

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