Ferroviaire : Alstom lance une augmentation de capital d'un milliard d'euros pour réduire sa dette

Le groupe ferroviaire a lancé ce lundi son augmentation de capital pour un montant total d'un milliard d'euros. Pour Alstom, il s'agit de la « dernière étape du plan de désendettement » de deux milliards d'euros annoncé début mai afin de rétablir ses comptes fortement dans le rouge.
Les raisons des difficultés d’Alstom proviennent en grande partie de l’intégration de Bombardier, son concurrent canadien racheté en 2021 et pas encore entièrement digéré.
Les raisons des difficultés d’Alstom proviennent en grande partie de l’intégration de Bombardier, son concurrent canadien racheté en 2021 et pas encore entièrement digéré. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Comme annoncé au début du mois, Alstom procède à une augmentation de capital d'un milliard d'euros. Cette enveloppe doit contribuer à l'objectif que s'est fixé le groupe ferroviaire, à savoir réduire sa dette de deux milliards d'euros d'ici mars 2025.

Ses deux principaux actionnaires, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Bpifrance Investissement, qui détiennent respectivement 17,4% et 7,5% du capital, se sont engagés à y souscrire au prorata de leur participation.

Ce qui correspond à un montant de 173,5 millions d'euros pour la CDPQ et de 75 millions pour Bpifrance Investissement, d'après un communiqué d'Alstom publié ce lundi 27 mai. Le groupe précise qu'il « n'a pas connaissance des intentions de souscription des autres actionnaires ».

Le prix de souscription des actions nouvelles a été établi à 13 euros par action, soit une décote de 28,6% par rapport à la valeur théorique de l'action, lors de son cours de clôture jeudi dernier. La période de souscription sera ouverte de ce jeudi 30 mai au 10 juin inclus.

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Plan de désendettement sur les rails

Alstom rencontre des difficultés ces derniers mois, en raison d'un fort endettement - la dette nette du groupe s'établissait à 2,99 milliards d'euros au 31 mars 2024 contre 2,1 milliards sur l'exercice 2022-2023 - et de fortes pertes de cash.

Ainsi, avec cette augmentation de capital, le groupe lance pleinement son plan de désendettement annoncé en novembre 2023 destiné à lui faire sortir la tête de l'eau. Celui-ci repose aussi sur un emprunt obligataire « hybride » d'environ 750 millions d'euros, placé jeudi dernier, et sur des ventes d'actifs.

Le groupe a en effet annoncé récemment des ventes équivalentes à quelque 700 millions d'euros, notamment sa participation dans le constructeur russe TMH en janvier (75 millions d'euros) et ses activités de signalisation conventionnelles en Amérique du Nord, vendues à l'allemand Knorr-Bremse AG (630 millions d'euros).

Avec la mise en place de ces mesures, le constructeur anticipe que l'agence de notation Moody's associera une perspective « stable » à sa note Baa3, signe qu'elle ne sera pas abaissée à court terme. Moody's a d'ailleurs confirmé en début du mois son intention de « stabiliser la perspective lors de la finalisation réussie » des opérations, tout en confirmant dans l'immédiat la note avec une perspective négative.

Les conséquences ne sont d'ailleurs pas que financières pour l'industriel, mais aussi sociales. Alstom a d'ores et déjà annoncé la suppression d'environ 1.500 postes administratifs dans le monde, dont environ 300 en France.

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Alstom toujours plombé par Bombardier

Les raisons des difficultés d'Alstom proviennent en grande partie de l'intégration de Bombardier, son concurrent canadien racheté en 2021 et pas encore entièrement digéré. C'était « par définition une acquisition compliquée et nous savions qu'il fallait trois-quatre ans afin de complètement intégrer Bombardier », a admis le PDG, Henri Poupart-Lafarge lors d'une conférence de presse destinée aux analystes financiers au début du mois.

Signe que cet héritage pèse encore, le groupe a plus que doublé sa perte nette sur l'exercice décalé 2023-2024, à 309 millions d'euros, contre 132 millions d'euros un an plus tôt, sous l'effet d'un certain nombre de charges exceptionnelles (frais de restructuration et d'intégration, litiges...), selon ses résultats trimestriels.

Commandes solides

Reste que le groupe ferroviaire peut compter sur un carnet de commandes solide. Il frôle les 92 milliards d'euros, « offrant une forte visibilité sur les ventes futures », estime le PDG. Ces dernières semaines, Alstom a décroché plusieurs contrats : un de 700 millions d'euros pour un tramway interurbain en Israël, un de 650 millions d'euros hors taxe pour des trains pour la ligne E du RER francilien, ou un autre de près de 1,1 milliard d'euros courants hors taxes pour moderniser le métro parisien.

L'industriel a par contre raté l'appel d'offres pour la fabrication des trains de la toute première ligne à grande vitesse des États-Unis, entre Las Vegas et Rancho Cucamong, près de Los Angeles, décroché par son concurrent, l'allemand Siemens.

(Avec AFP)

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