RER à Strasbourg : le torchon brûle entre les collectivités et la SNCF

L'Eurométropole de Strasbourg et la Région menacent de ne pas payer pour le contrat non respecté sur le « Reme », le nouveau Réseau express métropolitain européen en circulation depuis le 12 décembre 2022. Confrontée à des difficultés en période de rodage, la SNCF promet des améliorations.
La SNCF remboursera la moitié des abonnements aux clients du Reme, pendant trois mois.
La SNCF remboursera la moitié des abonnements aux clients du Reme, pendant trois mois. (Crédits : Olivier Mirguet)

Les élus avaient promis et obtenu qu'il démarre très vite, malgré les alertes des syndicats de la SNCF sur les carences et le manque de matériel roulant. Lancé le 12 décembre 2022, le Réseau express métropolitain européen (Reme) prévoyait plus de 120 trains régionaux supplémentaires chaque jour, des horaires cadencés à la demi-heure, des dessertes régionales entre le nord et le sud sans rupture de charge en gare de Strasbourg et une amplitude horaire élargie.

Trois mois plus tard, la promesse n'est pas tenue. « On est à 490 trains chaque semaine, loin des plus de 800 trains prévus », a calculé Alain Jund, vice-président de l'Eurométropole de Strasbourg en charge des transports. Pour l'élu écologiste, il n'est plus question de payer la part de sa collectivité (7 millions d'euros par an). « Nous allons procéder à un comptage permanent des trains qui circulent vraiment. Nous paierons au prorata », a-t-il confirmé à La Tribune après avoir informé en fin de semaine dernière la direction régionale de la SNCF et les maires des communes concernées.

La menace de la Région

Le Conseil régional du Grand-Est, co-financeur du Reme à parts égales avec l'Eurométropole, envisage la même sanction, sous une autre forme. « Le service manquant viendra en déduction du prochain paiement annuel versé à la SNCF », prévient Thibaud Philipps, vice-président de la Région en charge des transports. En 2022, l'ancien président de la Région Jean Rottner avait déjà haussé le ton, refusant de payer au mois d'avril pour cause de retards à répétition. La Région avait fini par régler l'intégralité de sa facture en octobre.

La promesse de ce premier RER en-dehors de l'Ile-de-France était trop belle. Perturbée par une vague de froid hivernal en Alsace, la première semaine mi-décembre a vu se succéder des retards et des annulations de trains. « Des voyageurs nous ont pris à partie sur les quais parce qu'ils n'arrivaient plus à l'heure au travail. Certains, furieux, m'ont dit qu'ils renonçaient au train à cause du Reme et qu'ils allaient reprendre leur voiture », témoigne un conducteur de train régional entre Strasbourg et Haguenau. « Manque de personnel, manque de matériel, manque de voies pour accueillir les trains, force est de constater que le Reme était un grand plan de communication et une coquille vide », s'est insurgé un voyageur dans un courrier adressé à la Région Grand-Est, publié également dans le courrier des lecteurs des Dernières nouvelles d'Alsace.

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Différences de calcul

Très vite, la SNCF a revu ses horaires et réorganisé les roulements du matériel, pour revenir à un plan de transport plus supportable par ses équipes. « Il reste certaines améliorations techniques et opérationnelles à apporter pour fluidifier les circulations, garantir la régularité et la robustesse face aux aléas. Le passage d'un service TER à un Réseau express métropolitain est inédit et nécessite un profond changement opérationnel : sa mise en place implique une refonte complète du plan de transport, que nous avons construit en partant de zéro », se justifie le service de communication régional de la SNCF, évoquant « 800 cheminots qui s'y préparent depuis trois ans ». La SNCF revendiquait le 1er mars « 580 trains en plus par semaine par rapport à l'avant-Reme », un calcul un peu plus optimiste que les 490 trains évoqués par les collectivités qui financent leur circulation.

Pour apaiser la colère des voyageurs, le Conseil régional a annoncé dès le 14 janvier la prise en charge par la SNCF de la moitié du prix des abonnements mensuels entre février 2023 et avril 2023. Un nouveau plan de montée en charge du Reme a été présenté mi-janvier par l'autorité organisatrice et la SNCF. Le service qui était promis en décembre 2022 est désormais prévu en août 2023.

Des riverains opposés aux infrastructures du Reme

Pour répondre au manque de matériel roulant constaté lors du lancement du Reme, la Région a confirmé la réception de neuf rames Régiolis, qui ont commencé à transporter leurs premiers voyageurs en périphérie de Strasbourg. Mais il faudra encore investir dans la maintenance. Le 1er mars à Schiltigheim, la Région et SNCF Réseau ont présenté un projet de « Technicentre » dédié à l'entretien des autorails du Reme. Dans cette commune de 35.000 habitants, en banlieue proche de Strasbourg, les habitants ont déjà exprimé leur refus d'accueillir ce futur équipement, pourtant nécessaire, construit au plus tôt en 2025. Les riverains de la voie ferrée critiquent aussi le fonctionnement au gazole des trains régionaux (les nouveaux autorails Régiolis sont bi-mode, gazole et électrique, NDLR) sur certaines lignes. Les élus font face également à la colère de usagers de la ligne vers Lauterbourg, au nord de Strasbourg, pas incluse dans le Reme faute d'une infrastructure suffisante. La Région a promis d'y remédier. Le coût des travaux, voies et ballast, devrait s'élever à plus de 100 millions d'euros.

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Commentaires 2
à écrit le 02/03/2023 à 23:14
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Comme d’hab que de l affichage politique …et de la comm : élus et sncf ne pouvaient ils pas se mettre d accord/ s organiser en amont ? / le technicentre aurait dû être prévu dès le départ mais comme ils savaient - politiques locaux et sncf qu il y a...

à écrit le 02/03/2023 à 23:14
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Comme d’hab que de l affichage politique …et de la comm : élus et sncf ne pouvaient ils pas se mettre d accord/ s organiser en amont ? / le technicentre aurait dû être prévu dès le départ mais comme ils savaient - politiques locaux et sncf qu il y a...

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