L'Autorité italienne de la concurrence et du marché (AGCM) ne connaît visiblement pas la trêve des confiseurs. Elle vient d'annoncer, le 27 décembre, l'ouverture d'une enquête préliminaire à l'encontre de quatre compagnies aériennes pour entente et abus de position dominante. Les compagnies à bas coûts Ryanair, Wizzair et Easyjet, ainsi que la compagnie d'Etat ITA Airways sont ainsi soupçonnées d'avoir pratiqué des augmentations de prix coordonnées sur les billets d'avion entre les principales villes du centre et du Nord de l'Italie (Rome, Bologne, Turin et Milan) et la Sicile pour la période des vacances de Noël. Cette démarche fait suite à une accusation portée par Codacons Sicilia, une association locale de consommateurs.
Selon l'ACGM, à l'exception de quelques routes, « à l'approche des fêtes de fin d'année, on assiste à une augmentation générale et constante du prix des billets d'avion », tableau de données à l'appui. Et le préjudice porterait « en particulier les vols en classe économique ».
700 % d'augmentation
L'autorité italienne prend l'exemple des vols depuis Milan (tous aéroports confondus) vers Catane et Palerme. Le prix moyen d'un billet le 23 décembre est monté jusqu'à 201 euros, « soit plus de 700 % du prix enregistré en période post-vacances, qui est d'environ 28 euros ». Et ce en dépit d'une offre très importante, allant jusqu'à vingt vols par jour opérés par les quatre compagnies tant entre Milan et Palerme qu'entre Milan et Catane.
L'ACGM ajoute « qu'en outre, notamment en ce qui concerne les liaisons au départ de Milan pour le prix global de l'ensemble du trajet aller-retour, on constate un alignement substantiel des prix pratiqués par les différents opérateurs. »
Les tarifs se sont aussi envolés depuis Rome. Le prix d'un billet Ryanair pour un Rome-Palerme le 23 décembre était ainsi de 373 euros, contre 40 euros le 8 janvier. Il a donc été multiplié par neuf. Et un aller-retour, avec départ le 23 décembre et retour le 6 janvier, grimpait jusqu'à 438 euros. En face, les prix d'ITA Airways ont également augmenté, mais de manière plus raisonnable (multiplié par 3). La collusion semble donc moins évidente à première vue.
Comportement collusoire
Si elle reconnaît sans ambages les principes de la gestion des revenus (« revenue management ») « en fonction de plusieurs facteurs, tels que les coûts de la compagnie, la disponibilité des sièges, la demande attendue (qui peut être très élevée à Noël et en été) ou la politique tarifaire des concurrents (ajustement rationnel) », l'ACGM considère « que l'augmentation des prix des billets d'avion pendant la période de Noël pourrait être le résultat d'un comportement collusoire entre les transporteurs aériens, éventuellement facilité par l'utilisation d'algorithmes de tarification, plutôt qu'une adaptation rationnelle aux conditions du marché. »
Outre un possible « alignement anormal des prix », l'autorité justifie aussi sa décision d'ouvrir une enquête plus approfondie par le fait que les différents concurrents n'aient pris aucune initiative « visant à obtenir un meilleur ajustement de l'offre à la demande, ce qui serait également conforme à une stratégie légitime de maximisation des profits ».
Interrogée par l'agence Reuters, la compagnie à bas coût britannique Easyjet a nié tout acte répréhensible, indiquant qu'elle « réfute fermement ces allégations, adhère aux lois et règlements en vigueur et coopérera pleinement avec les autorités pour démontrer qu'elle a toujours agi dans le respect de la loi et de la concurrence, dans l'intérêt des consommateurs ». Toujours selon Reuters, les autres compagnies aériennes concernées n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.
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