Après Vinci et Bouygues, Eiffage définit sa stratégie bas-carbone

Le numéro 3 mondial du BTP veut "réduire significativement" ses émissions de CO2 internes et externes. Sans se fixer, pour l'instant, des objectifs chiffrés.
César Armand
(Crédits : Regis Duvignau)

Les semaines se suivent et se ressemblent dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Après Vinci et Bouygues, qui se sont engagés à limiter l'empreinte CO2 de leur groupe, c'est au tour d'Eiffage de définir une stratégie bas-carbone. Lors de la présentation de ses résultats annuels 2019, ce 27 février 2020, la géant du BTP a annoncé vouloir "réduire significativement" ses émissions de CO2 internes et externes.

Eiffage entend en effet "être exemplaire sur ses propres émissions", c'est-à-dire celles liées à ses déplacements - flottes de véhicules, voyages -, à ses consommations - eau, énergie, informatique - et à sa production de matériaux - carrières, centrales. De même, le groupe déclare "accroître et valoriser [son] offre de solutions" pour éviter les émissions, tant sur ses chantiers que pendant tout le cycle de vie du bâtiment ou de l'ouvrage qu'elle conçoit pour le compte de tiers.

"Notre attention est portée sur deux axes: notre propre empreinte carbone et notre offre, sur l'ensemble de nos métiers, pour aider nos clients à éviter des émissions", résume son pdg Benoît de Ruffray.

Une plateforme carbone et climat

Dès le 26 juin dernier, le géant du BTP a ainsi lancé Sekoya, une "plateforme carbone et climat dédiée à la remontée de solutions bas carbone pour la ville et les infrastructures durables". Il est accompagné par huit partenaires spécialisés dans la construction, l'énergie et l'immobilier: le Conseil scientifique et technique du bâtiment (CSTB), Covivio, Gerflor, GRDF, Legrand, Saint-Gobain, Vicat et l'Union sociale pour l'habitat.

En janvier, tous ces acteurs ont déjà sélectionné dix startups, PME et ETI, qui "peuvent entrer dans leurs appels d'offres et faire du concret avec eux", explique Benoit de Ruffray. Il s'agit de Celloz, Sylfen - qui produit de l'hydrogène pour bâtiments et écoquartiers -, Source urbaine, Circouleur - qui récupère les fonds de pots de peinture pour en produire de nouveaux - Backcacia, Ninorobotics, Kempro Environnement, TechnoCarbon, Fabemi et Misapor.

Eiffage est par ailleurs très fier de son partenariat avec Volvo Trucks, qui lui met à disposition quinze poids lourds roulant au gaz naturel liquéfié (GNL) pour évacuer les déblais du Grand Paris Express. Il va en outre déployer d'ici à deux ans 68 stations de recharge électrique "à très haute puissance" sur ses autoroutes, en plus des 29 existantes.

En situation d'interdépendance

Ses principaux concurrents Bouygues et Vinci espèrent, tous deux, réduire leurs émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2030, Vinci rêvant même d'atteindre la neutralité carbone en 2050. A la question de La Tribune de savoir si Eiffage va se fixer des objectifs chiffrés dans son premier reporting carbone climat prévu pour avril 2020, le pdg considère qu'"il faut raison garder sur ces sujets".

"Soit vous prenez une méthodologie qui consiste à dire 'je ne fais rien et je prends l'engagement que ça va baisser', soit vous cherchez à réduire quelle que soit la croissance de l'activité. Nous, nous travaillons sur ces deux méthodologies car nous sommes en interdépendance", assure Benoît de Ruffray.

En réalité, le patron d'Eiffage mise davantage sur la diminution des émissions externes - "c'est là qu'il y a un vivier et nous sommes très forts pour nos clients" - que sur la baisse des émissions internes - "qui dépend des technologies qui nous sont données et qui bénéficie des progrès des autres".

César Armand

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