Nouvelle capitaine à bord, Catherine MacGregor défend les choix industriels d’Engie

Devant les sénateurs, Catherine MacGregor, la nouvelle directrice générale d'Engie, a défendu la stratégie de recentrage du groupe, qui souhaite accélérer dans les renouvelables et les infrastructures. Cette réorientation doit se traduire par une séparation du groupe en deux entités : Engie d'un côté et "Bright" de l'autre, qui a vocation à être vendue. Pour elle, il n'est pas question d'un démantèlement, mais d'un vrai projet industriel.
Juliette Raynal
(Crédits : TechnipFMC)

"Il ne s'agit pas de démanteler Engie", a affirmé à plusieurs reprises Catherine MacGregor, la nouvelle directrice générale de l'énergéticien, lors de son audition devant la commission des affaires économiques du Sénat, ce mercredi 3 mars.

En fonction depuis le 1er janvier dernier, la dirigeante a longuement été interrogée par les sénateurs sur le recentrage en cours d'Engie. Le principal fournisseur de gaz en Europe (anciennement GDF-Suez) a annoncé l'été dernier une nouvelle orientation stratégique visant à simplifier le groupe et à donner un coup d'accélérateur sur les énergies renouvelables et les infrastructures gazières et urbaines.

Rester leader dans les renouvelables

Engie se revendique aujourd'hui premier producteur d'électricité éolien et solaire en France avec 3,8 GW installés dans l'Hexagone. A l'échelle internationale, le groupe compte 31 GW de capacités installées et s'est fixé comme objectif d'accroître sa capacité de 9 GW en trois ans. Mais il est concurrencé par des poids lourds comme l'italien Enel, l'espagnol Iberdrola ou encore Total, qui accélère dans les énergies renouvelables.

"Nous sommes un acteur historique, et nous devons être leader dans les renouvelables. Il faut que nous y consacrions beaucoup d'attention. Il ne s'agit pas de démanteler Engie mais de maintenir Engie au devant de la scène", a insisté cette ingénieure de formation, passée par le parapétrolier Schlumberger et TechnipFMC.

Pour se donner les moyens d'accélérer sur ce terrain très compétitif, Engie entend faire le tri dans ses activités de services dédiés aux collectivités locales et aux entreprises. Baptisées en interne Solutions Clients, ces activités représentent environ 20 milliards de chiffre d'affaires (sur un chiffre d'affaires global du groupe de 60 milliards environ).

Au sein de ce portefeuille d'activités, celles liées aux énergies renouvelables et aux infrastructures ont vocation à rester au sein d'Engie. Elles représentent environ 35.000 employés et comprennent notamment les réseaux urbains de chaleur et de froid, mais aussi la production d'énergie décentralisée, l'efficacité énergétique (opérée notamment par sa filiale Cofelis), la ville intelligente, la mobilité verte et l'ingénierie.

Scinder le groupe en deux entités avant l'été

Les autres services, ceux qui doivent sortir à terme de l'orbite d'Engie, seront eux regroupés dans une nouvelle entité, aujourd'hui baptisée "Bright". "C'est un nom de code. Ce n'est pas le nom définitif", a souligné Catherine MacGregor.

"Nous espérons une création juridique de cette nouvelle entité au sein du groupe au 1er juillet 2021", a-t-elle précisé.

Dans le détail, cette future entité devra rassembler les activités d'installations électriques, de chauffage, de ventilation et de climatisation ainsi que les services liés à l'information et la communication. "Ce sont des activités plus éloignées [des énergies renouvelables et des infrastructures, ndlr] et avec lesquelles peu de synergies ont émergé", a commenté la dirigeante.

"Bright" sera présente dans 10 à 15 pays et emploiera plus de 74.000 collaborateurs (soit près de la moitié des effectifs au niveau mondial), dont 20.000 en France. Un projet qui inquiète les organisations syndicales, dont certaines, comme la CGT, craignent un démantèlement, en faisant un parallèle avec le projet Hercule qui vise à réorganiser EDF.

Un "vrai projet industriel pour Bright"

Face à ces inquiétudes remontées par les sénateurs, Catherine MacGregor a voulu rassurer. "Je rejette le mot démantèlement" a-t-elle affirmé.

"Nous voulons créer une vraie entité à vocation industrielle. Il y aura la place pour ce futur 'Bright', aux côtés de Spie et de Vinci Energies. C'est un des engagements que nous avons pris auprès de nos partenaires sociaux. Nous pensons que ces 74.000 salariés auront un meilleur avenir, une meilleure attention managériale dans une entité dédiée", a t-elle assuré, alors que le projet a été présenté aux instances représentatives du personnel le 18 février dernier.

Aujourd'hui, l'avenir de l'entité "Bright" reste encore à définir. Car si elle doit être créée au sein du groupe Engie, le but est bien de s'en séparer. Trois options se dessinent alors : trouver un repreneur à l'appétit XXL, capable de s'offrir un aussi gros morceau (entre 12 et 13 milliards de chiffres d'affaires). Effectuer une introduction en Bourse, relativement délicate dans les conditions de marché actuelles. Ou bien ouvrir le capital à un fonds d'investissement, avec la possibilité pour Engie de diminuer progressivement sa participation. Cette troisième piste, a priori privilégiée, attise les convoitises. Selon la presse, de nombreux poids lourds du capital-investissement auraient déjà manifesté leur intérêt pour le dossier.

Mais la valorisation de Bright n'est pas encore arrêtée, car les contours de la future société sont toujours en cours de définition. "Nous travaillons sur la carte d'identité et la raison d'être de cette entité", a indiqué aux sénateurs la dirigeante. C'est Jérôme Stubler, un ancien de Vinci Construction et nouveau membre du comité exécutif, qui est chargé de dessiner les contours de "Bright". Il dirigera par la suite cette nouvelle entité.

Le nucléaire pas une priorité

Outre ce projet de scission en deux entités, la stratégie de recentrage d'Engie se traduira également par la vente de deux filiales d'Engie : Endel, spécialisée entre autres dans les opérations de maintenance nucléaire, et GTT, spécialiste du gaz liquéfié et présenté comme une pépite technologique, dont Engie détient 40,4% du capital. Le groupe envisage de vendre tout ou partie de cette participation, via une vente classique à un tiers ou une vente sur les marchés. Mais pour l'heure, aucun calendrier des deux processus de vente n'a encore été établi, a expliqué la directrice générale. Concernant la cession d'Endel, elle a précisé qu'il s'agissait d'une "activité très sensible et donc pour laquelle, quoi que l'on fasse, nous serons en dialogue avec notre client [EDF, ndlr] et l'Etat actionnaire".

La nouvelle dirigeante a d'ailleurs confirmé que l'énergie nucléaire n'était pas une priorité pour le groupe.

"Après 2025, nous n'opérerons plus de centrales nucléaires en Belgique, ni dans le monde. Nous n'avons pas vocation à développer du nucléaire, mais nous ne sortirons pas du nucléaire pour autant car les projets de démantèlement sont de vrais projets industriels qui prennent du temps", a-t-elle souligné.

Aujourd'hui, Engie opère encore sept réacteurs en Belgique via sa filiale locale Electrabel. Compte tenu de cette décision, le groupe va devoir réaliser d'importantes provisions pour financer le démantèlement et la gestion des déchets radioactifs.

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 03/03/2021 à 21:45
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C'est une catastrophe cette entreprise, on a beau changé les dirigeants c est de pire en pire

à écrit le 03/03/2021 à 18:21
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c'est le pb de bcp de groupes a la francaise on leur casse les jambes puis on leur demande de courir pour tirer la charette quand ca ira plus mal, segolene pourra se feliciter d'avoir demande a engie de ' prendre ses responsabilites', comme elle la...

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