Les courses de Noël sont de plus en plus chères

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Les néo-banques vont-elles faire sauter la banque : la fracassante entrée en bourse de la fintech brésilienne Nubank change la donne. La France veut jouer dans la cour des grands dans le spatial et faire comme Elon Musk des lanceurs réutilisables. Macron, Pécresse, Hidalgo, la présidence française de l'Union pour oublier Maastricht... Et autres infos de la semaine écoulée.
Philippe Mabille
(Crédits : ARND WIEGMANN)

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1000 euros le client ! Eric Benhamou, notre « finance editor » vous raconte cette semaine la folle samba boursière d'une néo-banque brésilienne, Nubank, qui vient de faire une entrée fracassante à Wall Street. Réincarnation version 2021 de la folie des « assignats » dénoncée par Michel Bon (ancien patron de France Télécom) au moment de la bulle internet, lorsque J6M était le pape de la nouvelle économie ? David Velez, le PDG et fondateur de Nubank est-il une réincarnation de Jean-Marie Messier-Moi-Même-Maître du monde ? Soutenu par Warren Buffet, l'oracle d'Omaha,il vient en tout cas de réaliser l'un des plus gros coups de l'année en introduisant en Bourse jeudi cette fintech brésilienne dont la capitalisation a atteint, au premier jour de cotation 1000 fois le nombre de ses clients. 48 milliards de dollars, 48 millions de clients en ligne, aucune agence, l'équation est redoutable.

Alors faut-il s'en féliciter ou s'en inquiéter ? Selon Factset, les 10 plus grosses introductions en bourse de la tech ont connu un gros gadin en 2021, le record étant le courtier en ligne Robinhood qui a perdu 74% de sa valeur depuis son IPO. D'un autre, si on croit à la sélectivité et au rôle schumpetierien de l'innovation, c'est peut-être surtout pour l'ancien monde, en l'occurrence les banques traditionnelles qu'il faut se préoccuper. Nubank vaut déjà presque deux fois plus cher que la deuxième banque française, la Société générale pourtant en pleine remontada et n'est plus si loin de BNP Paribas, la banque « d'un monde qui change » et ses 71 milliards d'euros de valeur boursière. Comme tous les secteurs disruptés par le digital, de la musique au cinéma en passant par la distribution ou le tourisme, la décennie 2020 sera celle des grandes remises en cause et des grandes manœuvres pour toutes les grandes banques. Les clients leurs restent fidèles, mais, de plus en plus tentés par l'expérience digitale, le resteront-ils longtemps ? Tel est le défi.

Toujours dans la finance, Eric Benhamou nous parle d'un autre potentiel futur géant, Lydia, qui veut révolutionner les services bancaires, L'appli de paiement, fondée par Cyril Chiche, qui s'est inspiré du roi Midas, boucle son troisième tour de table et vaut déjà 1 milliard d'euros entrant dans le club fermé des licornes et visant l'international.

Tout cela attise les convoitises même si le marché est cher. Tikehau Capital, le fonds d'investissement créé par deux entrepreneurs français, Antoine Flamarion et Mathieu Chabran, vient de lancer avec le milliardaire Bernard Arnault un deuxième SPAC (Special Purpose Acquisition Company) baptisé Pegasus Entrepreneurs pour réaliser une acquisition à 200 millions en Europe. Le même Tikehau avait levé près de 500 millions d'euros avec le banquier Jean-Pierre Mustier, un ancien de Société Générale, pour trouver une cible dans les services financiers justement. Mais avec la flambée des marchés, les courses de Noël sont de plus en plus chères...

Sur les marchés, apparemment, « sky is the limit », Mais les horizons sont aussi en train de se dégager pour un secteur méconnu et pourtant essentiel, l'industrie spatial, qui pourrait connaître elle aussi une décennie fabuleuse si l'on en croit notre spécialiste du « New Space », Michel Cabirol. Après des années à jalouser Elon Musk et SpaceX, il raconte qu'ArianeGroup est sur le point de disposer de la technologie des mini-lanceurs réutilisables français, concurrents de ceux actuellement développés en Allemagne.

Si Paris et Berlin coopèrent sur le spatial dans les lanceurs lourds avec Ariane 6, cette concurrence est logique et doit permettre à la France de rester leader dans la compétition pour le « NewSpace » qui agite actuellement la commission européen et son bouillant commissaire au marché intérieur, le Français Thierry Breton.

A l'approche de la présidentielle, et alors que le spatial est au coeur du plan France 2030 d'Emmanuel Macron, toute la filière, qui représente 15.000 personnes, a lancé une opération de séduction pour convaincre l'opinion publique que l'espace, c'est aussi l'avenir de la vie sur Terre. Objectif de ce lobbying : démontrer que la question de l'accès à l'espace est majeure.

Les 23 dirigeants de la filière qui se sont regroupés dans cette initiative intitulée SpacEarth Initiative, signent une tribune dans La Tribune, pour que la France ne rate pas « le tournant de 2022 ».

L'espace est notamment clé pour surveiller l'avenir du climat sur Terre. On peut le voir du ciel, mais aussi, avec  l'explorateur français Jean-Louis Etienne, sur la mer, grâce à son génial Polar Pod qui permet de veiller sur les pôles. Pascale Paoli-Lebailly, notre correspondante en Bretagne, nous invite à garder un œil sur cette aventure qui crée des emplois dans le chantier naval Piriou de Concarneau qui construit le voilier ravitailleur de la station, baptisé du beau nom de Persévérance.

Persévérer, c'est la question que doit être en train de se poser Anne Hidalgo qui vient de renverser la table en proposant une primaire ouverte de la gauche, à quatre mois de la présidentielle. Initiative qui a été boudée par tous ses « amis », sauf Arnaud Montebourg. Pendant que les uns se demandent « où est passée la gauche », qui rassemble au total moins d'un électeur sur quatre sur l'ensemble des candidatures déclarées, il y en a une qui vient de monter au ciel, c'est Valérie Pécresse, désormais créditée d'un accès au second tour face à Emmanuel Macron (qu'elle pourrait même battre selon de premiers sondages).

En une semaine, elle est devenue non seulement la « cheffe » de la droite, mais son principal espoir alors que Zemmour décroche face à Marine Le Pen. « Valérie la rouge », pour ses célèbres tailleurs, rebat les cartes de 2022 et déringardise une droite jusqu'ici dominée par des mâles blancs de plus de 50 ans. Pécresse, la Merkel française, écrit notre chroniqueur politique Marc Endeweld, change aussi la donne pour tous les espoirs putatifs de la droite en... 2027, à commencer par Edouard Philippe et Laurent Wauquiez dont elle va changer les plans, si elle l'emporte en avril prochain.

Cette présidentielle est décidément pleine de surprises et en attendant la prochaine, risque d'être impactée par la cinquième vague du Covid qui vient déclencher les plans blancs dans les hôpitaux de nombreuses régions. Seule bonne nouvelle, Omicron serait moins dangereux qu'on ne l'a pensé au début. Et avec une croissance record confirmée en 2021, la France tient le choc. Pour l'instant.

Pour Emmanuel Macron, toujours en tête de la course pour sa réélection, le calendrier s'accélère. Et l'Europe pourrait bien être sa planche de salut avec l'ouverture de « sa » présidence. Lors de sa conférence de presse, le pas-encore-candidat bien décidé à présider jusqu'au dernier quart d'heure, a dévoilé jeudi un calendrier ambitieux qu'il va devoir courir au rythme d'un 100 mètres olympique d'ici au sommet conclusif de mars prochain.

En première ligne sur les grands sujets économiques de la présidence française, Bruno Le Maire, qui a gagné ses galons de chef de la majorité en affrontant sans concessions le candidat Zemmour - qu'il a qualifié de « graine de dictateur » -, ne va pas beaucoup dormir dans les semaines qui viennent, si l'on en croit Grégoire Normand qui raconte ce qui attend Bercy pour tenir les promesses de Macron. Mission impossible ? Pour Macron, président de l'Europe, qui veut faire tomber les règles budgétaire de Maastricht pour financer cinq plans d'investissement, « sky is the limit » aussi...

Philippe Mabille

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Commentaires 4
à écrit le 12/12/2021 à 15:32
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C'est logique, avant avec la baisse du prix des produits technologiques cela compensait la hausse permanente de ceux de première nécessité, avec une qualité pourtant en chute libre seulement le fléau de la marge bénéficiaire de l'actionnaire,faussant...

à écrit le 12/12/2021 à 12:50
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Les plus malins décalent leur Noël a Pâques

à écrit le 12/12/2021 à 4:21
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Vous croyez que les sommes pretees ne seront jamais payees ? Naif. Les investisseurs en cas de non pauement se tourneront definitivement et les francais mangeront des racines. Attendez que les taux remontent, c'est inevitable. Lagarde veut y croire..

à écrit le 11/12/2021 à 12:14
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he oui, les ineffables politiques des banques centrales ont cree des bulles qui vont un jour faire de tres gros degats ' payes par personne', comme on dit si bien en france

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