"Le logiciel de Madame Le Pen est resté brutal, nationaliste et identitaire"

A deux jours du second tour de l'élection présidentielle, 30 présidents de conseils départementaux* appellent à faire barrage à la candidate du Rassemblement National. Selon eux, "les réponses simplistes qu'elle porte, ses obsessions antirépublicaines et son admiration pour les dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine ne pourront qu'aggraver notre situation nationale et déstabiliser la place de la France sur le plan international".
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Les Français se sont exprimés lors du premier tour de l'élection présidentielle. Le scrutin oppose désormais le Président sortant Emmanuel Macron, à Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national. Contrairement aux scrutins de 2002 et 2017, le « front républicain » érigé en pareille circonstance est, cette année, une moindre évidence pour beaucoup d'électeurs. Indéniablement, l'entreprise de banalisation de Marine Le Pen et de son programme a en partie réussi.

Nous, élus locaux et responsables de Départements, suivons avec une extrême vigilance la situation politique de notre pays et les vertiges que nous pourrions connaître si d'aventure, nos concitoyens faisaient le choix le 24 avril d'une candidate dont le programme demeure profondément nationaliste et xénophobe et toujours contraire aux valeurs démocratiques et républicaines.

Élus de proximité, en charge des solidarités humaines et territoriales, nous sommes les premiers à constater les difficultés qui ont amené certains électeurs à se tourner une nouvelle fois massivement vers l'extrême droite. Nous savons pourtant que le projet de Madame Le Pen ne les résoudra en rien. Au contraire, les réponses simplistes qu'elle porte, ses obsessions antirépublicaines et son admiration pour les dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine ne pourront qu'aggraver notre situation nationale et déstabiliser la place de la France sur le plan international.

Nous identifions, tout d'abord, un risque certain sur notre niveau de protection sociale, avec la fragilisation de notre économie. Nous redoutons ensuite une menace sur nos libertés individuelles et locales, avec la remise en cause de nos institutions et de notre État de droit.

"Menaces sur la protection sociale et les libertés individuelles et locales"

La fermeture des frontières (aux voyageurs comme aux investisseurs), le retrait de notre pays de plusieurs dispositifs européens (dont la PAC) ou encore l'accumulation de dépenses nouvelles (sans recettes convaincantes en regard) conduiraient la France à une récession certaine.

Au repli économique s'ajouterait la fracturation de notre société, traversée par la « préférence nationale » et la mise au ban de citoyens de deuxième catégorie. Nous nourrissons également de vives inquiétudes sur les droits des femmes, avec celle dont le positionnement sur l'IVG, par exemple, est plus proche de de Viktor Orban que de Simone Veil. Malgré une entreprise patiente et savamment menée de dédiabolisation, le logiciel de Madame Le Pen est resté brutal, nationaliste et identitaire.

Une brutalité que nous retrouvons dans la lecture autoritaire et populiste qu'elle fait de nos institutions, souhaitant s'affranchir le plus possible des contrôles du Conseil constitutionnel ou du Parlement. Sa méfiance, tant de fois manifestée envers la démocratie représentative et les corps intermédiaires laisse présager un difficile dialogue avec les collectivités territoriales, dont le principe de différenciation ou le pouvoir réglementaire local seront inévitablement contestés.

Porter la voix des territoires

Cet appel à la responsabilité des électeurs n'est pas une consigne de vote : les Français sont libres. Il s'agit, pour nous, présidents de Départements, aux prises directes avec les préoccupations et les difficultés quotidiennes des Français, d'alerter sur ce qui menacerait notre action en cas d'élection de Madame Le Pen. Cet appel n'est pas, non plus, un blanc-seing au Président de la République s'il est réélu.

Pour notre part, parce que notre combat contre l'extrême droite a toujours été clair, nous glisserons sans aucune hésitation, dans l'urne le dimanche 24 avril, le seul bulletin de vote encore porteur de nos valeurs démocratiques et républicaines : celui d'Emmanuel Macron.

*Signataires :

  • André Accary, président du conseil départemental de la Saône-et-Loire
  • Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines
  • Bertrand Bellanger, président du conseil départemental de Seine-Maritime
  • Frédéric Bierry, président de la collectivité européenne d'Alsace
  • Noël Bourgeois, président du conseil départemental des Ardennes
  • Christian Bruyen, président du conseil départemental de la Marne
  • Maël de Calan, président du conseil départemental du Finistère
  • Coralie Denoues, présidente du conseil départemental des Deux-Sèvres
  • Jérôme Dumont, président du conseil départemental de la Meuse
  • Jean-Léonce Dupont, président du conseil départemental du Calvados
  • Jacques Fleury, président du conseil départemental du Cher
  • Nicolas Fricoteaux, président du conseil départemental de l'Aisne
  • Marc Gaudet, président du conseil départemental du Loiret
  • Stéphane Haussoulier, président du conseil départemental de la Somme
  • David Lappartient, président du conseil départemental du Morbihan
  • Jean-Jacques Lasserre, président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques
  • Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, président du conseil départemental de l'Eure
  • Guy Losbar, président du conseil départemental de Guadeloupe
  • Sylvie Marcilly, présidente du conseil départemental de la Charente-Maritime
  • Cyrille Melchior, président du conseil départemental de La Réunion
  • Kléber Mesquida, président du conseil départemental de l'Hérault
  • Germinal Peiro, président du conseil départemental de Dordogne
  • Philippe Pichery, président du conseil départemental de l'Aube
  • Christian Poiret, président du conseil départemental du Nord
  • Olivier Richefou, président du conseil départemental de la Mayenne
  • François Sauvadet, président du conseil départemental de la Côte d'Or
  • Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône
  • Arnaud Viala, président du conseil départemental de l'Aveyron
  • Michel Weill, président du conseil départemental du Tarn et Garonne
  • Patrick Weiten, président du conseil départemental de la Moselle

Lire aussi 4 mnPrésidentielle : La Tribune appelle à défendre la République en votant Emmanuel Macron

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Commentaires 13
à écrit le 23/04/2022 à 15:48
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vos avis sont hyper-tandancieux , il est lamentable que dans ce pays on ne puisse s'exprimer d'une manière différente sans déclencher la machine à broyer de la bien pensance ! lorsque le président ment au vu et su de tous , personne ne relève ses di...

à écrit le 23/04/2022 à 12:58
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Oui, et alors ? pendant des années les politiciens ont refusé que les français soient ou s'appellent français sans accuser le peuple de raciste, de fasciste, de nier ce qu'est être français au non d'une immigration qui a tous les droits... Quand je v...

à écrit le 23/04/2022 à 3:28
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Les gilets jaunes et les non-vaccinés apprécieront l’ironie. Ce n’est pas parce qu’un groupe politique perd la main que c’est la fin du monde. Le respect de la démocratie semble vraiment à géométrie variable. Je suis toujours surpris par le mépris d...

à écrit le 22/04/2022 à 18:36
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Ce sont vraisemblablement les mêmes qui ont dégueulé sur E. Macron pendant cinq ans. On ne se refait pas. Si Améne Le Pire est élue, ce sera bien grâce à toutes ces girouettes.

à écrit le 22/04/2022 à 18:10
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Encore des qui cherchent des bonnes places.

à écrit le 22/04/2022 à 18:05
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Ce qui est excessif est insignifiant...

à écrit le 22/04/2022 à 17:46
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" Cet appel n'est pas, non plus, un blanc-seing au Président de la République s'il est réélu." Tu parles ,Macron s'en tape de leur blanc-seing ,ils ont dit quoi depuis 5 ans ces présidents...rien

à écrit le 22/04/2022 à 16:10
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Ont voi que les places sont toujours aussi chaudes pour ceux qui demandent à faire barrage aux fn et la possibilité d'avoir une femme au pouvoir leurs fait peur de voir qu'elles serait plus à la hauteur des problèmes familiaux en France

à écrit le 22/04/2022 à 16:07
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Si ce n'est elle, il faudra bien un jour ou l'autre lutter contre l'insécurité qui s'installe dans tous les départements, villes ou campagnes en France, ceci allié à l'immigration incontrôlée à l'augmentation généralisée des prix, services, loyers, l...

à écrit le 22/04/2022 à 15:43
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Ou étaient ces 30 représentants quand le président macron a bafoué l'état de droit en passant en force sa loi sur le passe vaccinale? ou était le conseil constitutionnel qui doit contrôler que ces énorme restrictions de liberté devaient avoir une jus...

à écrit le 22/04/2022 à 15:42
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Tous ces laches bien plus tolérants avec le qatar,bien vîte oublies toutes les victimes des attentats Honte à vous

à écrit le 22/04/2022 à 15:40
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Nation,culture, drapeau, frontières comme Zelinski ! Pas très cohérents,surtout fauxculs ces élus qui font semblant de pleurer sur l’ukraine ,mais qui veulent tout simplement garder leurs privileges

à écrit le 22/04/2022 à 15:40
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Nation,culture, drapeau, frontières comme Zelinski ! Pas très cohérents,surtout fauxculs ces élus qui font semblant de pleurer sur l’ukraine ,mais qui veulent tout simplement garder leurs privileges

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