Comment la Région Bretagne s'engage dans la lutte contre la misère et la précarité

Le 7 avril dernier, le Conseil régional de Bretagne s’est prononcé sur la stratégie régionale des transitions socio-économiques dite SRTES. Notamment constitué d’un volet « Bien vivre en Bretagne », ce plan engage 57 mesures pour lutter contre la misère et la précarité d’ici à 2027. Les territoires ruraux et les « quartiers » urbains, où le taux de pauvreté s’enracine entre 33% et 60%, sont particulièrement concernés.
Pour lutter contre la précarité des jeunes, la Région Bretagne a mis en oeuvre depuis septembre 2022 une nouvelle tarification solidaire dans la restauration et l'hébergement des lycées. Elle soutient aussi les quatre principaux réseaux d'aide alimentaire.
Pour lutter contre la précarité des jeunes, la Région Bretagne a mis en oeuvre depuis septembre 2022 une nouvelle tarification solidaire dans la restauration et l'hébergement des lycées. Elle soutient aussi les quatre principaux réseaux d'aide alimentaire. (Crédits : Reuters)

Dialogue et recherche de la cohésion sociale. Dans un contexte national de climat social tendu, le Conseil régional de Bretagne a voté le 7 avril sa nouvelle stratégie régionale des transitions socio-économiques, dite SRTES. Outre les questions de transition et de souveraineté, la recherche d'une cohésion sociale plus forte entre dans les objectifs de l'exécutif régional d'allier « création de valeurs et enjeux sociaux ».

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Cette ambition va de pair avec une nouvelle politique de mobilisation contre la misère et la précarité d'ici à 2027. Dans le cadre de son action « Bien vivre en Bretagne », le Conseil régional compte engager un plan de 57 mesures concrètes. Avec 350.000 personnes sous le seuil de la pauvreté (1.063 euros par mois), soit 10,8% de la population, la Bretagne n'est pas la région la plus touchée (14,6% au niveau national).

Mais depuis la crise sanitaire, l'inflation des prix de l'énergie, des produits de première nécessité et les difficultés croissantes à se loger à des prix abordables, à se soigner, à accéder à l'emploi ou à la formation, ont des effets de plus en plus visibles.

Transport, alimentation... Des priorités

« Pour mener à bien le développement durable de la Bretagne, la Région s'engage contre la misère. L'urgence sociale impose aujourd'hui d'aller plus loin, en facilitant l'accès ou le retour des plus démunis aux services essentiels auxquels ils ont tous droit », a fait valoir Loïg Chesnais-Girard, lors d'une récente inauguration d'Envie 29 à Brest, une entreprise de l'économie sociale et solidaire, qui allie réemploi de matériel et insertion par l'activité économique.

Porté par Régine Roué, l'élue en charge du dossier, ce plan de lutte contre la misère et la pauvreté prévoit, entre autres, l'instauration d'une tarification sociale dans les transports, une aide au permis de conduire pour les stagiaires en formation ou encore le soutien, en vigueur depuis septembre dernier, aux quatre principaux réseaux d'aide alimentaire.

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Jugé « très favorablement » par le Ceser, ce train de mesures sera amené « à évoluer au fil des années et des échanges avec les interlocuteurs », précise Régine Droué, la rapporteuse du document, présenté le 7 avril aux élus. Chaque année, la Région rendra compte de son action et identifiera ses priorités. Pour 2023, il s'agit du « bien manger » pour tous et des mobilités.

Une nouvelle tarification solidaire dans la restauration et l'hébergement des lycées a, par exemple, été fixée. Pour la rentrée 2025, la Région prévoit d'étudier une modulation tarifaire à vocation sociale pour la carte BreizhGo solidaire.

« Aujourd'hui en Bretagne, les personnes les plus précaires peinent aussi parfois à recourir aux services publics du fait de la dématérialisation généralisée des démarches administratives, dénoncée par la défenseure des droits, et ne bénéficient que très peu de l'offre de culture et de loisirs » ajoute Régine Droué.

Emploi et formation, soutien à la jeunesse

L'élue constate également des « disparités importantes » selon les territoires. Les communes rurales, en Centre Bretagne notamment, sont particulièrement concernées, tout comme les quartiers « politique de la ville ». Le taux de pauvreté oscille ainsi entre 33,50% pour le quartier de la Découverte à Saint-Malo, à 60,5% pour celui du Bois du Château à Lorient.

Cette réalité touche plus fortement les jeunes en emploi ou en études, les femmes et les familles monoparentales, les personnes peu qualifiées les chômeurs de longue durée et les travailleurs. Le plan milite donc aussi pour un meilleur accompagnement des demandeurs d'emploi, des mesures d'urgence en faveur de la jeunesse dans la lignée de l'abondement exceptionnel en 2021 des fonds sociaux des 253 lycées bretons publics et privés.

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L'enseignement, la lutte contre le décrochage scolaire et la formation se retrouvent également au cœur de cette stratégie. Cette dernière vise à anticiper les métiers de demain et à adapter les compétences et la formation des jeunes. Dès 2023, la Région souhaite développer le repérage des jeunes apprentis en situation de décrochage.

Co-construction avec les acteurs locaux

Sur le terrain, elle s'appuie sur les initiatives d'acteurs comme celle développée par Envie 29 à Brest. Avec ses entreprises sur le transport, l'électroménager et l'autonomie, qui apportent un service de proximité aux habitants des quartiers prioritaires, la coopérative a déjà créé 27 emplois, dont 20 contrats d'insertion. En outre, elle envisage plus d'une vingtaine de recrutements d'ici à 2025

« Envie 29 illustre parfaitement ce que nous souhaitons encourager en matière de formation et de parcours vers l'emploi à l'attention de personnes en situation de décrochage » avait d'ailleurs salué Loïg Chesnais-Girard.

Lors du vote en session plénière, ce plan anti-misère et précarité a été critiqué pour l'absence de budget dédié et d'objectifs chiffrés. Plus globalement, le budget 2023 de la Région (1,86 milliards d'euros, en hausse de 7,8%, inflation comprise) prévoit de consacrer 24% à la vie lycéenne et étudiante, 227 millions d'euros à la formation, 403,5 millions d'euros aux mobilités.

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