Gare du Nord : Paris lance la bataille juridique et politique contre l'Etat

Après la délivrance du permis de construire pour la rénovation de la gare du Nord, le premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, a dénoncé un "passage en force" du gouvernement. Le flou persiste toutefois sur les procédures possibles qui seront engagées.
César Armand

C'est par téléphone que la mairie de Paris a appris la nouvelle. Le préfet de Paris, Île-de-France, Michel Cadot, a appelé le premier adjoint de la Ville, Emmanuel Grégoire, pour lui annoncer que le permis de construire visant à rénover la gare du Nord allait être délivré. Ce dernier a même dédouané le représentant de l'Etat dans cette affaire, "aussi embarrassé que nous par la décision qui a été prise".

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Outre la création de 10.375 m² d'espaces de loisirs, culturels et sportifs, toutes les autres typologies vont s'agrandir: de 35.200 à 57.600 m² pour les espaces voyageurs, de 25.200 à 32.900 m² pour les bureaux et de 5.450 à 18.900 m² pour les commerces et de 5.250 à 12.825 m² pour la restauration, d'ici aux Jeux olympiques de 2024.

"Malheureusement, le gouvernement n'a pas entendu nos observations et a décidé de passer en force", a déploré l'adjoint d'Anne Hidalgo. "C'est un déni de démocratie. Ce sera un centre-commercial avec accessoirement une gare à l'intérieur", a tempêté Emmanuel Grégoire, d'ordinaire plus modéré dans ses propos.

Le prédécesseur de ce dernier à l'urbanisme et au Grand Paris, Jean-Louis Missika, a quitté la vie politique, mais le ton de la Ville reste le même. "Une galerie marchande aéroportuaire (...) un parcours pensé pour le chiffre d'affaire des magasins qui s'installeront (....) un modèle usé en cœur de ville (...) une menace sur le tissu local" (...) "un projet démesuré, incohérent avec une vision obsolète de l'urbanisme contemporain", a encore dénoncé Emmanuel Grégoire.

Flou sur les procédures

Le premier adjoint d'Anne Hidalgo a ainsi annoncé que la municipalité allait "s'opposer politiquement et juridiquement avec tous les outils". La négociation avec l'Etat est d'ores et déjà exclue: "C'est l'Etat qui déclenche le processus contentieux", rétorque Emmanuel Grégoire à La Tribune.

"Il suffisait que le préfet ne délivre pas et que l'une des parties fasse un recours gracieux pour qu'on gagne deux mois", assure encore l'élu local. Le flou persiste toutefois sur les procédures qui seront engagées. "La stratégie juridique de la Ville est confidentielle et je ne rentrerai pas dans le détail. Nous allons crier très fort", promet Emmanuel Grégoire.

Comme Jean-Louis Missika, le premier adjoint d'Emmanuel Grégoire a listé les cinq points de vigilance adressés à l'Etat et dont ce dernier n'aurait pas tenu. Comme son prédécesseur, il qualifie le calendrier de livraison de "fumisterie" et exhorte la société porteuse du projet, StatioNord-Gare du Nord 2024, à rendre publics ses plannings.

Comme toujours, l'élu parisien demande l'abandon de la séparation des flux entrées-sorties, même cette dernière permettra de respecter les règles de distanciation physique en cas de nouvelle crise sanitaire. Comme d'habitude, la Ville regrette l'absence d'ouverture sur le quartier et demande à dédensifier le projet.

900.000 voyageurs en 2030

Emmanuel Grégoire en oublierait qu'il y a quatre mois, les enquêteurs mandatés par l'État récusaient cette proposition de réduire la surface commerciale. "Cela reviendrait à modifier le permis de construire et à remettre en cause l'ensemble des avis favorables obtenus sur le projet", soulignaient Sylviane Dubail, Jean-François Lavillonnière et Daniel Tournette.

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 "La rénovation est indispensable, mais on a dévoyé ce projet collectif avec la construction d'un projet pharaonique, d'une monstruosité", a conclu le premier adjoint d'Emmanuel Grégoire. D'ici à 2030 pourtant, la gare qui accueille près de 700.000 voyageurs quotidiens devrait en accueillir près de 900.000.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2020 à 13:51
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Surtout qu'ils n'oublient pas le maximum de vespasiennes (Topaze/Jouvet)

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