Grèves des éboueurs, manifs : les patrons parisiens tirent la sonnette d'alarme

Au 23ème jour de grève des éboueurs et au 10ème de jour de mobilisation contre la réforme des retraites, les chefs d'entreprise parisiens commencent à perdre des parts significatives de chiffre d'affaires. La chambre de commerce et d'industrie (CCI), la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA), la CPME et le Medef appellent donc à la mobilisation générale pour l'avenir économique de la capitale. La Ville vient d'organiser une deuxième « cellule de crise ». Décryptage.
César Armand
(Crédits : HORACI GARCIA)

« Gilets jaunes », Covid-19... et depuis 23 jours, grève des éboueurs dans certains arrondissements. Sans parler des journées de mobilisation contre la réforme des retraites. Depuis près de cinq ans, les artisans, les commerçants, les professions libérales ou encore les TPE-PME de la capitale subissent, en alternance, mouvements sociaux et crise sanitaire.

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 Un appel à la mobilisation générale

Dans un communiqué commun publié dans l'après-midi du 27 mars, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCI) Paris, la Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) d'Île-de-France-Paris, la Confédération des PME (CPME) Paris-IDF et le Mouvement des entreprises de France (Medef)-Paris appellent donc à « une mobilisation générale des pouvoirs publics pour une sortie rapide de crise pour assurer la sécurité des biens et des personnes ainsi que l'avenir économique de la capitale ».

A date, Paris compte en effet 380.000 entreprises de toutes tailles dont 62.000 commerces en pied d'immeuble. « Ce sont les plus touchés », assure ainsi à La Tribune Sonia Malinbaum, présidente de la CCI Paris. Par exemple, rien que dans les cafés-hôtels-restaurants, le niveau d'activité a baissé de 25 à 30%.

« On nous interdit de faire notre travail et d'aller et venir, des libertés qui sont aussi fondamentales que le droit de grève, mais qui sont aujourd'hui mises à mal », poursuit-elle.

Jusqu'à 20 à 50% voire 100% de perte de chiffre d'affaires quotidien

« Nous sommes l'économie-socle du pays, en prise directe avec tous les mouvements de société, alors que nous faisons l'économie du quotidien. N'oublions pas les plus petits ! » exhorte, pour sa part, le directeur général de la CMA Paris-IDF.

Du côté de la CPME Paris, Bernard Cohen-Hadad, témoigne, lui, auprès de La Tribune, de l'« exaspération » de l'ensemble de ses adhérents et de « l'incompréhension » tant du côté chefs d'entreprises que des collaborateurs. En fonction du parcours des cortèges militants, les patrons de petite ou moyenne entreprise perdent jusqu'à 20 à 50% voire 100% de leur chiffre d'affaires quotidien.

« La veille, les axes sont neutralisés et personne n'ose y laisser sa voiture ; le lendemain, tout le monde risque des dégradations », explique ce courtier en assurances.

Des alertes que doivent entendre la Ville et le gouvernement

Ce n'est guère mieux du côté du Medef Paris (10.000 entreprises, 500.000 salariés représentés). Selon un sondage réalisé en interne auprès d'un millier de chefs d'entreprise entre le 23 et 27 mars, 60,5% d'entre eux voient déjà leur chiffre d'affaires « diminuer ». Pis 88,4% « s'inquiètent » des impacts des prochaines journées d'action.

« C'est la crise de trop, le coup de grâce, la goutte d'eau qui fait déborder le vase... », déclare, à La Tribune, la déléguée générale Marie-Sophie Ngo Ky Claverie.

Autant d'alertes que doivent entendre non seulement les élus locaux, mais aussi les services déconcentrés du ministère de l'Intérieur et le gouvernement. Dans cette attente, la Ville a organisé sa deuxième « cellule de crise » dans la soirée du 27 mars.

Une deuxième « cellule de crise » organisée par la Ville

Selon une déclaration transmise à la presse à l'issue de la réunion, la police municipale est en « lien constant » avec la Préfecture de police et la Brigade des Sapeurs-pompiers afin de « fluidifier » le partage d'informations en temps « réel », notamment sur les dégradations découlant des manifestations « tardives et spontanées ».

« Les médiateurs de la Ville sont mobilisés auprès des commerçants et riverains qui ont subi des dégradations ou préjudices. Toutes les directions de la Ville sont en alerte pour faire remonter les points de tension et déclencher les interventions nécessaires », écrivent encore les services d'Anne Hidalgo.

Sollicitée par La Tribune, son adjointe (PS) Olivia Polski, chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Professions libérales, des Métiers d'art et de mode, n'était pas joignable au moment d'écrire ces lignes.

Lire aussiSobriété énergétique à Paris : le patronat prêt à discuter avec la Ville

César Armand

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Commentaires 11
à écrit le 28/03/2023 à 19:51
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On touche aux limites du droit de grève. Gros temps en vue pour les syndicats. Le droit de grève n'est pas celui de la prise d'otage, du droit de casser ou de piller.

le 28/03/2023 à 21:33
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Exactement. Mais en même temps, comme il n’y a pas eu la moindre négociation avec les syndicats, désormais, place à l’anarchie.

le 28/03/2023 à 23:09
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Au contraire faut renverser la table les gens des classes moyennes ne supportent : 1/ les fraudes fiscales sociales des entreprises de des particuliers csp/ csp+ / dirigeant : 260 milliards selon la cour des comptes 2/ les emplois fictifs bénéfi...

le 28/03/2023 à 23:09
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Au contraire faut renverser la table les gens des classes moyennes ne supportent : 1/ les fraudes fiscales sociales des entreprises de des particuliers csp/ csp+ / dirigeant : 260 milliards selon la cour des comptes 2/ les emplois fictifs bénéfi...

le 28/03/2023 à 23:18
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@Tartuf : Le gouvernement a suffisamment négocié comme cela, bien sûr, qu'il y a eu négociation avec les syndicats. Maintenant, le gouvernement doit imposer sa réforme, même si elle ne plait pas

le 28/03/2023 à 23:21
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Pour dire ça vous ne devez pas : Vous lever ts les jours à 5 h du mat faire 3 h de bagnole en idf pour aller travailler - pas par choix mais par écart salaire - prix immo- et gagner moins de 2000€ net à 50 balais pour un poste de maitrise depuis 30...

le 28/03/2023 à 23:21
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Pour dire ça vous ne devez pas : Vous lever ts les jours à 5 h du mat faire 3 h de bagnole en idf pour aller travailler - pas par choix mais par écart salaire - prix immo- et gagner moins de 2000€ net à 50 balais pour un poste de maitrise depuis 30...

à écrit le 28/03/2023 à 19:08
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Effectivement, puisque les élus (hors boute-feu et incendiaires) brillent par leur absence, la société civile prend le relais. Allo la droite, vous êtes encore là ?

le 28/03/2023 à 23:24
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Vous parlez des vendus Lr et de ceux qui devraient aller en prison pour détournement de fond publics ou d emplois fictifs ? Ils ont dû partir en Russie ..: Retailleau, Ciotti, Bayrou ..

à écrit le 28/03/2023 à 18:25
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Macron : « S'il cherche un responsable, le seul responsable, c'est moi et moi seul » Demandez des comptes à qui de droit 🤪

le 28/03/2023 à 19:11
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C'est surtout Martinez et Mélenchon les responsable du chaos.

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