« Gilets jaunes », Covid-19... et depuis 23 jours, grève des éboueurs dans certains arrondissements. Sans parler des journées de mobilisation contre la réforme des retraites. Depuis près de cinq ans, les artisans, les commerçants, les professions libérales ou encore les TPE-PME de la capitale subissent, en alternance, mouvements sociaux et crise sanitaire.
Un appel à la mobilisation générale
Dans un communiqué commun publié dans l'après-midi du 27 mars, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCI) Paris, la Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) d'Île-de-France-Paris, la Confédération des PME (CPME) Paris-IDF et le Mouvement des entreprises de France (Medef)-Paris appellent donc à « une mobilisation générale des pouvoirs publics pour une sortie rapide de crise pour assurer la sécurité des biens et des personnes ainsi que l'avenir économique de la capitale ».
A date, Paris compte en effet 380.000 entreprises de toutes tailles dont 62.000 commerces en pied d'immeuble. « Ce sont les plus touchés », assure ainsi à La Tribune Sonia Malinbaum, présidente de la CCI Paris. Par exemple, rien que dans les cafés-hôtels-restaurants, le niveau d'activité a baissé de 25 à 30%.
« On nous interdit de faire notre travail et d'aller et venir, des libertés qui sont aussi fondamentales que le droit de grève, mais qui sont aujourd'hui mises à mal », poursuit-elle.
Jusqu'à 20 à 50% voire 100% de perte de chiffre d'affaires quotidien
« Nous sommes l'économie-socle du pays, en prise directe avec tous les mouvements de société, alors que nous faisons l'économie du quotidien. N'oublions pas les plus petits ! » exhorte, pour sa part, le directeur général de la CMA Paris-IDF.
Du côté de la CPME Paris, Bernard Cohen-Hadad, témoigne, lui, auprès de La Tribune, de l'« exaspération » de l'ensemble de ses adhérents et de « l'incompréhension » tant du côté chefs d'entreprises que des collaborateurs. En fonction du parcours des cortèges militants, les patrons de petite ou moyenne entreprise perdent jusqu'à 20 à 50% voire 100% de leur chiffre d'affaires quotidien.
« La veille, les axes sont neutralisés et personne n'ose y laisser sa voiture ; le lendemain, tout le monde risque des dégradations », explique ce courtier en assurances.
Des alertes que doivent entendre la Ville et le gouvernement
Ce n'est guère mieux du côté du Medef Paris (10.000 entreprises, 500.000 salariés représentés). Selon un sondage réalisé en interne auprès d'un millier de chefs d'entreprise entre le 23 et 27 mars, 60,5% d'entre eux voient déjà leur chiffre d'affaires « diminuer ». Pis 88,4% « s'inquiètent » des impacts des prochaines journées d'action.
« C'est la crise de trop, le coup de grâce, la goutte d'eau qui fait déborder le vase... », déclare, à La Tribune, la déléguée générale Marie-Sophie Ngo Ky Claverie.
Autant d'alertes que doivent entendre non seulement les élus locaux, mais aussi les services déconcentrés du ministère de l'Intérieur et le gouvernement. Dans cette attente, la Ville a organisé sa deuxième « cellule de crise » dans la soirée du 27 mars.
Une deuxième « cellule de crise » organisée par la Ville
Selon une déclaration transmise à la presse à l'issue de la réunion, la police municipale est en « lien constant » avec la Préfecture de police et la Brigade des Sapeurs-pompiers afin de « fluidifier » le partage d'informations en temps « réel », notamment sur les dégradations découlant des manifestations « tardives et spontanées ».
« Les médiateurs de la Ville sont mobilisés auprès des commerçants et riverains qui ont subi des dégradations ou préjudices. Toutes les directions de la Ville sont en alerte pour faire remonter les points de tension et déclencher les interventions nécessaires », écrivent encore les services d'Anne Hidalgo.
Sollicitée par La Tribune, son adjointe (PS) Olivia Polski, chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Professions libérales, des Métiers d'art et de mode, n'était pas joignable au moment d'écrire ces lignes.
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