Verdemobil Biogaz veut entrer en Bourse pour verdir le CO2 issu de la méthanisation

Verdemobil Biogaz a développé un concept technologique d’épuration, de filtration et de liquéfaction. Il permet de transformer les émissions nocives pour la planète en biométhane (Bio Ch4), BioCO2, BIO GNL et BioH2, utilisés par de nombreuses industries. La société vendéenne, qui a déployé son système sur quarante sites en France, cherche aujourd’hui à entrer en Bourse pour accélérer son développement et la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette source d’énergie aujourd’hui stratégique, est aujourd'hui valorisé par Verdemobil Biogaz, comme ici sur le site de Méthavie au Poiré-sur-Vie.
Cette source d’énergie aujourd’hui stratégique, est aujourd'hui valorisé par Verdemobil Biogaz, comme ici sur le site de Méthavie au Poiré-sur-Vie. (Crédits : Verdemobil Biogaz)

Verdemobil Biogaz, fournisseur et exploitant d'installations de gaz renouvelables conçues pour purifier le biogaz produit par les méthaniseurs, s'attaque à une mine à ciel ouvert. La France compterait aujourd'hui 550 méthaniseurs injectant du biométhane dans le réseau, mais rejetant leur CO2 à l'air libre 24 heures sur 24. Parmi eux, 118 produiraient plus de 2.000 tonnes de CO2 par an. Une manne pour Verdemobil Biogaz.

Lire aussiEn 2022, les émissions de CO2 dans l'énergie ont encore augmenté

Après avoir implanté trente-trois installations pour produire du biométhane, injectable sur les réseaux de gaz, l'entreprise a déployé cinq modules de capture de CO2. Ils permettent de produire du BioCO2 de qualité alimentaire, utilisé par les brasseries, les cidreries, pour faire de l'eau pétillante, améliorer la photosynthèse de tomates et concombres dans les serres maraîchères, ou encore étourdir les animaux avant l'abattage.

« Les applications sont légion, mais pour aller plus loin et accompagner notre développement en France et à l'international, nous devons renforcer nos fonds propres et nous donner les moyens de nos ambitions », indique Philippe Khairallah, PDG de Verdemobil Biogaz.

Ce dernier vient d'annoncer l'approbation de son document d'enregistrement par l'Autorité des Marchés Financiers dans le cadre de son projet d'introduction en Bourse sur le marché  « Euronext Growth® » à Paris. Reste à obtenir le visa qui permettra de déclencher une levée de fonds, dont le montant n'a pas été dévoilé. Elle devrait toutefois donner un nouvel élan à l'aventure de Verdemobil Biogaz fondée en 2008, à Montaigu en Vendée, où Philippe Khairallah n'exclut pas de faire entrer de nouveaux actionnaires.

Lire aussiGrâce à la crise du gaz, l'Europe a réduit ses émissions de CO2 liées à l'énergie

Un partenariat avec CryoCollect

A la sortie des méthaniseurs, le biogaz brut se compose de 50% à 60% de méthane, 40% de CO2, un peu oxygène d'azote, de l'eau et des polluants comme le soufre (H2S), et des Composés Volants Organiques, connus sous l'appellation générique de Cov.

« A partir de là, il faut enlever l'eau, assécher le gaz, supprimer le soufre et les polluants pour obtenir un biométhane pur, à près de 97% pour garantir la puissance calorifique du gaz et répondre aux normes pour être injecté dans les réseaux de gaz », explique Philippe Khairallah, ex-ingénieur en mécanique et électricité.

En quinze ans, l'entreprise a déployé 33 unités de biométhane chez Engie, des groupements d'agriculteurs, des collectifs de méthaniseurs... En 2017, Philippe Khairallah a cofondé (49%) la startup CryoCollect, avec son associé Haytham Sayah. Objectif, développer des solutions innovantes dans le domaine de l'énergie (épuration, liquéfaction...), et ainsi réduire les impacts environnementaux.

Lire aussiMéthane : les eurodéputés votent pour durcir les règles contre les fuites

L'entreprise qui a reçu le soutien du CES (Centre d'Efficacité Energétique des Systèmes) de l'École des Mines de Paris en thermodynamique et en génie des procédés, a déposé trois brevets et développé deux procédés industriels ; l'un permettant de réduire de 600 fois le volume du gaz pour être transporté sur des lieux d'usages, l'autre pour produire du CO2 liquide de qualité alimentaire (norme EIGA). Ce procédé, baptisé Carboliq, combine une succession d'opérations. Elles vont séparer un à un les composants indésirables du CO2.

A partir de ces savoir-faire, Verdemobil Biogaz a signé deux licences exclusives pour une durée de vingt ans. L'une pour développer des modules de bioGNL, l'autre pour le BioCO2. Les modules de biométhane et de Bio hydrogène ont, eux, été développés en interne par les équipes de R&D de Verdemobil, qui emploie trente-huit personnes, à Montaigu où, en 2022, elle a fait construire une unité de production de 2000 m² capable de sortir trente modules par an.

Décarboner en masse

Au-delà du biométhane et du Bio CO2, l'entreprise a élargi son offre au BioGNL et au BioHydrogène, dont une première unité a été installée en 2021 en Allemagne. En effet, le biométhane, lui-même, peut être retraité afin d'obtenir du BioGNL (BioGaz Naturel Liquéfié) pouvant se substituer au GNL fossile pour les transports ou encore du BioH2 (BioHydrogène), obtenu par une opération de vaporeformage.

Lire aussiGNL : après une année hors normes, les terminaux méthaniers se cherchent une seconde vie

Un procédé qui, selon Philippe Khairallah, consomme 6 KWh d'électricité pour produire un kilogramme d'hydrogène. A titre indicatif, un électrolyseur aura lui besoin de 55 à 60 Kwh. « Au final, l'impact est très conséquent », fait-il valoir. L'objectif du dirigeant est de décarboner complètement les territoires en absorbant un CO2 jusqu'ici totalement rejeté dans l'atmosphère pour lequel il n'existe aucun bonus-malus.

« Nous sommes une des seules entreprises à vouloir décarboner en masse. Qui plus est, les utilisateurs de Bio CO2 le faisaient venir des Pays-Bas par camion-citerne alors que nous, nous pouvons déployer notre solution localement et ainsi privilégier les circuits courts », défend le PDG de Verdemobil.

Dans cette optique, il entend exporter ses solutions en Italie, en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni ou en Amérique du Nord, où les installations de méthanisation ne rejettent pas 2.000 à 4.000 tonnes de CO2 par unité comme en France, mais 12.000, 20.000, voire 30.000 tonnes de CO2.

Avec quarante installations dont quatre sont exploitées en propre, le chiffre d'affaires (vente et maintenance) de Verdemobil Biogaz devrait atteindre 14,5 millions d'euros cette année contre 12 millions d'euros en 2022.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 07/07/2023 à 14:54
Signaler
"et des Composés Volants Organiques, connus sous l'appellation générique de Cov" les COV ce sont des 'Composés Organiques Volatils' mais pas volants.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.