Le Village by CA Nantes mise sur l'international

Lancé il y a tout juste un an, l'accélérateur le Village by CA du Crédit Agricole à Nantes a accueilli 22 startups, permis la création de 32 emplois et de lever 2,3 millions d'euros. Obtenue en janvier dernier, l'accréditation au French Ticket Visa doit permettre au Village nantais de s'internationaliser.
En un an, le Village by CA nantais a fait le plein et n'a connu aucune défection. Mieux, l'année 2018, qui sera ponctuée d'un nouvel appel à candidatures à la fin du premier semestre, prévoit déjà 9 millions d'euros de levées de fonds et 49 emplois supplémentaires.
En un an, le Village by CA nantais a fait le plein et n'a connu aucune défection. Mieux, l'année 2018, qui sera ponctuée d'un nouvel appel à candidatures à la fin du premier semestre, prévoit déjà 9 millions d'euros de levées de fonds et 49 emplois supplémentaires. (Crédits : Clack/Village by CA)

Façon remise des Césars, les vingt-deux startups du Village nantais ont, tour à tour, reçu leur récompense : Prix pour la croissance, la meilleure solution digitale, l'emploi... et même le prix du meilleur prix.... Une forme d'encouragement pour celles qui ont créé trente-deux emplois et levé 2,3 millions d'euros. En un an, le Village by CA nantais a fait le plein et n'a connu aucune défection. Mieux, l'année 2018, qui sera ponctuée d'un nouvel appel à candidatures à la fin du premier semestre, prévoit déjà 9 millions d'euros de levées de fonds et 49 emplois supplémentaires.

Une structure autonome

« A l'exception de deux ou trois coups de cœur que nous incubons, ce sont exclusivement des projets d'accélération dans les secteurs de l'agriculture, de la santé et du vieillissement, du logement et du développement durable », précise Nathalie Massé, maire du Village by CA nantais. Une ex-du Crédit Agricole Vendée Atlantique qui a fait ses armes dans des agences et services de Loire-Atlantique et de Vendée avant de se voir confier l'innovation et la création du Village by CA.

« L'une de nos particularités est de bien connaître le territoire et son écosystème, et d'être constitué en structure autonome », dit-elle.

Avec cinq salariés, cette filiale du CA Vendée Atlantique fonctionne avec un budget propre, financé par une cinquantaine de partenaires (Hardis group, Vinci, Nexecur, Philips, KPMG, Altios international...), les loyers (125 euros par poste) et des animations. Grosso modo, elle dispose d'un budget de 500.000 euros, auxquels s'ajoute une participation équivalente d'expertises dispensées par les partenaires aux startups. C'est le 13e Village by CA (sur 28 actuellement) sorti de terre l'an dernier.

Depuis, au gré de deux appels à candidatures, 22 startups ont été sélectionnées parmi 120 candidatures. Des jeunes pousses plus ou moins avancées comme Velco, auréolée du prix Smartcities au CES de Las Vegas pour son guidon connecté, ou Weenat, spécialisé dans l'agriculture connectée qui vient de partir s'installer au Technocampus de l'Alimentation.

Pivot et changement de modèle pour le robot dévaseur

Moins mûre, EST (Environmental Sediment Treatment), fondée par Philippe Pétard, la soixantaine, un ex-chef d'entreprise vannetais, a rejoint le Village en vue d'industrialiser un robot-dévaseur innovant pour recycler les sédiments.

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[ Philippe Pétard, fondateur de EST. Photo F. Thual ]

Mis au point en 2015, breveté, et récompensé par de nombreux prix, dont le trophée « Solution climat », remis par Ségolène Royal lors de la COP 21, l'innovation butait sur des banquiers rétifs à l'idée d'engloutir 2 millions dans une telle opération.

« Je suis arrivé avec un modèle pré-industrialisé et l'ambition de construire 10 appareils », raconte-t-il, aujourd'hui soutenu par l'IFP Energie Nouvelle et Schneider Electric.

Son passage au Village lui a permis de "pivoter". Et d'opter pour une solution à 300.000 euros. Il s'agit désormais de construire non plus 10, mais 2 appareils qui financeront le troisième, et de finaliser les partenariats avec un consortium d'entreprises locales pour lancer la fabrication d'ici à la fin de l'année à Saint-Nazaire. Le marché, soutenu par la loi Gemapi (GEstion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations) qui, depuis le 1er janvier 2018, oblige les collectivités à traiter leurs eaux de surface, serait gigantesque. D'autant plus que la solution pourrait être déclinée pour les effluents agricoles ou les plantes invasives.

« Sans être passé par le Village, je n'aurais pas changé mon modèle économique. Or, je n'avais pas coulé les fondations correctement !», admet le créateur d'EST.

D'un accélérateur à l'autre

Jusque-là incubé par l'Ecole des Mines de Nantes, Cédric Houssin, fondateur de KerForHome, a préféré rejoindre le Village by CA, récemment labelisé French Ticket Visa, comme l'accélérateur Imagination Machine, implanté dans les locaux de la Cantine Numérique. « Pour la qualité de son réseau et ses ambitions internationales », justifie le startuper.

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[ Cédric Houssin, fondateur de KerForHome. Photo F. Thual ]

« Jusque-là, je manquais de liens industriels. Ici, on a accès à des gens de très haut niveau, ce qui apporte une plus-value importante à un programme d'accélération soutenu par les prestations de partenaires experts dans leur domaine », relève le jeune entrepreneur, créateur d'une solution et d'une application pour aider les promoteurs constructeurs, les syndics, administrateurs de biens, à améliorer et automatiser le traitement de leur réclamation client.

« Pour le gestionnaire, c'est une réduction du temps lié aux tâches administratives, grâce à l'automatisation des traitements. Pour les intervenants techniques inclus dans la chaine, c'est un moyen de planifier, de tracer et de noter ses interventions. Pour le particulier, enfin, c'est un outil de communication et de transparence qui permet de gagner du temps », résume Cédric Houssin, qui vient de signer deux contrats cadres avec les promoteurs Bouygues et Icade.

De 100.000 euros en 2017, le chiffre d'affaires devrait doubler cette année.

« La preuve de marché est faite. Nous sommes en phase de déploiement. Il s'agit de multiplier les partenariats et d'aller à l'international. Nous visions l'Europe du Nord, et finalement, on s'aperçoit que ça va prendre très vite au Canada. Aujourd'hui, on est plutôt dans une stratégie opportuniste », observe-t-il.

KerForHome envisage une levée de fonds de 450.000 euros à 600.000 euros, d'ici à la fin de l'année et le recrutement de profils internationaux.

Des experts internationaux à l'écoute

«Ça va dans le sens de l'accélérateur dont l'ambition est, à la fois, de s'enraciner sur le territoire régional et d'aller plus clairement à l'international en accueillant notamment quelques startups étrangères », explique Pierre Pherivong, chargé de la communication et des relations avec les startups. Le Village a ainsi soutenu le projet de Semoa Group visant à déployer un système de paiement sur plateforme web et bornes multifonctions pour développer la vente en ligne en Afrique.

Implanté au Togo dès 2015, ce dispositif cherche à prendre pied dans toute l'Afrique de l'Ouest au cours des cinq prochaines années.

« L'Afrique compte 950 millions d'habitants qui disposent souvent de 2 smartphones. Les transactions Mobile Money en Afrique Subsaharienne étaient évaluées à 5.000 milliards de dollars en 2015. Un africain sur sept reçoit mensuellement de l'argent de ses proches depuis l'étranger. Malgré les innovations, le cash reste le moyen de paiement privilégié par la population locale, d'où nos bornes multifonction », indique Edem Adjamagbo, fondateur de Semoa Group.

L'accélérateur a favorisé les rencontres avec les experts internationaux du CA CIB (Corporate & Investment Bank), la banque d'investissement maison, et de l'Ifcam, l'université de la banque, pour décrypter les marchés étrangers et affiner les besoins de startups.

« Être à l'écoute des startups au quotidien nous a amené à héberger un chargé d'affaires du Crédit Agricole pour faire évoluer les offres faites aux startups. De fait, on a créé un système de facturation en cash permettant d'alléger les tensions sur les trésoreries et réfléchi aux conditions d'accès au crédit », indique Nathalie Massé. Si le positionnement de l'accélérateur lui interdit de prendre des participations dans les jeunes pousses, en revanche, la proximité du groupe bancaire se veut aussi un atout, avec un pool de 80 personnes. Identifiés, ces « Amis du village » peuvent intervenir à la demande comme conseil ou servir de beta testeurs pour des solutions.

Plus grand et plus proche

Situé au pied de l'ex-siège du Crédit agricole Vendée Atlantique, l'espace de 800 m² dédié aux startups sera prochainement rasé. En 2020, le futur lieu rassemblera sur 2.000 m² de 30 à 50 startups, des filiales du Crédit agricole (Square Habitat, CA Indosuez, CA Immobilier, Ouest entrepreneur, CA Leasing...), un restaurant d'entreprise et les équipes de CA Technologies et services, l'organe central du Système d'Information de la banque verte. « Bref, de quoi élargir le réseau et partager des ressources », espèrent les dirigeants du Village nantais. Avec cette démolition devraient, en partie, disparaître les fameux graphs de Wide & Pedro, deux artistes nantais (Pick Up Production) dont les graphismes avaient réussi à faire de cet espace des années quatre-vingt, un lieu Totem contemporain pour les startups accompagnées par la banque verte. Afin d'affirmer son positionnement vers la proximité, le Village by CA nantais pourrait, au cours de l'année, essaimer des antennes satellites chez des partenaires, de façon à offrir des pieds à terre et des connexions à des startupers en Vendée ou à Saint-Nazaire.

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Par Frédéric Thual,
correspondant de La Tribune pour la Région des Pays de la Loire

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