Mettre le cloud français à l'heure de l'IA générative. Voilà en substance la volonté du gouvernement. À l'occasion des rencontres du numérique à Strasbourg ce vendredi, la secrétaire d'État au Numérique a présenté un appel à projets pour le renforcement de l'offre de services cloud, afin de surmonter l'accélération de l'intelligence artificielle.
L'objectif est de créer davantage de liens entre fournisseurs cloud (OVH, Scaleway, Outscale, Orange) et développeurs de logiciels d'IA, « et de fédérer plus largement l'ensemble des acteurs privés du cloud avec la recherche et les centres de calcul public », a précisé le cabinet de Marina Ferrari, lors d'une conférence de presse organisée en amont de l'événement. Cet appel à projets financera des dépenses de R&D.
Le montant des aides n'est pas encore communiqué, car il dépendra du type de projets proposés, précise le cabinet. Mais les investissements font partie de l'enveloppe de 600 millions d'euros consacrés par l'État à l'écosystème.
Les pépites de l'IA françaises dépendent du cloud américain
La vague de l'IA générative, qui s'est accélérée fin 2022 avec le lancement de ChatGPT, a en effet redonné une nouvelle importance au sujet du cloud. Ces grands modèles de langage nécessitent une puissance de calcul colossale et beaucoup de données (disponibles donc dans le cloud). Et si les entreprises françaises, comme Mistral ou Photoroom, parviennent à se positionner sur le secteur, souvent, elles dépendent de fournisseurs cloud américains. AWS (Amazon), Azure (Microsoft) et Google Cloud captant 70% du marché et 80% de sa croissance.
Même si le cabinet de Marina Ferrari rappelle que la taille du marché français a augmenté de plus de 50% entre 2020 et 2022. Par ailleurs, les principaux acteurs français gagnent en maturité. OVH comme Outscale (Dassault Systèmes) ont obtenu il y a quelques mois la certification SecNumCloud 3.2, le plus haut standard de cybersécurité français, attribué par l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi). En matière d'infrastructure technique, ils restent toutefois très en dessous des Américains. OVH ne fait, par exemple, pas partie des premiers partenaires commerciaux pouvant bénéficier de la nouvelle puce de Nvidia.
En parallèle de la présentation de cet appel à projets, Marina Ferrari a également annoncé la sélection de 29 nouveaux lauréats de l'accompagnement Sec Num Cloud. L'objectif est de « faire monter en maturité » les PME éditrices de logiciels et de plateformes en matière de sécurité, précise le cabinet de la secrétaire d'État.
La secrétaire d'État a par ailleurs rappelé que le Projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) sur le Cloud était officiellement lancé ce vendredi. Ce programme d'investissements avait été annoncé en décembre, mais la première assemblée générale s'est tenue ce jour à Bruxelles avec la quasi totalité des participants, précise son cabinet. Son budget de 2,6 milliards d'euros (1,2 milliard d'investissement public et 1,4 milliard d'investissement privé) devrait permettre de développer de nouvelles technologies pour le cloud, et l'edge computing. Au total, 19 projets (issus de 7 États) sont accompagnés, dont certains pour les Français Orange, Amadeus et Eviden (Atos).
Favoriser le cloud français, mais pas pour le Health Data Hub
Les annonces de ce vendredi sont en continuité avec la ligne annoncée en septembre 2022. Avant cette date, le gouvernement avait opté pour une stratégie de partenariats avec les Gafam, en incitant les entreprises à souscrire à leurs offres « Cloud de confiance ». Puis, Jean-Noël Barrot, successeur alors de Cedric O au poste de secrétaire d'État au numérique, avait ensuite ajusté le discours en soutenant massivement les acteurs français au nom de la souveraineté numérique et de la sécurité des données.
Paradoxalement, cette « stratégie nationale » n'a pas empêché le choix de Microsoft pour héberger le Health Data Hub. Une décision que regrettent amèrement certaines entreprises du secteur (Clever Cloud, Cleyrop, Nexidy) qui ont saisi le 19 mars le Conseil d'État pour tenter d'annuler la décision de la Cnil à ce sujet.
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