Face à la domination américaine et la déferlante de l'IA, le gouvernement veut pousser le cloud français

La vague de l'IA générative remet le sujet du cloud au centre de la table. La secrétaire d'État au Numérique, Marina Ferrari, a annoncé ce vendredi à Strasbourg un appel à projets pour renforcer les acteurs français du cloud.
(Photo d'illustration).
(Photo d'illustration). (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Mettre le cloud français à l'heure de l'IA générative. Voilà en substance la volonté du gouvernement. À l'occasion des rencontres du numérique à Strasbourg ce vendredi, la secrétaire d'État au Numérique a présenté un appel à projets pour le renforcement de l'offre de services cloud, afin de surmonter l'accélération de l'intelligence artificielle.

L'objectif est de créer davantage de liens entre fournisseurs cloud (OVH, Scaleway, Outscale, Orange) et développeurs de logiciels d'IA, « et de fédérer plus largement l'ensemble des acteurs privés du cloud avec la recherche et les centres de calcul public », a précisé le cabinet de Marina Ferrari, lors d'une conférence de presse organisée en amont de l'événement. Cet appel à projets financera des dépenses de R&D.

Le montant des aides n'est pas encore communiqué, car il dépendra du type de projets proposés, précise le cabinet. Mais les investissements font partie de l'enveloppe de 600 millions d'euros consacrés par l'État à l'écosystème.

Les pépites de l'IA françaises dépendent du cloud américain

La vague de l'IA générative, qui s'est accélérée fin 2022 avec le lancement de ChatGPT, a en effet redonné une nouvelle importance au sujet du cloud. Ces grands modèles de langage nécessitent une puissance de calcul colossale et beaucoup de données (disponibles donc dans le cloud). Et si les entreprises françaises, comme Mistral ou Photoroom, parviennent à se positionner sur le secteur, souvent, elles dépendent de fournisseurs cloud américains. AWS (Amazon), Azure (Microsoft) et Google Cloud captant 70% du marché et 80% de sa croissance.

Même si le cabinet de Marina Ferrari rappelle que la taille du marché français a augmenté de plus de 50% entre 2020 et 2022. Par ailleurs, les principaux acteurs français gagnent en maturité. OVH comme Outscale (Dassault Systèmes) ont obtenu il y a quelques mois la certification SecNumCloud 3.2, le plus haut standard de cybersécurité français, attribué par l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi). En matière d'infrastructure technique, ils restent toutefois très en dessous des Américains. OVH ne fait, par exemple, pas partie des premiers partenaires commerciaux pouvant bénéficier de la nouvelle puce de Nvidia.

En parallèle de la présentation de cet appel à projets, Marina Ferrari a également annoncé la sélection de 29 nouveaux lauréats de l'accompagnement Sec Num Cloud. L'objectif est de « faire monter en maturité » les PME éditrices de logiciels et de plateformes en matière de sécurité, précise le cabinet de la secrétaire d'État.

La secrétaire d'État a par ailleurs rappelé que le Projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) sur le Cloud était officiellement lancé ce vendredi. Ce programme d'investissements avait été annoncé en décembre, mais la première assemblée générale s'est tenue ce jour à Bruxelles avec la quasi totalité des participants, précise son cabinet. Son budget de 2,6 milliards d'euros (1,2 milliard d'investissement public et 1,4 milliard d'investissement privé) devrait permettre de développer de nouvelles technologies pour le cloud, et l'edge computing. Au total, 19 projets (issus de 7 États) sont accompagnés, dont certains pour les Français Orange, Amadeus et Eviden (Atos).

Lire aussiLa souveraineté numérique, l'argument plus fort que jamais d'OVHcloud dans la bataille du cloud

Favoriser le cloud français, mais pas pour le Health Data Hub

Les annonces de ce vendredi sont en continuité avec la ligne annoncée en septembre 2022. Avant cette date, le gouvernement avait opté pour une stratégie de partenariats avec les Gafam, en incitant les entreprises à souscrire à leurs offres « Cloud de confiance ». Puis, Jean-Noël Barrot, successeur alors de Cedric O au poste de secrétaire d'État au numérique, avait ensuite ajusté le discours en soutenant massivement les acteurs français au nom de la souveraineté numérique et de la sécurité des données.

Paradoxalement, cette « stratégie nationale » n'a pas empêché le choix de Microsoft pour héberger le Health Data Hub. Une décision que regrettent amèrement certaines entreprises du secteur (Clever Cloud, Cleyrop, Nexidy) qui ont saisi le 19 mars le Conseil d'État pour tenter d'annuler la décision de la Cnil à ce sujet.

Lire aussiHébergement de données de santé chez Microsoft : les entreprises françaises montent au créneau et saisissent le Conseil d'État

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Commentaires 10
à écrit le 25/03/2024 à 0:33
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L'Amérique est un allié, même avec Trump, elle reste un allié quand cela compte vraiment. Ils descendent de la civilisation judéo-chrétienne d'Europe occidentale, ils sont nos parents de sang, ils sont comme nous. Pour des raisons inexplicables, seul...

à écrit le 24/03/2024 à 15:11
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Octave Klaba avait été contre la pose de “boîtes noires”  par le gouvernement français pour capter des informations sur les citoyens francais sous l'excuse fallacieuse du terrorisme. Le début de la surveillance de masse de la société française, plus...

le 25/03/2024 à 1:12
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[ Octave Klaba avait été contre la pose de *boîtes noires* par le gouvernement français pour capter des informations sur les citoyens francais sous l'excuse fallacieuse du terrorisme. ] Ce "grand" génie de la tech française pour la privatisation...

à écrit le 23/03/2024 à 16:27
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Qui peut donc faire confiance à un brouillard ? "The fog" plutot que cloud aurait été très connoté mais tellement plus approprié. "The fog of data war" aurait pu dire Breton de Lann-Bihoué... De toute façon il faudrait aussi changer de langue ...

à écrit le 23/03/2024 à 12:21
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C'est un peu tard...on ne refait pas un match perdu

à écrit le 23/03/2024 à 8:28
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Le cloud n'a aucune et n'aura jamais aucune garantie de sécurité totale. Un cloud "souverain" ce n'est pas possible, il y a ceux qui dominent internet et les autres. Par contre des disques durs 100% made in France seraient souverains eux.

le 23/03/2024 à 12:01
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Le cloud ce sont les datacenters qui eux n'ont rien de nuageux mais sont bien concrets Quant au concept d'intelligence artificielle encore un terme galvaudé l'IA ne fait qu'exploiter des données par analogie à très grande vitesse .

à écrit le 23/03/2024 à 3:57
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Et voilà le déficit de l'Etat est abyssal et on continue à gâcher de l'argent public pour des investissements relevant de l'initiative privée. Cela dit l'innovation n'étant pas dans la culture française ,un nouveau fiasco en perspective.

à écrit le 22/03/2024 à 22:20
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Un poncif qui aurait dû être chanté dans les années 70 au début de l'informatique commerciale, puis structurer dans les années 90 pour préparer les entreprises à l'internet des années 2000, au lieu de s'en remettre aux américains en échange de quelqu...

à écrit le 22/03/2024 à 20:13
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ils veulent pousser, avec de nouvelles lois, normes, obligations et impots, le tout a la sauce decouragement et nivellement par le bas, ' et en meme temps ils veulent de la souverainete , des bons emplois, et des victimes qui vont se sacrifier pour ...

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