IA générative : l’Etat s’entoure d’experts pour forger sa doctrine

Elisabeth Borne a réuni cet après-midi le premier Comité interministériel sur l'intelligence artificielle générative, cette technologie révolutionnaire symbolisée par ChatGPT. Composé d'une quinzaine de spécialistes, il devrait aider à forger la position de l'Etat français sur les différents sujets que soulève la technologie.
François Manens
Matignon se place en fer de lance des discussions autour de l'intelligence artificielle générative.
Matignon se place en fer de lance des discussions autour de l'intelligence artificielle générative. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Elisabeth Borne sur tous les fronts. Après l'autorisation de vendre les carburants à perte, l'intelligence artificielle générative. Et pour forger la stratégie du gouvernement pour ne pas rater le train de cette révolution technologique, la cheffe du gouvernement a lancé ce mardi le Comité interministériel sur l'intelligence artificielle générative, confirmant l'annonce de Matignon et de Bercy fin août de s'appuyer sur un collège d'experts et expertes. Hasard du calendrier, cette annonce survient quelques jours à peine après que l'entreprise de veille médiatique Onclusive a licencié plus de 217 employés pour les remplacer par... des outils d'intelligence artificielle générative. Un exemple probant des potentielles conséquences négatives de la technologie sur l'économie.

Orienter la ruée vers l'or

Le terme d'intelligence artificielle générative s'est imposé dans le langage après le lancement de ChatGPT, fin novembre 2022. Depuis, les plus optimistes, comme OpenAI et Microsoft, y voient la plus grosse révolution technologique depuis internet. Alors forcément, personne ne veut rater le train. Entreprises et gouvernement se précipitent sur les processeurs spécialisés de Nvidia pour entraîner leur propres modèles d'IA, au point de faire exploser ses chiffres de vente. Mais cette ruée vers l'or s'accompagne de tout un ensemble de questions sociales, sociétales, ou encore d'éthique parfois mises de côté faute de temps. Du côté de Bercy, on met en garde :

« Nous avons raté la dernière révolution technologique il y a une trentaine d'années. Nous avons la chance de rebattre les cartes en termes de concurrence. Mais cette volonté doit s'accompagner de réflexions sur les enjeux sociaux et sociétaux, en plus de discussions sur la technologie et sur ses conséquences économiques. »

C'est ici qu'intervient le conseil nouvellement formé. Il dispose de six mois pour « porter le débat », « recueillir des avis », et aider à « forger la position de l'Etat » sur l'IA générative. Autour de la table, une quinzaine d'experts et expertes du sujet, issus à la fois des secteurs privé et public. Parmi les noms mentionnés par Matignon se trouvent Yann Le Cun, star mondiale du sujet et directeur de l'IA chez Meta ; Joëlle Barral, directrice de la recherche en IA de Google DeepMind ; Arthur Mensch, cofondateur de la startup Mistral AI ; Gaël Varoquaux, chercheur à l'Inria ; ou encore le co-président du Conseil national au numérique Gilles Babinet. Le groupe sera mené par Anne Bouverot, administratrice de plusieurs entreprises technologiques (Technicolor, Edenred, Ledger...).

Un premier rendu en novembre

Pour l'instant, Matignon s'abstient de s'engager sur un calendrier ou d'indiquer précisément ses attentes, à l'exception de la remise d'un premier rapport intermédiaire en novembre. Concrètement, le conseil devrait produire des rapports chiffrés et établir des recommandations. « Sur l'impact économique de l'intelligence artificielle générative, quelques chiffres commencent à circuler, mais la puissance publique n'en produit que trop peu. Nous devons nous positionner dans ce rôle, afin d'obtenir un éclairage plus précis sur la situation », insiste Matignon.

Le gouvernement n'exclut pas de faire appel à des experts sectoriels pour renforcer les compétences en cas de sujets précis à approfondir, par exemple dans la culture ou dans la justice. Et pour cause : un large éventail de sujets s'ouvre au regroupement d'experts, autour de la souveraineté, de l'éthique, de la propriété intellectuelle, ou encore du rôle du secteur public. Si Matignon et Bercy mènent le travail interministériel, plus de cinq autres ministères, à commencer par ceux de la recherche et de la culture, pourraient être mobilisés.

Cette initiative gouvernementale, sur le papier très prospective, intervient plus de dix mois après le lancement de ChatGPT, soit une éternité à l'échelle de cette technologie qui évolue à grande vitesse. Pour autant, il ne s'agit pas de la première action du gouvernement. En juin, le président Emmanuel Macron avait présenté un nouveau programme d'investissement, appuyé par France 2030 et doté de 900 millions d'euros. Il s'oriente vers des mesures pour accélérer la formation, se doter de capacités de calcul, développer des outils en langue française ou encore financer les jeunes startups.

François Manens

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Commentaires 12
à écrit le 21/09/2023 à 11:35
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Quand le gouvernement manque d'intelligence il faut en chercher ailleurs !

à écrit le 21/09/2023 à 9:35
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Le même cabinet expert en stupidité réelle qui a conseillé à Babeth d'introduire la vente à perte?

à écrit le 20/09/2023 à 9:32
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Stephen Hawking dans son livre Brèves réponses aux grandes questions, n’est pas très optimiste sur notre intelligence : « il suggère de contrôler l’évolution de l’intelligence artificielle qui pourrait développer une volonté qui lui soit propre, et d...

à écrit le 20/09/2023 à 8:41
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Ce qui est inquiétant d'abord et avant tout c'est qu'ils ne s'en soient forgés aucune d'opinion or les chercheurs, les scientifiques, tout comme les comptables que sont devenus les dirigeants politiques, des comptables biaisés, ne font pas des décide...

à écrit le 19/09/2023 à 23:42
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Des experts de chez Mc Kinsey ??

à écrit le 19/09/2023 à 21:01
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L'Intelligence Artificielle va apprendre à l'Etat à équilibrer son budget et à ne plus faire de dettes ? Contrairement à ce qu'il fait chaque année depuis 1974 ? On va fermer l'ENA, alors ?

le 20/09/2023 à 13:39
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@Britannicus: Excellente suggestion. On pourrait demander à l'IA si on peut également supprimer les ministres, le parlement et même le président. Ne poussons pas tout-de-même: l'IA pourrait suggérer de supprimer les électeurs, devenus inutiles, et de...

à écrit le 19/09/2023 à 19:47
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Des experts de chez McKinsey ?

à écrit le 19/09/2023 à 19:32
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Un "expert" sera toujours pour l'IA afin de continuer son job d'incitation, ce n'est plus la référence ! ,-)

à écrit le 19/09/2023 à 18:51
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Les experts des hautes commissions, on sait ce que c'est, et leurs conclusions c'est ce qu'on leur pose sur le bureau avant, on a tous fait ça.... sinon, demandez leur ce que ca veut dire génératif, et leur reponse immediate prouvera, en plus de...

le 19/09/2023 à 22:15
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@ Churchill, Votre expertise aussi on sait ce que c est haha ..

le 19/09/2023 à 22:15
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@ Churchill, Votre expertise aussi on sait ce que c est haha ..

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