Intelligence artificielle : les assistants Copilot, nouvelle mine d'or de Microsoft

Dans le sillage d'un essai plus que réussi dans sa filiale GitHub, Microsoft intègre des assistants dopés à l'intelligence artificielle générative dans tous ses logiciels. Leurs noms ? Copilot. En plus d'intégrer les performances de pointe de son partenaire privilégié OpenAI (éditeur de ChatGPT), ces nouveaux outils devraient doper les revenus de l'entreprise. Décryptage.
François Manens
Copilot, un gisement de revenus à exploiter pour Microsoft.
Copilot, un gisement de revenus à exploiter pour Microsoft. (Crédits : Microsoft)

« Dans un futur proche, nous allons avoir des Copilot pour tout, et nous n'allons plus vouloir travailler sans », prédit auprès de La Tribune Thomas Dohmke, CEO de GitHub et un des précurseurs des assistants dopés à l'intelligence artificielle. En octobre 2021, son entreprise, filiale de Microsoft, lançait Copilot, un outil capable de suggérer aux développeurs la suite de leur code informatique. C'était l'une des premières applications d'IA dite « générative », avant même que le terme soit communément employé.

Plus d'un an après, dans le sillage du succès retentissant de ChatGPT, Microsoft se presse d'intégrer des assistants dopés à l'intelligence artificielle dans tous ses produits, à commencer par la suite bureautique Microsoft 365 (Excel, Word, PowerPoint...), son logiciel de communication Teams ou encore ses outils de cybersécurité. Plutôt que de multiplier les noms d'assistants, elle a emprunté à sa filiale la marque Copilot (copilote, en français), qu'elle décline pour chaque logiciel. Et pour cause : ce terme, trouvé par un ancien employé de GitHub, reflète parfaitement la stratégie du groupe dans l'IA générative, qui pourrait rapidement s'avérer très lucrative.

30 dollars par utilisateur par mois

« Le terme copilote fonctionne bien parce qu'il véhicule le fait que l'outil a toujours besoin d'un pilote, que ce soit un développeur, un rédacteur, ou un commercial. Le message est clair : il ne remplace pas le travailleur humain. Il est simplement une machine probabiliste qui nous aide à faire notre travail plus vite en éliminant des tâches répétitives », développe Thomas Dohmke. Selon les applications, Copilot suggère du code informatique, de l'écrit ou des images, mais c'est à l'utilisateur de faire le tri et de valider les informations. Par exemple, Microsoft 365 Copilot (encore en phase de test auprès d'un petit nombre d'utilisateurs) peut créer une présentation PowerPoint complète en quelques secondes à partir d'informations contenues dans des documents Word, des emails ou des tableurs Excel. Il prend donc à sa charge un travail de bureautique laborieux et chronophage, afin que l'utilisateur se concentre sur d'autres aspects de sa présentation.

Avec ses Copilot, qui seront déployés auprès du grand public dans les prochains mois, Microsoft promet aux entreprises des gains de productivité inédits. Pour convaincre le marché, le géant de l'informatique peut déjà s'appuyer sur les premiers chiffres produits par sa filiale Github grâce à ses 20.000 organisations clientes. « GitHub Copilot coûte aux entreprises 19 dollars par ingénieur et par mois, pour des gains de productivité que nous estimons entre 30% et 50%. C'est phénoménal, surtout si on le met en rapport avec le salaire horaire des utilisateurs, qui sont des employés très qualifiés et donc bien payés », promeut ainsi Thomas Dohmke.

« Cette révolution tombe à pic pour les entreprises puisque dans le contexte économique actuel, tout le monde veut réduire les coûts », ajoute-t-il. Concrètement, GitHub affirme depuis février qu'environ 46% du code informatique écrit par les utilisateurs de Copilot a été suggéré par l'IA, une part qui monte jusqu'à 60% pour des langages informatiques comme le Java. Grâce à l'assistant, l'entreprise a enfin dépassé le milliard de dollars de chiffre d'affaires annuel en 2022, et projette à court terme de devenir un des piliers financiers de son entreprise mère.

De son côté, Microsoft envisage de facturer ses assistants encore plus cher que GitHub, jusqu'à plus de 30 dollars par utilisateur selon les logiciels, ce qui créerait un gigantesque gisement de revenus à exploiter. Au dernier trimestre, l'entreprise déclarait par exemple vendre 383 millions de comptes Microsoft 365 payants, soit autant de clients qu'elle peut espérer convaincre de débourser 360 dollars supplémentaires par an. Autrement dit, le géant de la tech ne se contente pas d'utiliser l'IA générative comme un atout différenciant de la concurrence, il en fait aussi un nouveau levier de revenus à part entière grâce aux assistants.

Vers un Copilot universel ?

Si l'idée d'utiliser la marque Copilot pour tous les assistants relève avant tout du marketing, elle permet aussi d'anticiper de potentielles évolutions. « Nous nous dirigeons vers un futur où les Copilot partageront une couche de savoir commune », projette ainsi le PDG de Github. Le Copilot de Microsoft 365 est un premier exemple de cette vision, puisqu'il a accès aux informations de tous les différents logiciels de la suite de bureautique. Mais le futur irait encore plus loin, et serait capable de suivre l'utilisateur à travers différentes applications, à commencer par celles de Microsoft.« Imaginons que je fasse une réunion Teams avec un de mes employés, celui-ci pourrait demander à Copilot d'aller chercher en quelques secondes sur Github le passage de son projet sur lequel il bloque pour en discuter avec moi », ambitionne Thomas Dohmke.

Reste que cette évolution vers des assistants plus puissants et capables d'effectuer toujours plus de tâches devra s'accompagner d'ajustements techniques. Les modèles d'IA qui leur servent de moteur deviennent de plus en plus précis dans leur production à chaque itération (à l'image de GPT-4), mais ils nécessitent en contrepartie plus de puissance de calcul, et donc de temps.

Pour répondre à ce besoin, l'industrie des semi-conducteurs, à commencer par Nvidia, développe des puces spécialisées. Non seulement la puissance de ces nouveaux processeurs permet de faire tourner les modèles d'IA les plus récents, mais en plus, les anciens modèles deviennent aussi plus rapides à faire tourner, et donc moins chers à utiliser. « Si les progrès des processeurs vont plus vite que ceux des fonctionnalités, alors la question du coût ne se posera pas », balaie Thomas Dohmke. Et d'ajouter : « les architectures des modèles sortis depuis longtemps continuent d'être optimisées, ce qui les rend moins chers à faire tourner. » Concrètement, la dernière version du Copilot de GitHub utilise différents modèles d'IA selon ses tâches : pour celles où la précision prime, il emploie les versions les plus récentes de GPT, et pour celles où la rapidité d'exécution est essentielle, il fera appel à d'anciennes versions.

Quid des conséquences sur l'emploi ?

Problème : si Microsoft insiste sur la place de l'humain à la barre des IA et de ses assistants Copilot, il reste en même temps très discret sur les potentiels effets néfastes de ces nouveaux outils sur le marché du travail. Pourtant, une grande question apparaît déjà en toile de fond : que vont faire les entreprises de tous les gains de productivité promis ? Parmi les nombreuses conséquences possibles d'une augmentation de l'efficacité des travailleurs se trouve évidemment le spectre des fermetures d'emploi. Et l'exemple de GitHub n'a pas permis d'écarter cette menace, puisque son Copilot s'adresse à des métiers sous tension, dont celui de développeur.

Mais le suspens autour de cette question ne devrait pas durer très longtemps, car la révolution est bel et bien en marche. « Avant, nos clients potentiels ne ressentaient pas d'urgence à adopter l'intelligence artificielle générative, même s'ils s'accordaient pour dire qu'elle avait un futur. Ils ne voulaient pas être les premiers. ChatGPT a amené ce sentiment d'urgence », conclut Thomas Dohmke.

François Manens

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Commentaires 5
à écrit le 18/08/2023 à 18:28
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Bon j'ai demandé de generer un code pas trop compliqué avec une question assez simple et où on trouve la réponse assez facilement sur le net, j'ai eu une réponse en 10 lignes, ça colle, et le code a l'air clair et lisible.... Le pb c'est qu'il ne ma...

le 19/08/2023 à 9:57
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Ce sont des aide mémoire amélioré plus que de l'intelligence générale. D'ailleurs cela fait bien prendre conscience pour ceux qui pouvaient en douter que la mémoire est une part importante de ce que l'on nomme intelligence. En effet, la connaissanc...

le 20/08/2023 à 21:52
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Ben ça reste de l'ai vu que c'est des modèles neuromimetiques, et qu'il y a apprentissage par retroprooagation des gradients..mais effectivement ça reste des perroquets repeteurs qui mettent de la complexité inutile là où on n'en n'a pas besoin, et ...

à écrit le 18/08/2023 à 12:07
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Vous pouvez avoir votre IA personnelle en local sur votre PC, il suffit de télécharger le logiciel gpt4all. C'est un peu lent, mais quelle magie d'avoir un ordinateur intelligent

le 18/08/2023 à 18:24
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je ne connais pas ce logiciel mais je travaille déjà avec l'i a c'est formidable, je vais télécharger le gpt4all

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