Intelligence artificielle : Macron présente un plan d'investissements de 900 millions d'euros

A l'occasion du salon Viva Technology, le président de la République Emmanuel Macron a détaillé un plan dédié à l'intelligence artificielle, afin que la France ne rate pas le virage technologique en cours.
François Manens
Emmanuel Macron a présenté le deuxième volet de la stratégie française sur l'IA à Vivatech.
Emmanuel Macron a présenté le deuxième volet de la stratégie française sur l'IA à Vivatech. (Crédits : POOL)

Cinq ans après le premier plan d'investissement pour l'intelligence artificielle de 1,5 milliard d'euros, l'Etat s'apprête à passer à la seconde. En plein boom de l'IA générative, c'est Emmanuel Macron lui-même qui a présenté le détail des mesures, à l'occasion du salon Viva Tech.

« Nous sommes en bonne position en Europe continentale, mais nous sommes un peu décrochés par les Britanniques, tandis que les Etats-Unis d'Amérique et la Chine vont beaucoup plus vite que nous », constate le président. Pour contrer cette tendance, il mise sur deux axes : la création d'un écosystème français et européen « très puissant », et la mise en place d'une régulation efficace mais suffisamment souple. Un difficile équilibre à trouver, illustré par une mise en garde : « Le pire des scénario c'est une Europe qui investirait beaucoup moins que les Américains ou les Chinois et qui n'arriverait pas à créer de grands champions, mais qui déciderait de commencer par la régulation. »

Plus de 900 millions d'euros d'investissements déjà annoncés

Le premier objectif du nouveau plan ? « Créer plus de champions » de l'intelligence artificielle. Et pour y parvenir, l'Etat va mettre la main au portefeuille. Emmanuel Macron promet même d'investir « beaucoup plus qu'au premier plan »... même si le compte n'y est pas encore :

  • 500 millions d'euros pour doubler le nombre de formations, avec l'ambition de faire émerger « cinq à dix IA clusters de haut niveau » pour avoir au moins parmi eux « deux ou trois références mondiales ».
  • 300 millions d'euros dans les capacités de calcul nécessaires à la création des IA de demain. « Nous avons du retard sur ce sujet » regrette le président. A court terme, l'Etat va investir 50 millions d'euros pour quadrupler la capacité de calcul de Jean Zay, où il a déjà investi 40 millions d'euros. Le supercalculateur a par exemple été utilisé par la startup française LightOn pour entraîner son IA concurrente de GPT-4.  A moyen terme, l'Etat va investir 250 millions d'euros pour la construction d'un nouveau supercalculateur (qui devrait dépasser la puissance de Jean Zay), dont la livraison est prévue en 2025. Le président précise que 250 millions d'euros seront également investis par l'Union européenne dans ce même projet. Plus généralement, l'administration va travailler sur une meilleure collaboration et ouverture des supercalculateurs entre pays européens et entre le public et le privé.
  • 40 millions d'euros pour l'émergence de grands modèles d'IA générative français, comme ceux de LightOn et ceux à venir de Mistral AI. Avec cette enveloppe -très faible comparée aux sommes levées aux Etats-Unis-, l'Etat compte créer un effet de levier, qui entraînera le secteur privé. « Nous devons pouvoir mettre de gros tickets sur ces sujets », insiste le président. Il prévoit également d'inciter à la création de bases de données en langue française, afin que le soft power français ait des références dans les modèles et d'éviter un biais anglo-saxon systématique.
  • 50 millions d'euros pour un fonds d'amorçage mené par Bpifrance.

Plus généralement, Emmanuel Macron a rappelé qu'il souhaitait que « l'Etat et la collectivité tirent des bénéfices » de la révolution de l'IA en cours. Toujours dans ce but, il prévoit de mettre en place une mission sur les impacts sociétaux des intelligences artificielles, afin de créer un débat de société et éviter une panique sociale qui risquerait de faire rater le virage technologique à la France.

Une « doctrine » plutôt qu'une loi ?

Alors que l'AI Act était débattu le jour même à la Commission européenne, Emmanuel Macron a promu un cadre plus souple. D'ici novembre, il souhaite créer une doctrine « mouvante ». « Le rythme habituel de la régulation n'est pas adapté, car on régule trop lentement. Résultat, quand la régulation est en place, elle vise des technologies qui peuvent déjà être obsolètes », développe-t-il, avant de renchérir, « il ne faut pas se figer trop vite sur des positions fermées ».

Le chef d'Etat prend pour exemple le Royaume-Uni, qui grâce à un dialogue avec le monde académique, les régulateurs et les principaux acteurs du marché, a réussi à obtenir l'ouverture -confidentielle et partielle- du code des grands modèles de langage. Pour Emmanuel Macron, la priorité est de s'accorder sur un « design natif » des grands modèles, ce qui implique d'avoir des exemples européens sur lesquels s'appuyer.

François Manens

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Commentaires 5
à écrit le 15/06/2023 à 16:22
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Alors! On cherche plus intelligent que soi ? On se cherche un "Dieu" ? ,-)

à écrit le 15/06/2023 à 8:54
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Alors! On cherche plus intelligent que soi ? On se cherche un Dieu ? ,-)

à écrit le 15/06/2023 à 7:28
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Mais quel panier percè celui-là ! Et c'est le peuple français qui paye...

à écrit le 14/06/2023 à 21:27
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L'état français veut investir dans l'intelligence. Mais "état" et "intelligence" sont deux termes antagonistes chez nous... C'est investir à perte, et ça on le fait très bien ;)

à écrit le 14/06/2023 à 21:03
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Il permet, par son caprice, d'investir sur son successeur ! ,-)

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