IA générative : pourquoi la France a une carte à jouer

La France peut-elle se frayer une place aux côtés des golgoths sur-financés de la tech américaine ?
Le ministre délégué à la Transition numérique Jean-Noël Barrot.
Le ministre délégué à la Transition numérique Jean-Noël Barrot. (Crédits : Reuters)

Après avoir raté la vague d'innovation numérique dominée par les géants Google, Apple, Facebook et Amazon, la France semble cette fois bien préparée à surfer sur la vague de l'intelligence artificielle. L'Hexagone dispose d'un écosystème de plus de 600 startups, dont 80 dans l'IA générative. Et ses têtes d'affiche clament haut et fort leurs ambitions mondiales.

Mistral AI a ainsi déclaré, test à l'appui, qu'il obtient de meilleures performances que le modèle équivalent de Meta, référence du secteur et concurrent direct. Le tout, après seulement quatre mois d'existence.

Mais la star française n'est pas la seule à montrer les crocs. Dust, cofondée par un ancien d'OpenAI, a séduit dès sa création Sequoia, un des plus gros fonds d'investissement de la tech mondiale, capable d'ouvrir une voie royale sur le marché américain. Quant à LightOn, son carnet de commande déborde. Il accompagne déjà de premiers clients américains dans la création de leurs propres modèles de langage [LLM, voir lexique page 3] Ce départ réussi de l'écosystème français s'appuie grandement sur une nouvelle génération d'entrepreneurs. « Je pense que la rencontre entre le dispositif des thèses Cifre [doctorat en entreprise, ndlr] et l'arrivée des laboratoires américains d'IA en France pendant les années 2010, y est pour beaucoup. Elle a généré un réservoir inédit de talents, qui compte certains des meilleurs chercheurs mondiaux, à l'instar des fondateurs de Mistral AI », explique Stanislas Polu, fondateur de Dust et lui-même ancien chercheur d'OpenAI.

Régulation et financement, les deux nerfs de la guerre

Le gouvernement français a bien conscience du coup à jouer autour de ses pépites. Bercy, par les voix du ministre de l'Economie Bruno Le Maire et du ministre délégué à la Transition numérique Jean-Noël Barrot, multiplie les appels à la prudence à l'égard des régulateurs. L'État craint que les lois européennes, à commencer par l'IA Act, brident l'émergence de champions locaux et confortent par ricochet les Américains dans leur avance. L'ancien ministre Cédric O, embarqué dans le projet Mistral, s'est fendu en mai d'une lettre d'avertissement. « La version de l'IA Act proposée par le Parlement européen revient de facto à interdire l'émergence de LLM européens », assenait-il.

En parallèle, un autre verrou se profile. « Pour que les startups françaises suivent la cadence des Américains, la question du financement va rapidement se poser », relève Ghislain de Pierrefeu, expert en IA pour le cabinet de conseil Wavestone. Avant de compléter : « les grands investisseurs français comme Xavier Niel ont montré qu'ils peuvent accompagner des levées de centaines de millions d'euros. Mais aucun ne peut mener des tours de table de plusieurs milliards d'euros comme le font Microsoft ou Amazon ». Bien partis, les champions français ont encore plusieurs haies à surmonter avant de rejoindre le gratin mondial.

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Commentaire 1
à écrit le 21/11/2023 à 7:23
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C'est certain, l'esprit français est même certainement la pierre angulaire de l'IA, un point de comparaison sans égal, mais voilà quel décideur est capable rien que de comprendre ça ? C'est que nous partons de loin sachant que ce n'est même pas sûr q...

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