Amazon évince Visa et sa carte de crédit au Royaume-Uni

Mi-janvier, le géant de l'e-commerce n'acceptera plus les cartes de crédit Visa britanniques en raison de "frais élevés" pratiqués par l'opérateur de cartes bancaires. Officiellement, Amazon cherche à "promouvoir des options de paiement plus rapides, moins chères et plus inclusives". De quoi faire écho aux projets des GAFA de lancer leur propre monnaie numérique, basée sur la blockchain, afin de prendre de l'avance sur les nouveaux moyens de paiement.
Ces frais devraient baisser avec le temps, alors que les technologies progressent, mais les coûts restent élevés, voire augmentent, juge le géant américain.
"Ces frais devraient baisser avec le temps, alors que les technologies progressent, mais les coûts restent élevés, voire augmentent", juge le géant américain. (Crédits : Pascal Rossignol)

La manoeuvre est symbolique. Amazon, géant mondial de l'e-commerce, ferme en partie la porte en Grande-Bretagne à Visa, l'opérateur historique du paiement. L'Américain, qui revendique 200 millions d'abonnés dans le monde, a annoncé mercredi qu'il n'accepterait plus les paiements par cartes de crédit Visa émises au Royaume-Uni à compter du 19 janvier 2022. En cause, selon le géant de l'Internet qui a engrangé des bénéfices records pendant la pandémie, les "frais élevés" pratiqués par l'entreprise de services de paiement.

Alors que 90% des consommateurs britanniques utilisent Amazon outre-Manche, et 40% son service payant Prime, selon une étude Mintel en 2019 citée par The Guardian, Amazon a donc prévenu ses utilisateurs par email. Il y précise d'ailleurs que les cartes - de débit - Visa ou les cartes de crédit fournies par d'autres entreprises "comme Mastercard, Amex et Eurocard" pourront toujours être utilisées.

A la suite du Brexit, les frais de transaction opérés par Visa ont augmenté. Lorsque le Royaume-Uni appliquait la réglementation européenne, le taux de commission par transaction était de 0,3%. Depuis la sortie de l'Union, Visa a augmenté ses frais à 1,5%, rappelle le site américain The Verge.

"Ces frais devraient baisser avec le temps, alors que les technologies progressent, mais les coûts restent élevés, voire augmentent", a pointé Amazon mercredi dans un communiqué, ajoutant vouloir "continuer d'innover (...) pour ajouter et promouvoir des options de paiement plus rapides, moins chères et plus inclusives".

Amazon et les rumeurs sur sa cryptomonnaie privée

Ainsi décrites, ces "options de paiement" font écho aux expérimentations menées par les GAFA en matière de cryptomonnaies. Et pour cause. Reposant sur le protocole décentralisé de la blockchain, les cryptomonnaies privées des géants du numérique, à l'image de la Libra devenue "Diem" de Facebook ont l'ambition de devenir de nouveaux moyens de paiement sécurisés, effectués de pair à pair, et surtout sans opérateur intermédiaire.

Cet été, une annonce emploi postée par Amazon pour un "chef de produit spécialisé sur les monnaies digitales et la blockchain", avait dopé le cours du bitcoin, la première cryptomonnaie, rappelle CNN.

Dans la foulée de ces rumeurs, Amazon avait démenti sa volonté de lancer sa propre cryptomonnaie, qui lui permettrait à la fois de supprimer les frais de transaction et de maîtriser les données de paiement.

Surtout, depuis cet été, Jeff Bezos, le fondateur du site e-commerce a pris le large avec les fonctions de direction générale de l'ogre du e-commerce. De quoi lui donner l'occasion, avait-il indiqué, de se concentrer sur d'autres activités, et notamment les cryptomonnaies.

Jeff Bezos investit en effet régulièrement dans les nouvelles entreprises dites de la finance décentralisée, via son fonds personnel de capital-risque Bezos Expeditions. En 2020, il prenait ainsi une participation dans la startup Chipper Cash qui a levé 30 millions de dollars pour sa plateforme de trading de cryptomonnaies visant sept pays africains, rapportait le site bitcoin.com. D'autre part, le site Amazon accepte déjà des paiements en cryptomonnaies contre des chèques-cadeaux, via la startup suédoise Bitrefill.

Visa est "très déçue"

De son côté, l'entreprise américaine Visa s'est dite mercredi "très déçue" de la décision d'Amazon. "Lorsque le choix du consommateur est limité, personne ne gagne", a réagi l'entreprise dans un communiqué.

"Nous continuons de travailler" avec Amazon pour résoudre le problème, afin que les titulaires de cartes Visa puissent continuer à "utiliser leurs cartes sur Amazon au Royaume-Uni sans restrictions en janvier 2022", précise le communiqué.

Visa entend d'ailleurs aussi ne pas être pris de cours par les potentiels nouveaux usages des cryptomonnaies. En mars dernier, il annonçait accepter l'USD Coin, une cryptomonnaie dont le cours est adossé à une devise (un "stablecoin"), pour régler les transactions de certaines de ses cartes. "Visa va faire l'expérience avec Crypto.com, une des plus grandes plateformes de crypto, et compte offrir le règlement en USDCoin à d'autres partenaires plus tard dans l'année", expliquait-il.

(Avec agences)

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