"Censure" des artistes polémiques : Spotify recule suite au tollé

Face à la gronde de l'industrie musicale, Spotify pourrait revenir sur sa politique de modération annoncée mi-mai. Le leader mondial du streaming se réservait le droit de supprimer l'oeuvre d'un artiste sur la base de son comportement. Alors que Spotify a déjà connu des boycotts de chanteurs, il tente de ménager l'industrie à l'heure où la concurrence est accrue.
Anaïs Cherif
Spotify, leader mondial du streaming musical, revendique 75 millions d'abonnés dans le monde.
Spotify, leader mondial du streaming musical, revendique 75 millions d'abonnés dans le monde. (Crédits : Christian Hartmann)

Je t'aime, moi non plus... La relation houleuse entre Spotify et l'industrie musicale se poursuit. La plateforme de streaming, leader mondial avec 75 millions d'abonnés, avait annoncé début mai vouloir modérer les œuvres des artistes. Le géant suédois avait publié une charte sur "les contenus et les comportements haineux", en se réservant le droit de réduire la promotion d'un artiste ou, le cas échéant, de supprimer son oeuvre si elle ne respecte pas sa charte.

Cette tentative d'éditorialisation a soulevé de nombreuses critiques parmi les artistes, labels et maisons de disques - accusant parfois Spotify de censure. Des représentants auraient menacé de retirer la musique de plusieurs artistes, dont le populaire Kendrick Lamar, écouté plus de 33 millions de fois par mois sur la plateforme suédoise. En interne, Troy Carter (ancien directeur artistique) en charge des relations avec les artistes aurait menacé de démissionner.

Lire aussi : Spotify, Apple Music, Pandora... Vers une modération de la musique ?

Spotify fait marche arrière

Face à cette gronde, Spotify envisage de "partiellement revenir sur sa décision", selon des sources anonymes interrogées par Bloomberg la semaine dernière. Les dirigeants de Spotify discuteraient actuellement avec l'industrie musicale, d'une part, et les militants des droits civiques, d'autre part, pour tenter d'établir un compromis. Spotify avait signé des partenariats avec sept groupes de défense pour l'aider à préciser sa politique de modération. En gage de bonne foi, le géant suédois aurait déclaré réintégrer les chansons du rappeur XXXTentacion aux playlists dont il avait été banni.

En effet, si la musique des artistes décriés restait en ligne, elle n'était plus mise en avant. Le point sensible : la plateforme de streaming a établi comme critère, en plus du contenu des œuvres musicales, les comportements des artistes. Ainsi, le chanteur R.Kelly, accusé de violences sexuelles à de multiples reprises, a été radié de l'algorithme de recommandation de Spotify, ainsi que des playlists. Le rappeur XXXTentacion a également subi le même sort. Aucun de ces artistes n'a pour le moment été condamné en justice.

Des précédents boycotts, une concurrence accrue...

L'entreprise suédoise, entrée en Bourse il y a deux mois, ne peut se permettre de se mettre l'industrie musicale à dos à l'heure où la concurrence continue de grossir. Après Apple Music (40 millions d'abonnés) et Amazon Music Unlimited (20 millions), YouTube entre dans la bataille du streaming musical payant avec une nouvelle offre annoncée mi-mai. Aux États-Unis, premier marché au monde, Apple Music serait déjà sur les traces de Spotify. La firme à la pomme y aurait une croissance mensuelle de ses abonnés de 5% - contre 2% pour Spotify -, chiffrait en février le Wall Street Journal. Si ces performances se maintiennent, l'entreprise suédoise pourrait perdre sa place de numéro 1 dès cet été aux États-Unis.

Spotify a déjà connu des vagues de boycott. La chanteuse Taylor Swift avait retiré pendant trois ans l'intégralité de son oeuvre. Spotify était accusé de sous-payer les artistes. Le leader du marché a d'ailleurs été condamné la semaine dernière à verser 112 millions de dollars de royalties, suite à une procédure judiciaire entamée en 2015.

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 31/05/2018 à 15:00
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Bonjour Le problème de la «  censure » et «  des interdictions » : c’est «  comme un mur » et si vous avez en «  face «  des «  blocs de colère » l’effet revient a sens inverse «  effet boomerang » Que faire ? demandons «  une prise de consci...

à écrit le 29/05/2018 à 10:21
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Ne pas confondre censure et politique commerciale. Il n'y a pas d'alternative à la censure qui prétend protéger l'ordre public, alors qu'il existe pour les politiques commerciales une concurrence qui protège la liberté d'expression.

à écrit le 28/05/2018 à 16:42
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"Si ces performances se maintiennent, l'entreprise suédoise pourrait perdre sa place de numéro 1 dès cet été aux États-Unis" ET du coup dès la fin 2018 nous pourrions assister non pas à la fonte totale de l’Antarctique mais à la disparition total...

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