Réseaux sociaux : Parler, le refuge des pro-Trump suite à son bannissement de Twitter

Prisé par la droite et l'extrême-droite, le réseau social américain Parler a connu un regain de popularité depuis la semaine dernière suite au blocage des comptes de Donald Trump sur Twitter et Facebook entre autres. Le réseau social a depuis été banni des magasins d'applications Apple et Google, ainsi que des serveurs d'Amazon. Parler a déposé plainte lundi contre Amazon. Explications.
Anaïs Cherif
A l'instar de la plateforme Gab, le réseau social a rapidement attiré des franges ultra-conservatrices et partisans de l'extrême-droite, qui se disent censurés par les plateformes mainstream comme Facebook.
A l'instar de la plateforme Gab, le réseau social a rapidement attiré des franges ultra-conservatrices et partisans de l'extrême-droite, qui se disent censurés par les plateformes mainstream comme Facebook. (Crédits : Reuters)

[Publié le 11/01/2021 à 16h30, mis à jour le 12/01 à 10h]

  • Parler, c'est quoi ?

Lancé en 2018, Parler se définit lui-même comme un "réseau social impartial", reposant sur la liberté d'expression "sans violence et sans censure". Basé à Henderson (Nevada, Etats-Unis), il a été créé par John Matze, un ingénieur informatique, et Rebekah Mercer, une importante donatrice du parti républicain.

Pour accéder à la plateforme, il est obligatoire de se créer un compte. Il est ensuite possible de publier des messages jusqu'à 1.000 caractères (contre 280 sur Twitter). Comme Twitter et Facebook, Parler est construit autour d'un fil d'actualités où tombent tous les messages des personnes auxquelles on est abonné. Différence notable : les messages y sont affichés du plus récent au plus ancien, là où les géants d'Internet organisent le fameux fil grâce aux algorithmes de recommandation. Au-delà du fil principal, il est également possible de naviguer sur un onglet "découverte de l'actualité".

A l'instar de la plateforme Gab, le réseau social a rapidement attiré des franges ultra-conservatrices et partisans de l'extrême-droite, qui se disent censurés par les plateformes mainstream comme Facebook. Des responsables politiques républicains, comme le parlementaire Devin Nunes ou la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, y sont aussi présents.

En séduisant les pro-Trump, Parler a connu un regain d'affluence lors de l'élection présidentielle américaine en novembre : le nombre d'utilisateurs aurait doublé en une semaine à 10 millions de comptes pour 4 millions d'utilisateurs actifs, selon les derniers chiffres communiqués par le groupe. Donald Trump, pourtant adepte des réseaux sociaux, ne disposait pas de compte sur Parler jusqu'ici.

Lire aussi : Réseaux sociaux : l'ascension fulgurante de Gab, refuge de l'extrême droite américaine

Pour diversifier son audience, le fondateur de Parler est allé jusqu'à instaurer une "prime progressiste" de 10.000 dollars (environ 8.200 euros au cours actuel) pour qu'un "expert ouvertement libéral ayant 50.000 abonnés sur Twitter ou Facebook" rejoigne la plateforme, rapportait CNBC en juin dernier. "John Matze indique avoir reçu tellement peu de réponses qu'il a doublé la prime originelle" pour la fixer à 20.000 dollars (environ 16.400 euros), raconte la chaîne de télé américaine.

  • Pourquoi le réseau social connaît un regain de popularité ?

Parler a vu ses téléchargements exploser depuis la semaine dernière. Vendredi dernier, le réseau social a été téléchargé 182.000 fois sur les magasins d'applications d'Apple (App Store) et Google Play Store - soit une hausse de 14% en comparaison à la semaine précédente, selon les chiffres du cabinet d'études Sensor Tower. A tel point que la plateforme était l'application gratuite numéro un de l'App Store.

En cause : les décisions des réseaux sociaux, principalement Twitter et Facebook, de supprimer de façon permanente le compte de Donald Trump. Ces blocages ont été pris suite aux messages publiés par le président sortant mercredi dernier, où il remettait en doute l'intégrité du scrutin. Cela s'est traduit dans la journée par une irruption violente de partisans pro-Trump au Capitole (Washington), alors que se tenait la séance de validation des résultats de l'élection présidentielle.

Lire aussi : Présidentielle américaine : le vote par correspondance, un terreau favorable à la désinformation?

  • Pourquoi Parler a-t-il été banni des services Google, Apple et Amazon ?

Les messages en soutien à l'attaque du Capitole ainsi que les appels à de nouvelles manifestations ont continué à se multiplier sur la plateforme, rapporte l'AFP. Conséquence : Google a décidé de retirer l'application de son magasin d'applications dès vendredi. La firme de Mountain View évoque la présence de messages "incitant à la violence" et d'une politique de modération trop laxiste. Google a été imité par Apple dès samedi. Par conséquent, il n'était plus possible de télécharger l'application pour de nouveaux utilisateurs. En revanche, les personnes qui l'avaient déjà sur leur smartphone pouvaient toujours y accéder.

Mais dans la foulée, Amazon a affirmé ce week-end qu'il suspendait l'accès de Parler à ses services d'hébergement en raison de "contenus violents", lui coupant -de fait- l'accès à Internet. C'est pourquoi le réseau social est inaccessible depuis dimanche soir, minuit.

Pour négocier un retour sur les magasins d'applications, Parler dit avoir doublé au cours des derniers jours son équipe de modérateurs bénévoles pour grimper à 1.000 personnes, rapporte le Wall Street Journal. L'entreprise d'une trentaine de salariés aurait demandé aux modérateurs bénévoles, qu'elle surnomme les "jurés", de traquer en priorité les messages haineux.

Lire aussi : «Les théories du complot, comme les religions, permettent de s'extraire de l'inconfort du hasard»

  • Et après ?

Le réseau social a contre-attaqué dès lundi, en déposant plainte aux Etats-Unis contre Amazon. Parler estime que cette décision est motivée par des motifs politiques et par la volonté de réduire la concurrence au bénéfice de Twitter, rapporte l'AFP. C'est pourquoi l'entreprise demande au tribunal de prononcer une ordonnance temporaire contre la firme de Seattle en forçant le groupe à lui rouvrir ses serveurs.

En parallèle, le réseau social chercherait des alternatives, selon les dires de son fondateur. "Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour revenir en ligne le plus rapidement possible mais tous les fournisseurs que nous contactons nous disent qu'ils ne veulent pas travailler avec nous si Apple ou Google n'approuve pas", a affirmé John Matze lors d'une interview sur la chaîne Fox News dimanche. Il est difficile de trouver "300 à 500 serveurs informatiques en 24 heures".

"Amazon, Google et Apple ont fait cela dans un effort coordonné en sachant que nos options seraient limitées et que cela nous infligerait le plus de dommages possibles au moment où le président Trump est banni par les entreprises de la tech", a déploré le patron de Parler sur son profil samedi, accusant les géants du web de mener une "guerre contre la liberté d'expression", rapporte l'AFP.

Le réseau social pourrait imiter la plateforme similaire, Gab. Egalement bannie par Apple et Google, le réseau social prisée de l'extrême-droite avait mis en place ses propres serveurs pour ne pas dépendre de sociétés tierces.

Anaïs Cherif

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Commentaires 15
à écrit le 12/01/2021 à 17:01
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La guerre États hyperpuissances financières issues d'Internet se déchaîne au niveau mondial Au usa Mark Zuckerberg (Facebook) et Jack Dorsey (Twitter) ont réduit au silence le chef d'État en exercice En Chine c'est le chef d'État en exercice qui ...

à écrit le 12/01/2021 à 12:38
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Vous n’acceptez pas la censure des GAFAM, vous êtes le succès de FB Twitter YouTube WhatsApp, vous voulez les faire trembler en bourse ? Créez votre compte VK Rumble Gab Parler Telegram Qwant StopCensorship et RT en masse sur tous les réseaux.. Le...

à écrit le 12/01/2021 à 12:33
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La conspiration démocrate était bien prévue : l'ancien chef de la police du Capitole américain a affirmé dimanche que la Chambre et le Sénat avaient refusé à plusieurs reprises ses demandes de sécurité supplémentaire à Capitol Hill, source ThePostMi...

à écrit le 12/01/2021 à 10:48
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Le réseau social conservateur Parler a porté plainte ce lundi contre Amazon, qui l'a expulsé de facto d'internet en coupant l'accès à ses serveurs d'hébergement de données en raison de la persistance des messages d'incitation à la violence après l'as...

à écrit le 11/01/2021 à 18:30
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Vous pouvez appelez à la pendaison du vice président des USAs sur tweeter ce qui est tendance en ce moment sur ce réseau social mais vous ne pouvez pas le faire si la personne est démocrate. Au passage, Hillary CLinton continue d'affirmer que l'él...

le 12/01/2021 à 7:42
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Les US devenir une dictature, c’est un peu exagéré. Mais à pensée unique oui. Et ces fameux réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans cette transformation en ayant une politique de censure à géométrie variable, comme vous le dite

le 12/01/2021 à 8:23
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Les faits : en 2016 Trump a dit sans preuve que l'élection allait être truquée mais il gagne cette élection et finalement ne reparle plus de ces prétendues fraudes. En 2016 le FBI a lancé une enquête sur Clinton en pleine campagne et au dernier momen...

le 12/01/2021 à 9:00
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Comme tous les Trumpistes, vous inversez les choses, style "la Terre est ronde est une fake news". Dire que "Hillary Clinton affirme que l'élection de 2016 a été truquée", c'est un bobard. Dire qu'à l'élection de 2016, Trump a eu plus de 3 millions d...

le 12/01/2021 à 17:30
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@Pense Libre "Trump a eu plus de 3 millions de voix de MOINS que Clinton, et que donc il était illégitime, c'est VRAI." Il serait illégitime en France ,mais au US ,il s'agit de suffrage indirect et ce sont les grands électeurs qui ont fait penc...

à écrit le 11/01/2021 à 18:25
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Vivement que BuyZen interdisse le parti républicain pour n'autoriser que le parti unique au pouvoir avec la bénédiction de Xi Jinping, Bernie Sanders, Jeremy Corbyn... et Jean-Luc Mélenchon.

à écrit le 11/01/2021 à 18:12
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Twitter perdait 50 % de son trafic en censurant Trump, les souverainistes du monde iront s' installer ailleurs et ailleurs ça n' est pas la place qui manque. Les GAFA ont commis une très grosse erreur en censurant une partie d...

à écrit le 11/01/2021 à 17:42
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Vous avez dit "réseaux sociaux"? Repaires d'activistes, d'ignares, de complotistes, de malfaisants, de populistes...."Réseau Social" "Social" comme "Socialiste" dans "Nationalisme Socialisme"? Les réseaux, comme les médias sont là propriété de per...

à écrit le 11/01/2021 à 17:28
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Hahaha genre Twitter et Facebook sont les gentils, c'est juste des réseaux aux ordres de la propagande qui inversent les rôles, c'est bien joué d'ailleurs, censure intégrale sur Biden mais c'est normal, que dalle des émeutes blm mais c'est normal et ...

le 11/01/2021 à 20:33
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"propagande", "dictature", "magouille", "intox", le glossaire type de ce que vous trouvez sur les réseaux sociaux complotistes. Ce message montre le danger de ces réseaux qui offrent a des personnes manipulables un "prêt a penser" avec une vision sim...

à écrit le 11/01/2021 à 17:21
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Si les démocrates voulaient faire de la publicité à l'extrême droite ils auraient pu difficilement faire mieux qu'en interdisant. Interdisez à n'importe qui n'importe quoi et vous lui donnez furieusement envie d'y aller. Un élement bizarre de plu...

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