Sous le coup d'une enquête pour corruption au Portugal, Altice suspend une dirigeante en France

Mise en cause par la justice portugaise, la directrice exécutive des contenus, acquisitions et partenariats du groupe Altice, Tatiana Agova-Bregou, a été suspendue de ses fonctions. La justice a déjà inculpé Armando Pereira, le cofondateur d'Altice, soupçonné d'avoir mis en place un mécanisme de corruption au Portugal. Le président du groupe Patrick Drahi prendra la parole devant les investisseurs et créanciers les 7 et 8 août prochains, à l'occasion de la publication des résultats semestriels du groupe.
(Crédits : Philippe Wojazer)

Première secousse en France après la révélation d'un scandale de corruption dans la péninsule ibérique, qui vaut une inculpation au cofondateur d'Altice au Portugal. Une dirigeante du groupe de télécommunications, maison mère de SFR, a en effet été suspendue de ses fonctions mercredi 2 août dans le cadre d'une enquête interne.

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Lors d'un comité social et économique (CSE), Arthur Dreyfuss, PDG d'Altice France, a rapporté avoir suspendu la directrice exécutive des contenus, acquisitions et partenariats du groupe, Tatiana Agova-Bregou, mise en cause dans des écoutes de la justice portugaise, ont expliqué à l'AFP des sources syndicales.

La dirigeante d'Altice conteste tout « acte répréhensible »

« L'UNSa attend de l'enquête interne qu'elle s'assure qu'il n'y a pas de système de prédation des richesses à l'intérieur du groupe », a déclaré le syndicat majoritaire au sein du groupe lors du CSE. Les acteurs sociaux ont voté à l'unanimité une résolution exigeant « la plus grande transparence sur les audits qui vont être menés dans le groupe Altice France » et « l'ouverture d'une discussion pour s'accorder sur les modalités de participation des élus et de leur expert aux enquêtes et audits ».

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D'autres mesures pourraient être prises en France, « dans les prochains jours ou semaines », a averti Arthur Dreyfuss lors du CSE, sans qu'il ne s'agisse selon lui d'une « chasse aux sorcières ». De son côté, la dirigeante d'Altice suspendue conteste tout « acte répréhensible », selon un communiqué de ses avocats transmis à l'AFP jeudi.

« Tatiana Agova-Bregou (...) s'étonne que son nom soit associé aux supposées malversations financières qu'auraient commis des personnes au sein du groupe Altice », écrivent Avi Bitton, Nelson de Oliveira et Lois Pamela Lesot dans le communiqué.

Plusieurs dirigeants déjà suspendus

« Elle considère avoir fait preuve de probité tout au long de sa carrière professionnelle exemplaire. Elle se tient à la disposition de la justice, si elle devait être entendue, et rappelle qu'elle ne fait l'objet d'aucune convocation en justice à ce jour », ajoutent-ils. Selon des médias portugais, Tatiana Agova-Bregou aurait bénéficié de luxueux cadeaux et d'une propriété en région parisienne de la part d'Armando Pereira. Or, ce dernier est au cœur du scandale qui a conduit les enquêteurs à mener une série de perquisitions, notamment au siège d'Altice à Lisbonne.

Pour rappel, Armando Pereira a fondé Altice avec le milliardaire français Patrick Drahi. Depuis un an, il était encore le conseiller du PDG et du comité exécutif d'Altice France. Dans les faits, il est notamment accusé d'avoir mis en place un réseau de fournisseurs douteux, au centre de la politique d'achat du groupe, et par lesquels il aurait prélevé des sommes importantes. Poursuivi avec quatre autres personnes et assigné à résidence, Armando Pereira est soupçonné dans cette affaire de onze délits de corruption et blanchiment d'argent. Il a réfuté, par l'intermédiaire de son avocat, les soupçons qui pèsent sur lui.

Depuis le 13 juillet et la révélation d'une perquisition au siège d'Altice Portugal, l'affaire éclabousse tout le groupe. Plusieurs dirigeants ont ainsi déjà été suspendus, dont le PDG d'Altice USA, Alexandre Fonseca, nommé en mars dernier et précédemment à la tête de la filiale portugaise.

Une prise de parole attendue

Chose rare, Patrick Drahi prévoit de prendre la parole devant les investisseurs et créanciers les 7 et 8 août prochains, à l'occasion des résultats semestriels d'Altice France et d'Altice International. Les dirigeants du groupe assurent pour le moment avoir découvert ces pratiques le 13 juillet. « On n'est jamais trahi que par les siens », a déclaré mercredi Arthur Dreyfuss, désireux d'ouvrir « une nouvelle page ».

Mais l'inquiétude et l'amertume dominent chez les salariés, qui s'étaient battus contre un important plan social en 2021, alors que le groupe est confronté à un lourd endettement qui inquiète les marchés au moment où les taux d'intérêt remontent.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 04/08/2023 à 8:36
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Oh ?! Une entreprise aussi saine et honnête que cela ? Franchement surprenant...

à écrit le 03/08/2023 à 21:14
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On attend avec impatience le storytelling du roi du "leveraged buy-out"(LBO).

à écrit le 03/08/2023 à 17:55
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qui a mis le doigt dans le pot de confiture ?

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