Après le coup de massue, voici l'heure des comptes. La semaine dernière, Nokia a perdu un énorme contrat de 14 milliards de dollars avec l'opérateur américain AT&T pour moderniser son réseau mobile. Ce dernier a préféré convoler avec le suédois Ericsson, le grand rival de l'équipementier finlandais. D'emblée, l'état-major de Nokia a prévenu que cette gifle ne serait pas sans conséquence pour ses affaires. Ce mardi, il l'a confirmé : Nokia annonce qu'il a revu à la baisse son objectif de marge d'exploitation. Il vise désormais les 13% d'ici à 2026, contre 14% auparavant.
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Le PDG de Nokia, Pekka Lundmark, reste toutefois optimiste:
« Nokia considère qu'il est encore possible d'atteindre l'objectif d'une marge d'exploitation comparable d'au moins 14%, mais compte tenu des conditions actuelles du marché des réseaux mobiles, ce changement est jugé prudent, affirme le dirigeant. Nokia voit d'autres possibilités d'augmenter les marges au-delà de 2026, et pense que cet objectif de 14% reste réalisable à plus long terme. »
Nokia fait son retour chez Deutsche Telekom
Pekka Lundmark convient, néanmoins, que le groupe traverse une période difficile. D'après lui, le marché des réseaux mobiles « sera confronté à des défis en 2024 et 2025 ». De manière générale, le contexte inflationniste et la concurrence élevée dans les télécoms, particulièrement en Europe, incite les opérateurs à repousser leurs investissements, et notamment ceux concernant la nouvelle et coûteuse 5G. Cela dit, Nokia s'estime capable de croître « plus rapidement que le marché » à compter de 2026.
L'équipementier souhaite démontrer aux investisseurs que malgré ses difficultés, ses produits restent performants aux yeux des opérateurs télécoms. C'est probablement la raison pour laquelle le groupe finlandais a décidé, ce même mardi, de lever le voile sur un accord avec Deutsche Telekom. L'opérateur historique allemand va utiliser le savoir-faire de Nokia et du japonais Fujitsu pour déployer des réseaux mobiles « Open RAN ». Cette technologie vise à remplacer certains équipements par du logiciel. Cela permet, notamment, aux opérateurs de faire appel à de nombreux fournisseurs, et de les mettre en concurrence, pour abaisser les coûts.
D'importantes suppressions de postes
Nokia n'est pas peu fier d'avoir signé avec Deutsche Telekom. Le groupe finlandais précise qu'il fait, ainsi, son grand retour au sein du plus grand opérateur européen. « Nokia remplacera le fournisseur en place dans le cadre de cet accord », ajoute-t-il. L'équipementier, interrogé par La Tribune, ne souhaite pas donner de nom. Mais il s'agit, très vraisemblablement, du chinois Huawei. Ce dernier est aujourd'hui en délicatesse outre-Rhin, où le gouvernement songe à se passer de ses services pour des raisons de sécurité.
Quoi qu'il en soit, Nokia reste sur la corde raide. Au mois d'octobre, l'équipementier a annoncé la suppression de 9.000 à 14.000 emplois sur un total de 86.000, après avoir essuyé une forte chute de ses bénéfices. Le groupe est, c'est peu dire, attendu au tournant.
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