Les dividendes versés par les entreprises du CAC40 s’envolent

En plein débat sur la taxation des super-dividendes, l'ONG « Observatoire des Multinationales » a calculé que les dividendes versés par les entreprises du CAC 40 avaient atteint l'an dernier un montant record de 57,5 milliards d'euros. L'année 2022 s'annonce encore plus prolifique.
L'Etat français est, avec 1,32 milliard d'euros, le troisième bénéficiaire des versements de dividende au titre des profits de 2021.
L'Etat français est, avec 1,32 milliard d'euros, le troisième bénéficiaire des versements de dividende au titre des profits de 2021. (Crédits : DR)

L'année 2021 n'aura jamais été aussi bonne pour les actionnaires des entreprises cotées au CAC 40. Selon le calcul de l'ONG « Observatoire des Multinationales », les dividendes versés ont atteint un montant record de 57,5 milliards d'euros en 2021, rapportant notamment 2,4 milliards d'euros à la famille Arnault et 2 milliards au fonds américain Blackrock. Aux dividendes en hausse de 32% par rapport à 2020, il faut ajouter les rachats d'actions visant à soutenir les cours en Bourse, soit, pour les actionnaires, une gratification de 23 milliards d'euros toujours en 2021.

16 familles se partagent un dixième de tous les dividendes

Après le groupe Arnault et Blackrock, l'Etat français est, avec 1,32 milliard d'euros, le troisième bénéficiaire des versements de dividendes au titre des profits de 2021 - devant les familles Bettencourt (890 millions) et Pinault (620 millions). « Environ un dixième de tous les dividendes » du CAC 40 revient à 16 familles liées historiquement à certains des plus grands groupes français comme LVMH, Hermès, L'Oréal ou Kering, selon l'ONG.

Par ailleurs, toujours selon Observatoires des Multinationales, « la contribution fiscale des groupes du CAC 40 semble croître bien moins rapidement que leurs profits et leurs dividendes ». Quelque 14% « de l'ensemble des filiales du CAC 40 sont localisées dans des paradis fiscaux », note le rapport, reconnaissant toutefois que « le degré de présence des grands groupes français dans ces juridictions (...) ne suffit pas à « prouver » à lui seul qu'il y ait évasion fiscale illicite ».

La rémunération moyenne d'un patron du CAC a, elle, progressé de 52% en 2021 pour atteindre 6,6 millions d'euros, après, là aussi, une année de crise sanitaire plus faible. « La hausse entre 2019 et 2021 est de 26,4% », ajoute l'ONG, et « les dirigeants d'entreprises dont l'État est actionnaire figurent en bas de classement ». Le groupe Dassault est en tête, avec 44 millions d'euros de rémunération pour son directeur général. Rapporté à la rémunération des dirigeants, « un salarié moyen du CAC 40 doit travailler 139 jours pour gagner ce que son patron gagne en une seule journée ». En moyenne, une entreprise du CAC 40 a dépensé 65.300 euros par salarié en 2021, ce qui inclut notamment les cotisations patronales.

Déjà des records battus en 2022

« Noyé dans les profits » qui ont explosé par rapport à l'année 2020 plombée par le Covid-19, les groupes du principal indice boursier français ont « une nouvelle fois priorisé (leurs) actionnaires », accuse l'ONG. Elle n'a sans doute pas fini de s'indigner. Generali, par exemple, vient de confirmer les objectifs de son plan stratégique, dont une hausse du bénéfice par action de 6 à 8% par an et des dividendes cumulés de 5,2 et 5,6 milliards d'euros sur la période 2022-2024. Fin octobre, TotalEnergies a décidé la distribution d'un troisième acompte sur dividende au titre de l'exercice 2022 d'un montant de 0,69 €/action, identique au premier et deuxième acomptes 2022 et en hausse de 5% par rapport aux acomptes et au solde versés au titre de l'exercice 2021. Au global, selon le gérant d'actifs Janus Henderson, un nouveau record de dividendes, pour un deuxième trimestre, a été battu en 2022 avec 44,3 milliards d'euros versés.

Débat sur la hausse de la taxation des dividendes

Cette étude intervient en plein débat sur le renforcement de la fiscalité sur les dividendes. Le patron des députés MoDem Jean-Paul Mattei a assuré la semaine dernière qu'il ne « lâcherait » pas son idée d'une augmentation de la taxation des « super-dividendes » des grandes entreprises, votée par l'Assemblée contre l'avis du gouvernement, puis écartée à la faveur d'un 49.3. L'élu des Pyrénées-Atlantiques, membre de la majorité présidentielle à l'Assemblée, avait réussi à faire voter lors de l'examen du budget de l'Etat un amendement augmentant la taxation des « super-dividendes » des grandes entreprises, qui serait passée de 30% à 35%. « Je ne cherche pas à mettre en difficulté le gouvernement. J'ai bien l'intention de légiférer et d'être porteur d'idées », a-t-il fait valoir lors d'un entretien avec l'association des journalistes parlementaires (AJP). Il argue que « la crise des gilets jaunes, la crise sanitaire et la guerre en Ukraine » ont abouti à un « contexte qui a changé » et qui « nécessite qu'on se pose les bonnes questions » sur « l'équilibre entre fiscalité du travail et fiscalité du capital ». Il est donc « en train de travailler pour redéposer cet amendement » en tenant compte de « certaines critiques ». Le parti présidentiel Renaissance avait indiqué fin octobre qu'il allait « réfléchir à un travail » sur les « super-dividendes ». L'exécutif a engagé une concertation sur le « partage de la valeur », en suggérant un mécanisme de « dividende salarié » qui reste encore à définir.

(Avec AFP)

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Commentaires 15
à écrit le 14/11/2022 à 19:10
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De toute façon c est simple, il faut utiliser les deux outils mis à disposition, un pea et un compte titre, et agir en fonction du marché sur la rentabilité, donc si la France commence à taxer comme des gorets les actionnaires, les investisseurs vo...

à écrit le 14/11/2022 à 18:35
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Oser comparer les dividendes sur 2021 (payés en 2022) à ceux de 2020 année du covid où tout était arrêté, il faut le faire. A part faire le buzz chez les Nupes qui sont toujours prêts à faire leurs Nupettes show, ça ne sert à rien.

à écrit le 14/11/2022 à 13:59
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Pas de dividendes, plus d'actionnaires, plus de capital, plus de société, plus besoin de salariés.....

à écrit le 14/11/2022 à 13:42
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Cela fait 2.7% de la capitalisation boursière du CAC 40 soit 1.9% après la flat tax de 30%. Cordialement

à écrit le 14/11/2022 à 12:52
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Et quel est le coût en aides publiques du fonctionnement de cette ONG ?

à écrit le 14/11/2022 à 10:28
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A quoi sert de taxer les "superprofits"? La France a toujours été malade de l'impôt; Notre belle Révolution a été une révolte contre l'impôt, au moins pour en répartir la charge sur Tous. Notre Parlement n'est même pas capable de voter un budget: on ...

à écrit le 14/11/2022 à 10:27
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Pas étonnant que les dividendes explosent, il faut bien employer les 160 milliards annuels d'aides publiques (cf. rapport du Clersé ), en dividendes, en rachat d'actions, paradis fiscaux....

le 14/11/2022 à 13:05
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Les prélèvements et les impots sont en France si élevés que si on ne redistribuait pas un peu de l'argent confisqué sous forme d'aides ou de niche, entreprendre en France serait de fait interdit. On a déjà plus de 100 milliards de déficit commercial ...

le 14/11/2022 à 18:20
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Alors qu'attendons nous pour créer un fond pension pour investir dans ces entreprises et bénéficier de ces dividendes ? Soyons cohérents avec ce que l'on dit.

à écrit le 14/11/2022 à 9:43
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Ouh là la! 57,5 milliards de dividendes versés contre plus de 1 500 milliards de dépenses publiques! Que dire devant tant de prodigalité!

à écrit le 14/11/2022 à 9:36
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Merci ,par souci d’honnêteté, de bien vouloir préciser que le CAC 40 a perdu 7% sur un an ! Cette perte en capital est bien supérieure aux "faramineux" dividendes annoncés!

à écrit le 14/11/2022 à 9:14
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Comme d'habitude en France, une analyse aussi étroite que stupide. Taxons un max les placements en bourse des Français, comme ça ils mettront leur argent dans la bourse Américaine (qui elle ne sera pas d'avantage taxée car ils ne sont pas fous, il...

à écrit le 14/11/2022 à 9:13
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Il ne faut pas oublier que si les actionnaires sont bien servis en dividendes sur des bénéfices en hausse, l’Etat l’est aussi avec l’impôt sur le bénéfice des sociétés, avant d’y ajouter les prélèvements sur les dividendes !! Mais ça on en parle moin...

à écrit le 14/11/2022 à 9:10
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Toul le monde peut devenir actionnaire. Il suffit de travailler, d'épargner et d'acheter des actions (dans des fonds ou dans des ETF) au lieu de passer son temps dans l'oisiveté, en loisirs et au lieu de mettre tout son argent sur un compte courant o...

à écrit le 14/11/2022 à 8:57
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wow, ca vole haut.......on melange des choux et des patates, on touille et on sert ca au vulgus pecus pour le mettre en colere.......pourriez vous publier de combien ont augmente les salaires ( en montant et en taux, les repartitions, etc etc)......e...

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