Enormes commandes en vue pour Delta : le duel Airbus-Boeing s'annonce électrique

La compagnie américaine, partenaire d'Air France-KLM, va remplacer 25% de sa flotte d'ici à trois ans. Un marché gigantesque pour Airbus et Boeing dans la mesure où la compagnie compte près de 850 avions.
Ce duel intervient alors que Delta a fait plusieurs infidélités à Boeing ces dernières années en commandant des A321NEO, des A330, des A350 et en annulant une commande de B787.

La compagnie américaine Delta fait saliver Airbus et Boeing. Au cours des trois prochaines années, le transporteur américain sera l'un des plus gros acheteurs d'avions de la planète.

"Nous allons remplacer 25% de notre flotte au cours des trois prochaines années", a déclaré ce mercredi Ed Bastian, le directeur général de Delta lors d'une rencontre avec une centaine de journalistes internationaux à Atlanta, le siège de la compagnie. Delta exploitant près de 850 appareils, ce sont donc plus de 200 appareils qui seront commandés d'ici à 2020.

"Nous discutons avec Airbus et Boeing", a précisé Ed Bastian.

Une commande d'ici à 6 à 12 mois

Une commande d'avions monocouloirs pour le réseau intérieur devrait être annoncée d'ici six à douze mois. Il y a de quoi faire vu l'âge de la flotte. Delta exploite encore 91 B717 âgés de 15 ans en moyenne, 115 Mc Donnel Douglas MD88 d'un âge moyen de 27 ans en, 65 MD 90 de 20 ans d'âge, 101 B757 de 20 ans d'âge, mais aussi 58 A320 de 20 ans d'âge, 57 A319 (15 ans en moyenne) ou encore 77 B7377-800 âgés de 16 ans en moyenne. Une partie de ces avions comme les A319  sera remplacée par les 75 C-Series (50 options). Il s'agit de moyennes et tous les appareils de ces familles d'avions ne seront évidemment pas remplacés.

Pour autant, au regard de la flotte de Delta, très âgée, les besoins de renouvellement de la flotte semblent supérieurs aux chiffres évoqués par Ed Bastian. D'autres commandes vont donc probablement suivre après cette période de trois ans.

Si toutes les compagnies américaines ont pour réputation de conserver leurs avions très longtemps dans leur flotte, Delta est celle qui va le plus loin dans cette stratégie. Pour la conforter, Delta a également été très active sur le marché des avions d'occasion au cours des cinq dernières années. C'est comme cela qu'elle a acheté une flopée de B717.

"Les avions de Delta sont pourris" (Qatar Airways)

Cette stratégie de flotte a été payante sur le plan financier. Avec la baisse du prix du carburant, ces avions largement amortis sont très rentables. Ils contribuent à l'excellente situation financière de Delta, aujourd'hui la compagnie la plus rentable de la planète. Au cours des deux derniers exercices par exemple, Delta a gagné environ 10 milliards de dollars. Cette stratégie a néanmoins un inconvénient de taille. La qualité du produit à bord de ces vieux appareils laisse à désirer. Ces avions ont même été qualifiés de "pourris" par le PDG de Qatar Airways.

Rien n'a été dit sur le projet de Boeing de lancer un appareil de 220-260 sièges à l'horizon 2025, mais, comme toutes les compagnies classiques américaines, cet appareil, qui pourrait remplacer les B757 et les 767, intéresse forcément Delta. La compagnie américaine compte en effet près de 80 B767.

Match à couteaux tirés entre Airbus et Boeing

Le match entre Airbus et Boeing s'annonce électrique. Plus que d'autres compétitions, celle-ci est particulière. Delta est en effet une compagnie leader qui fait l'opinion. Son choix sera en effet scruté par les autres compagnies américaines qui ont elles aussi des  renouvellements de flotte à mener. Les deux avionneurs jouent gros. Airbus aura besoin de cette commande pour faire un saut en termes de parts de marché aux Etats-Unis, tandis que Boeing n'a pas intérêt à perdre sur son fief un client aussi important que Delta. La compagnie américaine est en effet le deuxième opérateur de Boeing dans le monde.

Ce duel intervient alors que Delta a fait plusieurs infidélités à Boeing ces dernières années en commandant des A321NEO, des A330, des A350 et en annulant une commande de B787. Dans le même temps, Delta a choisi Bombardier pour la desserte de ses hubs les moins importants. La décision a entraîné la colère de Boeing qui a déposé plainte contre l'avionneur canadien, accusé d'avoir cassé les prix grâce aux subventions accordées par le Québec. Sous la pression de Boeing, Washington a imposé des taxes d'importation de 300% sur le C-Series. Annoncé ce lundi, l'acquisition du programme C-Series par Airbus pourrait permettre de contourner ces taxes que n'entend d'ailleurs pas payer Delta. En effet, une ligne d'assemblage du C-Series pourrait voir le jour à Mobile, dans l'Alabama, à côté de celle d'Airbus, dont la création visait, selon la direction, à augmenter ses ventes outre-Atlantique dans la perspective du renouvellement des flottes moyen-courriers des compagnies américaines. Au cours des vingt prochaines années, les besoins d'appareils court et moyen-courriers des compagnies américaines pourraient en effet s'élever à près de 5.000 avions.

Lire iciPourquoi les compagnies américaines ont plus de Boeing que d'Airbus

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