Safran remet à sa place le fonds TCI très critique sur l'OPA de Zodiac

Safran réplique au fonds TCI, qui a critiqué publiquement le bien-fondé de l'opération de rachat de Zodiac Aerospace. Actionnaire de Safran, le fonds basé à Londres estime le prix de rachat du spécialiste des sièges d'avions trop élevé.
Selon le directeur du conseil d'administration de Safran Ross McInnes, le projet de rapprochement entre l'équipementier aéronautique et Zodiac Aerospace "est créateur de valeur".

Safran a rejeté sèchement jeudi les arguments du fonds britannique The Children's Investment (TCI) contre son projet d'offre publique d'achat (OPA) sur l'équipementier Zodiac Aerospace. Dans un courrier rendu public adressé à TCI (3,87% du capital de Safran), qui a critiqué le projet dans une lettre rendue publique mi-février, le président du conseil d'administration de Safran, Ross McInnes, réaffirme que cette acquisition a "une dimension stratégique claire" pour le groupe aéronautique.

"Ce projet est créateur de valeur", confirme-t-il. Il "a une dimension stratégique claire et est en ligne avec les orientations exprimées publiquement en mars 2016" par le groupe, rappelle-t-il.

Safran a lancé en janvier une OPA amicale visant le spécialiste des sièges d'avions Zodiac Aerospace, suivie d'une fusion pour former un groupe de plus de 20 milliards de chiffre d'affaires, numéro deux mondial des équipements aéronautiques. Le nouvel ensemble regroupera 92.000 salariés dont 45.000 en France.

"Un prix acceptable et cohérent"

TCI estime notamment que "Safran surpaye significativement pour Zodiac". Il évalue la "juste valeur" de l'action Zodiac à environ 20 euros, "bien en dessous" des 29,50 euros proposés par Safran, et propose au groupe de "centrer son activité sur les moteurs aéronautiques". Selon Ross McInnes, "le prix offert de 13 fois le résultat opérationnel courant était acceptable et cohérent avec les transactions comparables faites dans ce secteur au cours des dernières années".

Le fonds basé à Londres a également réclamé un vote des actionnaires sur la fusion des deux groupes avant le lancement de l'opération. La décision de lancer une telle offre "relève de la direction générale et du conseil d'administration", rétorque Ross McInnes. Il souligne que le succès de l'opération dépendra "du seul choix des actionnaires de Zodiac Aerospace (...) d'apporter leurs titres à l'offre, et non d'une décision de l'assemblée générale de Safran ni de Zodiac Aerospace".

Une campagne publique de dénigrement

D'une manière générale, Ross McInnes reproche au fonds d'avoir "orchestré sur ce projet d'acquisition une campagne publique de dénigrement", des "affirmations péremptoires" et un "ton excessif".  Dans son courrier cinglant, le président du conseil d'administration réfute point par point les arguments avancés par le fonds, et vilipende ce qu'il considère comme des erreurs, une méconnaissance du secteur aéronautique et une stratégie à court terme. Ross McInnes rappelle les erreurs de jugement de TCI sur les ventes d'actifs (Ingenico, Morpho) réalisées par Safran.

Quant au programme de rachat d'actions proposé par TCI "comme alternative à un projet industriel, (il) constitue une vue évidemment partielle et limitée susceptible de détruire de la valeur sur le long terme pour les actionnaires", écrit Ross McInnes. "Nous avons une stratégie industrielle long terme, qui est compatible avec l'intérêt de nos actionnaires", a expliqué Ross McInness dans un entretien à l'AFP. "La stratégie que propose TCI est court-termiste, elle propose de se concentrer, alors que tous les grands de l'aéronautique ont un portefeuille qui recouvre la propulsion et d'autres équipements aéronautiques".

 ADN similaires

Le directeur général, Philippe Petitcolin, a souligné que Zodiac Aerospace remplissait l'ensemble des critères mis publiquement en avant pour d'éventuelles acquisitions: un ADN proche de celui de Safran, une société technologique qui travaille à plus de 90% avec des groupes aéronautiques de premier rang, une activité après-vente développée et un prix abordable. "Zodiac coche les quatre cases. Leur prix est tout à fait conforme à ce que nous attendions". Il assure, après avoir rencontré les grands investisseurs de Safran à Paris, Londres et New York, que "les discussions se sont très bien passées", il n'y a pas eu de "questionnement sur le bien fondé" de l'opération.

Interrogé sur d'éventuelles craintes sur l'issue de l'opération, Ross McInnes estime "important de pas laisser sans réponse un certain nombre d'affirmations inexactes. Nous le faisons non pas par crainte, mais au contraire par conviction et par respect de tous nos actionnaires". Sur la possibilité de voir un bloc d'actionnaires se constituer autour de TCI, il a assuré ne pas avoir "à ce stade" d'indications dans ce sens.

"Le choix que nous avons fait est un choix de croissance dans le respect de l'intérêt de nos actionnaires, pas un choix malthusien", a-t-il affirmé. " Nous pensons que nos actionnaires, le moment venu, voteront cette fusion."

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Commentaire 1
à écrit le 24/02/2017 à 7:38
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Si TCI petits actionnaires n'est pas content de la politique de rachat de Safran rien ne l'empêche,au contraire, de revendre ses parts. Le rachat de Zodiac permet à Safran de franchir une marche importante sur le marché mondial. Safran est encore pet...

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