La famille ACC s'agrandit. Mercedes-Benz, nouvel intitulé du groupe Daimler, va participer à une augmentation de capital d'ACC pour devenir actionnaire à hauteur d'un tiers des parts. ACC (Automotive Cells Company) a été fondé en 2020 par PSA (aujourd'hui Stellantis) et Saft (filiale de TotalÉnergies) pour se doter de capacités de batteries électriques à horizon 2030. L'Allemand apportera son expertise dans les batteries électriques, notamment en matière de performances.
Carlos Tavares, PDG de Stellantis (groupe issu de la fusion en janvier dernier de PSA et Fiat Chrysler) avait posé début juillet la première pierre de la première gigafactory de ACC à Douvrain (Hauts-de-France). Il avait alors indiqué que les négociations avec Renault étaient au point mort mais qu'il avait entamé des discussions avec d'autres groupes industriels.
Avec l'arrivée de Mercedes-Benz, ACC accélère son développement et fait passer son objectif de capacités industrielles à 120 GWh contre 48 précédemment. « Cette annonce est une nouvelle étape pour devenir le leader des véhicules à faibles émissions », s'est réjoui Carlos Tavares, cité dans le communiqué de presse. De son côté, Ola Källenius, PDG de Mercedes-Benz, déclare que « ce nouveau partenariat permet de sécuriser les approvisionnements, de tirer profit des économies d'échelle et de fournir aux clients une technologie de batterie supérieure ».
Les gigafactories européennes face aux chinoises
La question des batteries électriques revêt un enjeu stratégique majeur en Europe. Les constructeurs craignent que cette technologie soit essentiellement localisée en Chine, alors qu'elle pourrait, demain, représenter près d'un tiers de la valeur d'une voiture électrique. Dans un contexte d'accélération de l'électrification du marché automobile, et d'interdiction de toutes motorisations thermiques à horizon 2035, ce scénario était devenu critique pour la localisation de la chaîne de valeur automobile en Europe. Bruxelles avait décidé d'accorder un statut spécial aux consortiums de gigafactories de batteries sur le territoire européen, en autorisant des aides publiques habituellement interdites par les règlements commerciaux communautaires.
Carlos Tavares avait été l'un des premiers à signer un accord début 2020 avec la filiale de chimie du groupe pétrolier TotalEnergies. Il a récemment annoncé la reconversion de l'usine allemande de Kaiserslautern, héritée d'Opel, en gigafactory. Tandis qu'un troisième site doit ouvrir en Italie, en lieu et place d'une usine de l'ancienne entité Fiat-Chrysler.
Le gouvernement français qui a débloqué près de 800 millions d'euros pour soutenir la création d'ACC, avait contraint Renault d'accepter le principe de participer au tour de table, lorsqu'il avait accordé un prêt garanti par l'Etat de 5 milliards d'euros en pleine crise sanitaire. Depuis, Renault traîne des pieds, et les deux groupes se renvoient la balle sur l'issue des négociations. Le groupe au losange a annoncé d'autres accords de gigafactories, notamment avec le groupe chinois Envision. Mais Luca de Meo, son directeur général, ne souhaite mettre tous ses œufs dans le même panier et cherche le moyen de diversifier ses approvisionnements.
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