Accord SNCF sur les fins de carrière : Bruno Le Maire convoque le PDG Jean-Pierre Farandou pour lui demander « des comptes »

Le ministre de l'Économie a convoqué le PDG de la SNCF dans les prochains jours pour qu'il « rende des comptes » après un accord passé avec les syndicats sur les fins de carrière, qualifié jeudi de « pas satisfaisant » et « provocant » par le ministre de l'Economie et des Finances.
Le ministre de l'Économie a convoqué le PDG de la SNCF dans les prochains jours.
Le ministre de l'Économie a convoqué le PDG de la SNCF dans les prochains jours. (Crédits : POOL)

[Article publié le jeudi 02 mai 2024 à 12h03 et mis à jour à 12h50] Bruno Le Maire demande « des comptes » à Jean-Pierre Farandou. Le ministre de l'Économie a convoqué le PDG de la SNCF dans les prochains jours après un accord passé avec les syndicats sur les fins de carrière, qualifié ce jeudi de « pas satisfaisant » et « provocant » par le locataire de Bercy.

« J'ai en partie avec d'autres, la tutelle de la SNCF, notamment la tutelle financière. Un accord est signé qui engage effectivement les équilibres de la réforme des retraites et les équilibres financiers de la SNCF. Je n'ai pas été averti », a dénoncé Bruno Le Maire, interrogé sur BFMTV/RMC.

Le 22 avril, les quatre syndicats représentatifs de la SNCF ont signé avec la direction un accord sur les fins de carrière des cheminots, une unanimité rare au sein du groupe ferroviaire public qui a permis d'éloigner la menace d'une nouvelle grève des contrôleurs lors des ponts du mois de mai.

L'accord, fustigé par la droite qui l'accuse de contourner la réforme des retraites, prévoit entre autres une amélioration du dispositif de retraite anticipée, en particulier pour les cheminots ayant occupé des postes à la pénibilité avérée. Ces derniers pourront entamer une « cessation anticipée d'activité » 30 mois avant leur retraite avec 15 mois travaillés rémunérés à 100% et 15 mois non travaillés rémunérés à 75%. Pour les contrôleurs, le dispositif est encore plus avantageux avec une cessation d'activité s'étalant sur 36 mois dont 18 mois non travaillés rémunérés à 75%.

« Un sentiment de deux poids deux mesures »

Le ministre a donc convoqué le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou « dans les tous prochains jours » pour qu'il lui « rende des comptes sur cet accord qui donne un sentiment de deux poids deux mesures et qui est très provocant pour beaucoup de nos compatriotes qui travaillent dur et qui ont accepté la réforme des retraites ».

« Je tiens à ce qu'il m'explique comment il finance cet accord qu'il a conclu avec les syndicats sans que nous soyons avertis », a déclaré Bruno Le Maire. « Cet accord n'est pas satisfaisant à mes yeux et il y a eu un dysfonctionnement (...) il pose des problèmes financiers », a-t-il asséné.

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Le ministre a rappelé que l'Etat avait aidé la SNCF à rééquilibrer ses comptes avec 35 milliards d'euros de reprise de dette en 2018 et qu'il était « en droit » de lui demander des comptes.

Clément Beaune « un peu choqué »

L'ancien ministre des Transports Clément Beaune s'est dit vendredi dernier « surpris » et « un peu choqué » par l'accord sur les fins de carrière trouvé à la SNCF. Cet accord « m'a surpris, un peu choqué », parce que, a estimé le député Renaissance sur franceinfo, « il faut garder dans les entreprises publiques qui reçoivent des soutiens de l'État et des collectivités publiques une forme d'équité, d'esprit d'équilibre, de justice », évoquant également une « exigence d'exemplarité ».

Pour autant, Clément Beaune a jugé « absurde » et « dangereuse » la demande exprimée vendredi par le chef des LR Éric Ciotti de « réfléchir à une forme de privatisation de la SNCF ». Dénonçant « un pur scandale », le président des Républicains a fustigé dans L'Opinion qu'on pérennise « un système déjà injuste exonérant certains de l'effort demandé aux autres ».

De son côté, le, ministre délégué aux Transports Patrice Vergriete, interrogé sur le sujet mardi à l'Assemblée nationale, assurait que « le contribuable ne versera pas un centime pour financer cet accord ». « Il n'y a plus de monopole, plus d'excuse au déficit depuis que l'Etat a repris une fois pour toute la dette de la SNCF - 35 milliards d'euros en 2018. Le client lui aussi est protégé par le jeu de la concurrence. C'est donc en interne, avec des gains de productivité, que la SNCF devra financer cet accord », a-t-il rappelé.

Le 25 avril, Léon Deffontaines, tête de liste PCF aux Européennes, avait salué, à propos de l'accord sur les fins de carrière, « un peu de démocratie sociale dans ce pays ».

Dans un communiqué, la SNCF avait, elle, estimé qu'il s'agit d'« une véritable avancée » pour les fins de carrière des cheminots. « Depuis la mise en place en 2008 du dernier accord en la matière, trois réformes des retraites sont entrées en vigueur et ont impacté l'âge de départ légal des salariés », avait rappelé l'entreprise.

L'accord permet de « compenser en partie les effets néfastes de la réforme des retraites », avait également estimé le secrétaire fédéral de Sud-Rail, Erik Meyer. Les adhérents du syndicat se sont massivement prononcés en faveur d'une signature.

Lire aussiJO-2024 : le PDG de la SNCF ne voit pas de risque particulier « de perturbation »

Un échelon d'ancienneté supplémentaire

De son côté, le PDG de la SNCF avait salué « une première pierre décisive dans la mise en œuvre de notre plateforme de progrès social », le 22 avril. Jean-Pierre Farandou, dont le mandat doit être renouvelé ou non avant l'assemblée générale de l'entreprise mi-mai, a présenté cette nouvelle méthode de dialogue social en février pour répondre à la grève des contrôleurs. Elle vise à aborder des sujets transversaux qui concernent l'ensemble des cheminots, en enjambant les revendications catégorielles.

Outre sa convocation à Bercy, il est appelé à s'expliquer devant la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat mardi prochain pour évoquer les « conséquences préoccupantes de l'accord ».

D'autres dispositions dans l'accord sont prévues sur le temps partiel de fin de carrière, rémunéré 10% de plus que le temps réellement effectué. La direction a également proposé la création d'un échelon d'ancienneté supplémentaire pour améliorer la rémunération des cheminots en fin de carrière.

(Avec AFP)

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Commentaires 22
à écrit le 06/05/2024 à 18:02
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" Je n'ai pas été averti " dixit Bruno Le Maire... Quel cinéma...Comme si le gouvernement n'était pas au courant de cette réforme...

à écrit le 03/05/2024 à 10:30
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On apprend ce matin que Matignon était au courant de l'accord sur les retraites .

le 03/05/2024 à 13:32
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le veritable pdg de la sncf et de la ratp et bien le ministre des finances tout le reste les postes sont confie a des faire valoir ou idiots utile il ne sont que pour la remuneration il suffit de regarder quand il y a un accident jamais le pdg es...

à écrit le 03/05/2024 à 9:05
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M.Farandou n’a certainement pas démérité, mais malheureusement, c’est bien un échec supplémentaire de l’efficacité d’un service public, qui est à l’agonie, et comme tous les vieillards malades, coûte de plus en plus cher. Son remplacement se changera...

à écrit le 02/05/2024 à 22:42
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Quand va -t on enfin en finir avec ces grévistes professionnels de la SNCF, RATP, et aiguilleurs du ciel ?

le 02/05/2024 à 23:30
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Allez en Allemagne il y a eu bien Plus de grève qu en France en 2022 et 2023 … et la bas aucun avion aucun train pendant 15 jours pas de service minimum ni réquisition du personnel mais des augmentations au double de ce qu on pu obtenir les salariés...

le 02/05/2024 à 23:34
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Allez en Allemagne il y a eu bien Plus de grève qu en France en 2022 et 2023 … et la bas aucun avion aucun train pendant 15 jours pas de service minimum ni réquisition du personnel mais des augmentations au double de ce qu on pu obtenir les salariés...

à écrit le 02/05/2024 à 22:41
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Quand va -t on enfin en finir avec ces grévistes professionnels de la SNCF, RATP, et aiguilleurs du ciel ?

à écrit le 02/05/2024 à 19:33
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Il me semblait que les régimes spéciaux (SNCF et compagnie) n'avaient pas été inclus dans la réforme des retraite. On m'aurait menti ?

le 02/05/2024 à 22:39
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Vous vous êtes menti tout seul. Il y a eu la clause du grand père

le 02/05/2024 à 22:40
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Vous vous êtes menti tout seul. Il y a eu la clause du grand père

le 02/05/2024 à 23:47
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Ils ont été inclus : 64 ans pour les sédentaires, 57 ans ce pour les roulants / controleurs mais avec décote 2%/ an manquant jusqu à l âge légal .soit 14%. En fait faut se poser la question : quel est l intérêt de l état et la sncf a ce dispositif ...

le 02/05/2024 à 23:52
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Ils ont été inclus : 64 ans pour les sédentaires, 57 ans ce pour les roulants / controleurs mais avec décote 2%/ an manquant jusqu à l âge légal .soit 14%. En fait faut se poser la question : quel est l intérêt de l état et la sncf a ce dispositif ...

à écrit le 02/05/2024 à 17:51
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Quelle tartufferie. Qui peut croire une seconde que le PDG de la SNCF a les mains libres pour exonérer ses salariés de la réforme des retraites ? Si BLM n'était pas informé, alors il n'a pas sa place à Bercy. Idem pour le ministre des transports. ...

à écrit le 02/05/2024 à 17:47
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Il est temps de congédier le Ministère pour le remplacer par... rien du tout. Il est clair que Sa Majesté le Président est partout, à la ville comme à la campagne (des européennes). Cela va faire une belle économie si l'on rajoute le congé du Parleme...

à écrit le 02/05/2024 à 17:20
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Avez-vous écouté cette intervention qui évoquait l'ineptie de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes) alors que le même gouvernement dit que le financemen...

à écrit le 02/05/2024 à 17:12
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mascarade il ne fera rien pour deux raisons principales l' accord est signé en cas de bras de fer la greve pour, les JO, les departs et retours de vacances. Ce qui est interessant voir que le syndicat SUD est plus puissant à la SNCF que le gouverneme...

à écrit le 02/05/2024 à 14:27
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Donc c'est les travailleurs du privé qui vont se tuer plus longtemps pour payer les retaites anticipées des camarades cheminots...Vous avez dit solidarité, égalité? Qui peut croire une telle fable.

à écrit le 02/05/2024 à 13:14
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il faut privatiser la sncf a 100% avec 0 aide de l'etat; apres ils pourront distribuer ce qu'ils veulent, en fonction de l'etat de leur boite, et la, l'atterrissage va etre violent!!!! distribuer des cheques a gogo puis demander a l'etat d'augmenter ...

le 02/05/2024 à 13:28
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Cela ne changerait pas grand chose car le rail n'est économiquement viable que copieusement subventionné et le fait est que la remise en cause des régime spéciaux a eu pour effet d'engendrer une crise des vocations et il faut maintenant écarter d'ent...

le 03/05/2024 à 0:00
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@ Churchill : et vous allez attirer les talents et compétences comment ? Le ferroviaire n attire plus personne même la sncf n arrive plus depuis 3 ans a recruter en nombre suffisants les conducteurs de trains reputes les mieux lotis ? Si la sncf dis...

à écrit le 02/05/2024 à 12:55
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Ben si maintenant les subordonnés ne respectent même plus les grands Timoniers, le radeau de la Méduse n'est pas prêt d'accoster. "- Douce France, pays de mon enfance!..." 🤡

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