Au Royaume-Uni, les conditions de travail douteuses des livreurs Amazon

Le nombre important de livraisons empêche les livreurs des sous-traitants d'Amazon de faire des pauses ou de parler à des clients, révèle une enquête sous couverture menée par un journaliste de la BBC.
Laszlo Perelstein
Un conducteur aurait même admis avoir eu à déféquer au fond de son camion tant il était "désespéré".

Avec entre 150 et 200 paquets à livrer par jour et des routes toutes tracées, les livreurs d'entreprises qui travaillent pour le géant américain du e-commerce Amazon au Royaume-Uni n'ont guère de temps pour penser à autre chose. Faire se métier, c'est même accepter de se soumettre à des conditions de travail très rudes, dans les limites de la légalité, révèle une enquête menée outre-Manche par la BBC et publiée le 11 novembre.

Un journaliste, qui a travaillé sous couverture pour une des quelque 100 agences indépendantes ayant pour client Amazon raconte ainsi de façon anonyme sa journée type au cours de laquelle il se doit de livrer l'ensemble de ses colis en respectant bien son itinéraire qui ne prend en compte ni la fatigue, ni les pauses toilettes, ni les problèmes lors du chargement du camion et encore moins ceux rencontrés quotidiennement avec le scanner à main - l'outil permettant de valider les livraisons effectuées.

"Dans l'ensemble, les gens sont contents de nous voir donc la satisfaction client se répercute un peu [sur nous]. Mais il n'y a pas de temps pour parler, ce qui réduit au minimum l'interaction avec les clients."

Au cours de son témoignage, il explique notamment qu'en respectant les limites de vitesse il était considéré comme "très lent". Un respect du code de la route dont certains conducteurs ne se soucient pas, admettant rouler plus vite qu'autorisé. En permanence pressé par le temps, quelques conducteurs ont même reconnu avoir eu à uriner dans une bouteille à l'intérieur de leur camion de livraison, n'ayant pas le temps de trouver des toilettes. Un conducteur aurait même admis avoir eu à déféquer au fond de son camion tant il était "désespéré".

Moins que le salaire minimum

Payés 110 livres (environ 127 euros aux taux actuels) à la journée et non aux nombre d'heures faîtes, ces livreurs perçoivent pour la plupart avec leurs horaires à rallonge moins que le minimum légal au Royaume-Uni, souligne The Independant, s'appuyant sur la fourchette horaire fournie par le journaliste de la BBC. L'entreprise pour laquelle ce dernier a travaillé sous couverture s'est toutefois défendue en expliquant que les faits étaient "du passé et basées sur des exemples isolés qui se sont déroulés il y a plus d'un an", précisant que les conditions de travail ont été améliorées depuis.

Amazon a quant lui expliqué dans une déclaration transmise à la BBC avoir "récemment clarifié avec tous [ses sous-traitants] s'attendre à ce que les conducteurs reçoivent un minimum de 12 livres de l'heure avant primes, incitations et remboursement de carburant".

Laszlo Perelstein

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Commentaires 12
à écrit le 16/11/2016 à 13:13
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C'est à l'image d'Amazon, des conditions de travail dans les entrepôts. Il ne faut jamais prendre au pied de la lettre la communication et le marketing.

à écrit le 16/11/2016 à 9:40
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Il faudrait que les livreurs (Amazon ou autres) et chauffeurs de tous ces fourgons soient mis dans les conditions de respecter le code de la route, limites de vitesse entre autres.

le 16/11/2016 à 18:43
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A la fin du XIXe siècle, les ouvriers exaspérés faisaient souvent des sabotages. Puisque l'on revient aux conditions de travail du XIXe, pourquoi ne pas les imiter?

à écrit le 16/11/2016 à 8:40
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Ancienne économie, nouvelle économie, même exploitation salariale.

le 16/11/2016 à 10:48
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Bien souvent les transporteurs ne sont pas des salariés mais des travailleurs indépendants style autoentrepreneurs comme ça le donneur d'ordre se décharge de tout ce qui est conditions de travail ....le transporteur perçoit un forfait mensuel avec le...

le 16/11/2016 à 11:40
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Merci et voilà à quoi à abouti l'auto entreprise, à travailler plus pour gagner moins. Alors certes la liberté n'a pas de prix mais souvent cela oblige l'indépendant à se battre sur tous les fronts sans pognon, alors oui on apprend beaucoup sur l...

le 16/11/2016 à 14:04
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@citoyen blasé: la nouvelle économie, c'est en effet d'un côté de grosses entreprises qui ont les moyens de collecter l'information et de faire du marketing outrancier pour appâter le client, et de l'autre côté des petits gars qui se démènent pour ob...

le 16/11/2016 à 18:33
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Mais non, avec la "nouvelle économie", c'est bien pire!

le 16/11/2016 à 18:43
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Mais non, avec la "nouvelle économie", c'est bien pire!

le 17/11/2016 à 9:14
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Vassili: Bien pire non je ne pense pas quand même, mais il est évident qu'avec ses faux airs progressistes la "nouvelle économie" trompe bien plus son monde ce sont des despotes comme les autres mais eux sont persuadés de faire le bien. C'es...

le 17/11/2016 à 11:13
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@Citoyen : elle ne trompe que ceux qui veulent bien être trompés. Plus personne n'y croit. Leurs mensonges ont fait long feu !

le 17/11/2016 à 11:57
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Alou: Non, demander aux autres de penser comme soi alors que nous sommes 7 milliards d'humains et donc 7 milliards d'expériences distinctes les unes des autres n'est pas raisonnable. Ceux qui ne savent pas ne font pas exprès de ne pas savoir, de ...

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