Euronext prêt à discuter avec Deutsche Börse

La place de marché paneuropéenne, qui a enregistré une hausse de 61,5% de son bénéfice net en 2005, prévoit de distribuer environ 1 milliard d'euros à ses actionnaires sous forme de dividende et de rachat d'actions. Dans un contexte de plus en plus spéculatif, marqué par l'offre du Nasdaq sur le LSE, le groupe européen se dit prêt à "discuter" avec la Deutsche Börse.

Tandis que la spéculation reprend de la vigueur sur le secteur des places boursières depuis l'annonce de l'offre du Nasdaq sur le LSE (voir ci-contre), Euronext publie un résultat annuel 2005 en très forte progression. Le groupe a enregistré un bénéfice net en hausse de 61,5% sur un an, à 241,8 millions d'euros. "Cette progression s'explique principalement par la performance opérationnelle et par la fin de l'amortissement des survaleurs de 52 millions d'euros", souligne Euronext dans un communiqué. La place de marché a ainsi affiché un résultat opérationnel avant amortissement des écarts d'acquisition en progression de 32,7% à 318,5 millions d'euros.

En 2005, le groupe a en effet profité d'une hausse de ses revenus de 8,5% à 961,9 millions d'euros, tout en comptabilisant une baisse de ses charges d'exploitation, qui sont passées de 646,8 millions d'euros en 2004 à 643,4 millions d'euros en 2005. Du coup, la marge opérationnelle atteint 33,1% en 2005 contre 27,1% un an plus tôt. Le groupe estime en outre que, pour la première fois, il a bénéficié à plein de "l'ensemble des synergies liées à l'aboutissement de la mise en place de son modèle économique". "Euronext annonce aujourd'hui d'excellents résultats pour l'exercice 2005. Une gestion rigoureuse de ses coûts et de bonnes conditions de marché, en particulier au second semestre, (lui) ont permis de réaliser une année record", se félicite le groupe dans un communiqué.

Euronext a mis en place l'an passé une plate-forme de négociation unifiée pour les actions et pour les produits dérivés, il a externalisé ses supports techniques et a cédé l'activité de compensation. "Ces évolutions permettent à Euronext de se concentrer sur ses activités de négociation, de réduire les coûts pour ses utilisateurs, de réaliser d'excellents résultats financiers et de retourner de la valeur à ses actionnaires", ajoute le groupe.

Fort de ces résultats, Euronext se veut généreux à l'égard de ses actionnaires. Il prévoit ainsi de leur verser "environ 1 milliard d'euros" en dividende et en rachat d'actions. Dans le détail, Euronext proposera un dividende de 1 euro par action au titre de l'exercice 2005, en hausse de 67% par rapport à 2004, mais aussi un dividende exceptionnel de 3 euros par action, ainsi qu'un programme de rachat d'actions de 500 millions d'euros, à horizon 2006/2007.

Acteur de la consolidation du secteur

En marge de ces annonces, le groupe a lancé un appel à la "discussion" avec son concurrent allemand Deutsche Börse, tandis que la consolidation du secteur semble inéluctable. "Euronext est convaincue que la poursuite de la consolidation entre marchés internationaux continuera de délivrer de la valeur actionnariale et bénéficiera aux utilisateurs", a commenté le groupe dans son communiqué. Ajoutant: "Euronext se félicite d'être désignée comme le partenaire préféré de Deutsche Börse. Bien qu'il y ait des différences de vues entre les différents modèles de marché, Euronext est prêt à discuter ces sujets et entend travailler de façon constructive avec Deutsche Börse afin de trouver des solutions créatives pour combler les divergences réelles qui existent aujourd'hui".

Les deux frères ennemis semblent ainsi prêts à se rapprocher, alors que l'offre lancée par le Nasdaq sur le London Stock Exchange apparaît comme une nouvelle menace sur les marchés européens. Un rapprochement entre les deux groupes serait le meilleur moyen de contrer une OPA hostile venue d'Outre-Atlantique.

Il est en tout cas soutenu par la chancellière allemande Angela Merkel et le Président français Jacques Chirac qui ont estimé aujourd'hui que ce projet était "intéressant".

Par coïncidence, la commission britannique de la Concurrence a annoncé ce matin qu'elle approuvait les engagements pris par Euronext dans l'hypothèse d'un rachat du London Stock Exchange. La commission devrait rendre une décision similaire plus tard cette semaine au sujet de la Deutsche Börse.

Les deux places boursières d'Europe continentale avaient été sommées de décrire les initiatives qu'elles prendraient, en cas de prise de contrôle du LSE, pour éviter les problèmes de concentration excessive, notamment dans le domaine de la compensation.

Le feu vert donné aujourd'hui par les autorités britanniques aux projets d'Euronext arrive cependant sans doute un peu tard. L'offre du Nasdaq sur le LSE a mis la barre très haut, et une éventuelle contre-proposition du New York Stock Exchange ferait encore monter les enchères. Dès lors, il semble peu probable qu'Euronext puisse encore envisager de s'intéresser au London Stock Exchange. Et c'est donc bien la piste d'un rapprochement avec la Deutsche Börse qui semble aujourd'hui privilégiée pour mettre les places continentales à l'abri d'éventuelles convoitises américaines.

Mardi, le titre Euronext cède du terrain après avoir bondi de 12% lundi. A la clôture, il recule de 1,14%, à 60,95 euros.

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