DaimlerChrysler n'avait pas besoin de cela. Alors que le constructeur automobile germano-américain est confronté à un environnement difficile qui l'a contraint de lancer une alerte sur ses résultats le 15 septembre dernier, il est pris de plein fouet par les déboires d'EADS. Le groupe d'aéronautique et de défense européen, dont il est actionnaire à 22,3%, a en effet annoncé hier soir que les retards de plus d'un an dans les livraisons de l'A380 allaient lui coûter 4,8 milliards d'euros en termes de résultat opérationnel.

Du coup, DaimlerChrysler a déclaré dans la foulée qu'il allait revoir ses prévisions de résultat pour l'exercice 2006. Ne donnant pas encore de détail sur l'ampleur des dégâts, il indique qu'il fournira une révision lors de la publication des résultats pour le troisième trimestre 2006, le 25 octobre. "DaimlerChrysler va déterminer, dans le cadre de la préparation des rapports financiers du 3ème trimestre, dans quelle mesure les difficultés annoncées par EADS auront un impact sur le résultat opérationnel de DaimlerChrysler sur l'ensemble de l'année 2006", explique le constructeur dans un communiqué laconique.

Pour DaimlerChrysler, l'impact des retards de l'A380 annoncés par EADS intervient alors que le groupe a déjà revu à la baisse ses estimations de résultat opérationnel pour l'année 2006. Tandis qu'il prévoyait auparavant un résultat opérationnel de plus de 6 milliards d'euros, il a récemment annoncé qu'il se contenterait d'un résultat d'exploitation d'environ 5 milliards. Une prévision qui ne comprenait pas les déboires d'EADS. Cette alerte, due à un environnement de marché difficile aux Etats-Unis, suivait de près un premier profit warning.

S'il est encore difficile de chiffrer précisément les conséquences dans les comptes de DaimlerChrysler des difficultés rencontrées par EADS, en tant qu'actionnaire DaimlerChrysler n'a d'ores et déjà pas de quoi se réjouir. Le titre EADS a perdu plus de 10% ce matin, au lendemain de ses nouvelles annonces sur les retards de l'A380. Depuis le 1er janvier 2006, le titre EADS a vu sa valeur fondre de 34%, soit 5,7 milliards d'euros partis en fumée.

Pour mémoire, selon le rapport annuel 2005 de DaimlerChrysler, la valeur de marché de sa participation (à l'époque 33%) dans EADS était de 8,5 milliards d'euros au 31 décembre 2005.

En Bourse, DaimlerChrysler progresse toutefois de 1,17% à 39,65 euros en fin de journée. Sur un an le titre baisse de près de 13%. De son côté, Lagardère, dont la participation va passer à 7,5% d'EADS, perd 1,84% à 55,95 euros en fin de séance.