Lanxess souhaite racheter son compatriote Degussa

Selon une source proche du gouvernement régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, le chimiste allemand Lanxess est intéressé par un rachat du numéro un mondial de la chimie de spécialités, Degussa, filiale du conglomérat RAG.

Le groupe chimique allemand Lanxess, séparé de son ancienne maison mère Bayer depuis janvier 2005, envisage d'acquérir son compatriote Degussa, leader mondial de la chimie de spécialités et basé, comme lui, dans la région de Düsseldorf, a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement régional de Rhénanie du Nord-Westphalie. Le groupe a même demandé le feu vert du gouvernement régional pour approcher Degussa, basé comme lui dans la région de Düsseldorf (ouest du pays). Une information implicitement confirmée par Lanxess par l'envoi d'un communiqué au quotidien allemand Rheinischer Post, qui avait révélé l'information, où le groupe indique "se préparer à sonder le marché pour des possibilités de coopération". Tout en insistant sur le fait qu'"il est beaucoup trop tôt pour des décisions de fond".

Mais cette proposition pourrait-elle réellement séduire le conglomérat RAG, maison-mère de Degussa? "On peut en douter", a jugé la même source. En effet, Degussa est actuellement en voie d'être racheté à 100% par sa maison mère qui a lancé une offre publique d'achat sur les derniers titres en circulation. L'entreprise minière, basée à Essen, veut retirer sa filiale de la cote afin de préparer sa propre introduction en Bourse, prévue pour le début de l'année prochaine. Elle veut en effet achever sa mutation en se concentrant notamment sur la chimie, la production d'énergie et l'immobilier. Une opération dont la logique industrielle reste toutefois à démontrer: les analystes crédit s'inquiètent déjà du profil du nouveau groupe dont la dette atteindra plusieurs milliards d'euros.

Pour financer sa montée au capital, le groupe minier déjà lourdement endetté a choisi de céder une part des activités de Degussa. Plusieurs d'entre elles ont déjà été vendues telles que la division produits chimiques pour la construction, soit un sixième environ de l'activité du groupe, cédée à BASF pour 2,8 milliards d'euros, et sa branche traitements des eaux pesant 204 millions d'euros. Une stratégie qui a fortement déplu à l'ancien président du directoire du groupe chimique, lui-même issu de la fusion de Hüls et Degussa, Utz-Hellmuth Felcht, qui accusait RAG de vouloir démanteler son groupe. Ce conflit l'avait contraint à quitter son poste et à être remplacé fin mai par Klaus Engel, patron à l'époque du distributeur de produits chimiques Brenntag.

Affecté par de lourdes dépréciations d'actifs dans la chimie fine, Degussa a plongé dans le rouge l'an dernier, enregistrant une perte nette de 491 millions d'euros. Le groupe a en effet dû passer à l'automne dernier une charge de 836 millions d'euros pour des dépréciations d'actifs dans ses opérations de chimie fine, utilisée dans les industries agroalimentaire et pharmaceutique. En 2001, Degussa aurait payé trop cher, pour près de 1,8 milliard d'euros, le rachat du britannique Laporte. Le groupe de Düsseldorf a aussi fait les frais d'une conjoncture très difficile pour l'ensemble du secteur de la chimie fine, victime de surcapacités et de la pression sur les prix exercée par les sous-traitants asiatiques. Le profit d'exploitation est resté quant à lui quasiment inchangé l'an dernier, affichant un léger gain de 1%, à 940 millions, pour un chiffre d'affaires en hausse de 9%, à 11,8 milliards d'euros.

De son côté, Lanxess, même s'il a amélioré sa rentabilité à force de restructurations, est encore fragile. Le chimiste a vu son excédent brut d'exploitation s'améliorer de 30% l'an dernier à 581 millions d'euros et dans le même temps son chiffre d'affaires a progressé de 6% à 7,2 milliards d'euros. Mais la firme affiche encore des pertes importantes de 63 millions d'euros en raison de lourdes charges de restructuration. Lanxess a en effet supprimé près de 1.400 postes l'an dernier, soit 7% de son effectif. Malgré tous ses efforts, le chimiste allemand est encore moins rentable que ses concurrents européens. En conséquence, la firme allemande a lancé une nouvelle restructuration, devant permettre d'économiser 50 millions d'euros d'ici à 2009 dans les divisions en difficultés que sont les caoutchoucs, les pigments et les résines styréniques.

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