S'il est une société susceptible d'illustrer l'incroyable capacité d'adaptation du capitalisme français, il s'agit bien de Suez. On le sait, le groupe dirigé par Gérard Mestrallet, menacé d'une OPA italienne, va se marier avec GDF avec la bénédiction du gouvernement de Dominique de Villepin.
C'est la dernière mutation d'une entreprise plus que centenaire, fondée à l'origine pour assurer le financement et la construction du fameux canal. Et il y a tout juste dix ans, le nom de Suez était encore synonyme de services financiers. Au milieu des années 90, le holding était présent dans la banque avec Indosuez et dans le crédit aux particuliers via Sofinco. Michel Pébereau, patron de la BNP, avait même eu l'idée de rapprocher Suez de sa banque pour les marier avec l'UAP afin de constituer une "Très grande financière". Un projet qui a fait long feu.
Le jeu des participations croisées, grande spécialité française à l'époque, a en effet torpillé ce projet et laissé Suez sans véritable projet. Dirigée par Gérard Worms, la société était en effet écartelée entre ses participations financières et ses intérêts dans la Société générale de Belgique (SGB) qu'elle avait sauvée d'une OPA lancée par Carlo de Benedetti en 1988. Ce grand écart stratégique ne pouvant plus durer, c'est Gérard Mestrallet, alors patron de la SGB, qui a été appelé à la rescousse pour donner une peu de cohérence à l'ensemble.
Quelques années plus tard, Suez avait cédé ses activités financières au Crédit agricole et fusionné avec la Lyonnaise des eaux pour donner naissance à un grand groupe de services. Et ce n'est finalement que l'an dernier que le groupe a achevé sa mutation en prenant le contrôle à 100% d'Electrabel, le producteur belge d'électricité qu'il avait trouvé dans la corbeille de mariage, dix ans plus tôt, avec la SGB.
Jadis holding de participations financières, Suez est désormais présenté comme un grand groupe énergétique grâce à sa fusion avec Gaz de France. Un mariage entre égaux si l'on en croit les parités de fusion. Mieux encore, c'est Gérard Mestrallet, le patron assiégé, qui va prendre la tête du nouvel ensemble. Avec l'Etat comme principal actionnaire de surcroît. En attendant, sans doute, la prochaine évolution de ce groupe à l'évidence très doué pour les mutations radicales.
Suez, de la finance au gaz
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