Libération sur le point de se remettre en grève

Les salariés ont voté la grève pour jeudi, ce qui devrait entraîner la non parution du quotidien vendredi. Ils protestent contre le projet d'externalisation du groupe.

La crise est loin d'être terminée à Libération. Les salariés du quotidien en difficulté ont voté la grève pour jeudi, ce qui entraînerait la non-parution du journal le lendemain. Ils s'insurgent contre le projet d'externalisation de certaines fonctions du quotidien, annoncé il y a quelques semaines par la direction. Les salariés envisagent de revenir sur leur décision "si d'ici jeudi midi, la direction annonce l'annulation du chapitre externalisations de son plan social", a déclaré à l'AFP François Wenz-Dumas, délégué syndical SNJ. Une nouvelle assemblée générale aura lieu jeudi.

Pour justifier leur mouvement, les salariés s'appuient sur le rapport d'expert commandé par le comité d'entreprises au cabinet Syndex, qui a remis ses conclusions lundi. Dans son projet de restructuration du journal, le groupe, qui veut supprimer 52 emplois en tout, prévoit notamment 14 externalisations. Ces dernières devraient toucher les services abonnement, force de vente et la division technique du service Internet. Dans son rapport, Syndex souligne les dangers pour le titre de se séparer du service après vente des abonnements, alors que Libération veut augmenter cette base de clientèle. Même constat quant à une externalisation éventuelle de la force de vente, qui constituerait un "inédit" dans la presse quotidienne nationale. Enfin, un service technique Internet à l'extérieur priverait le site de réactivité. Bref, pour les auteurs du rapport, ces mesures n'ont qu'un but financier à court terme et ne résolvent pas les problèmes de fond du titre.

La direction a quand même fait un pas dans le sens de ces revendications hier. Lors de la deuxième réunion du CE qui s'est tenue mardi, le nombre de postes supprimés est passé de 52 à 47, le nombre d'externalisations de 14 à 9 (dont 2 reclassements internes). Une révision que les salariés ont estimé insuffisante.

Du côté de la direction, le patron du titre Louis Dreyfus a estimé auprès de l'AFP que globalement les contre-propositions faites par les syndicats pour réaliser des économies et éviter les externalisations "n'étaient pas à la hauteur des enjeux et que la plupart des mesures étaient déjà mises en place". Ces contre-propositions résidaient essentiellement dans la réduction des frais généraux, la baisse des 10 plus hauts salaires et la réduction de la pagination et ce afin d'aboutir à des départs volontaires uniquement. Louis Dreyfus estime que ces mesures ne relèvent que de "la gestion courante".

En 2005, Libération, qui a vu entrer à son capital le banquier Edouard de Rothschild, devrait enregistrer une perte de 13 millions d'euros, dont 4 millions d'euros de restructuration. Les ventes devraient avoir reculé de 2 millions d'euros, pour une diminution de 3,5 millions d'euros des recettes brutes publicitaires.

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