Les incertitudes sur Eurotunnel se poursuivent. Ce matin, le groupe n'a pas pu publier ses comptes comme prévu en raison d'une procédure d'alerte lancée par ses commissaires aux comptes. Dans la foulée, la société franco-britannique a demandé l'extension du "waiver" (accord dérogatoire pour renégocier la dette), jusqu'au 12 juillet pour poursuivre la renégociation avec ses créanciers de sa dette de 9 milliards d'euros. "Eurotunnel a réalisé en 2005 une réorganisation profonde permettant d'améliorer substantiellement son exploitation. Mais au-delà, la pérennité de l'entreprise ne peut être assurée en 2007 que par une restructuration globale. Le nouveau 'waiver' doit permettre d'aller dans ce sens. Je sais que toutes les parties concernées par cette négociation en sont conscientes", a commenté Jacques Gounon, PDG d'Eurotunnel, qui se veut rassurant: "il n'y a aucun risque" que le groupe se retrouve en cessation de paiement. Surtout, le PDG, en se basant sur une expertise du cabinet indépendant Deloitte et Touch réalisée en novembre 2004, rappelle que le groupe peut supporter un endettement supérieur à 3,3 milliards d'euros, voire même plus car "les efforts menés par l'entreprise et les salariés ont clairement changé la donne des équilibres financiers".

En attendant les comptes audités, Eurotunnel a donné ce matin quelques indications financières sur son année 2005. Le chiffre d'affaires aurait progressé de 1% à 793 millions d'euros (chiffres non audités), avec une progression - la première depuis 2002- de l'activité Navettes en hausse de 4% à 433 millions d'euros. Eurotunnel aurait aussi largement amélioré sa rentabilité, affichant sur l'année une marge d'exploitation en croissance de 4% à 438 millions d'euros. Et, si elle avait été publiée, la perte en 2005 aurait été ramenée à un peu plus de 300 millions d'euros contre une perte de 836 millions d'euros en 2004.

Cela dit, "l'amélioration sensible des résultats opérationnels attendue sera toutefois insuffisante pour faire face aux remboursements programmés de la dette en 2007", a avoué Eurotunnel, qui insiste sur ce que "l'année 2005 doit être considérée comme une année de transition. La réorganisation opérationnelle qui a été effectuée au deuxième semestre de l'année ne produira ses pleins effets qu'en 2006".

Les investisseurs ont vivement réagi à ces annonces. Après un report de la cotation en début de séance, l'action Eurotunnel a chuté de 10,53% à 0,34 euro à l'ouverture. En fin de séance, elle perdait encore 2,63% à 0,37 euro.