Des chiffres à faire perdre la tête. La première banque mondiale Citigroup a dégagé sur l'ensemble de l'exercice 2005 un bénéfice net de 24,58 milliards de dollars (20,48 milliards d'euros). Cette performance dépasse de 44% celle de l'an dernier. Rien qu'au dernier trimestre, le bénéfice a atteint 6,9 milliards de dollars, soit 5,75 milliards d'euros. A titre de comparaison, ce montant est environ ce que devrait engranger la première banque française BNP Paribas sur l'ensemble de l'exercice 2005.

Cependant, à mettre à l'actif de ce gigantesque bénéfice annuel, Citigroup a enregistré un gain exceptionnel de 2,12 milliards de dollars en juillet dernier pour la vente d'activités d'assurance-vie. En effet, au début de l'année 2005, la banque américaine avait cédé Travelers Life & Annuity pour 11,5 milliards de dollars à MetLife (voir ci-contre).

Ce gain exceptionnel a d'ailleurs pesé sur le cours de Citigroup qui chute de 3,23% à 46,39 dollars en milieu de matinée à Wall Street. Au quatrième trimestre, les analystes attendaient un bénéfice par action d'un dollar. Celui de Citigroup s'est élevé à 1,37 dollar ou 98 cents sans prendre en compte le gain exceptionnel.

Pourtant, si le bénéfice global du groupe reste colossal, une ombre au tableau subsiste. La banque de détail (Global Consumer) représente toujours une part très importante du bénéfice du groupe. Ces activités ont dégagé un bénéfice de 10,9 milliards de dollars en 2005 (+9%), soit plus de la moitié du résultat opérationnel du groupe qui s'est élevé à 19,8 milliards de dollars sur l'année. Mais la tendance de l'essoufflement du pôle banque de détail se confirme. Déjà au deuxième et troisième trimestres, la croissance des revenus avaient été freinée (voir ci-contre).

Et au quatrième trimestre, le bénéfice en banque de détail a reculé de 23% à 2,43 milliards de dollars. Même constat pour les revenus qui ont reculé de 3% à 11,8 milliards de dollars. Notons que les profits enregistrés par les cartes de crédits et par les activités de crédits aux particuliers ont chuté respectivement de 60% et 22% au quatrième trimestre. Citigroup souligne la "forte pression sur les marges" pour les crédits.

En dehors de la banque de détail, les activités de Citigroup enregistrent des résultats satisfaisants, notamment en ce qui concerne la banque de financement et d'investissement. Dans le sillage des grandes banques d'affaires new-yorkaises, la division "corporate and investment banking" a profité de la fort progression des marchés actions en 2005 ainsi que des nombreuses fusions et acquisitions. Le bénéfice de cette branche a été multiplié par 3,3, passant de 2,04 milliards de dollars en 2004 à 6,89 milliards de dollars en 2005.

Enfin, les activités de banque privée et de gestion d'actifs progressent légèrement de 3% à 1,24 milliard de dollars. La division gestion alternative (hedges funds) a vu son bénéfice s'envoler de 87% à 1,43 milliard de dollars. Première banque mondiale, Citigroup pèse aujourd'hui 300 milliards de dollars à Wall Street.


L'ancien numéro deux de Citigroup rejoint AIG
L'année 2005 a été notamment marquée par le départ du numéro deux de Citigroup, Robert Willumstad, qui vient d'être nommé au conseil d'administration d'AIG. Le premier assureur mondial est en pleine réorganisation de son management depuis le départ de son mythique patron Maurice "Hank" Greenberg au printemps dernier. Robert Willumstad serait pressenti pour prendre la place de "chairman" - président - d'AIG au côté de Martin Sullivan (voir ci-contre).